L'extension du travail du dimanche, le droit de négocier des conventions collectives, la discrimination des frontaliers... Court-circuités par le gouvernement Frieden depuis des mois, les syndicats iront jusqu'à "la grève générale s'il le faut", assure Nora Back, présidente de l'OGBL.
Contrairement à ses voisins, la France, la Belgique ou l'Allemagne, le Luxembourg connaît très peu de grèves, mais ça pourrait changer en 2025. L'année démarre dans un climat social qui tendu depuis des mois entre le gouvernement CSV-DP de Luc Frieden - et particulièrement son ministre du Travail, Georges Mischo - et les deux plus grands syndicats du pays, OGBL et LCGB. Interviewée ce mercredi matin au micro de RTL Infos, Nora Back, présidente de l'OGBL, explique ce qui est "vraiment gênant" à ses yeux.
Le succès du modèle luxembourgeois repose sur le dialogue social, mais "aujourd'hui on est face à un gouvernement qui ne fait que nous insulter, ne pas nous respecter, ne pas nous écouter, ne pas nous consulter, donc on est poussé à aller vers le conflit social", estime la présidente du premier syndicat du pays. Faisant front commun depuis des mois, l'OGBL et le LCGB n'excluent pas "une grève générale s'il le faut". Et "c'est du sérieux", appuie-t-elle, évidemment en direction du gouvernement.
Les sujets de confrontation s'accumulent. Il y a eu l'annonce subite du ministre du Travail, à la mi-octobre, de travailler jusqu’à 8 heures le dimanche dans les commerces et l'artisanat., et non plus 4 heures. Alors que salariés et patrons étaient plutôt contre. Dans un pays où les heures d'ouverture du commerce "sont déjà très libérales", la présidente de l'OGBL lit dans ce nouveau verrou qui saute, "la plus grande libéralisation de toute la Grande Région".
Ce qui fâche beaucoup les syndicats, et Nora Back, c'est de voir que le ministre du Travail cherche à court-circuiter le syndicats avec son avant-projet de loi du plan d'action national sur les conventions collectives de travail. Georges Mischo "a eu l'idée de vouloir ouvrir le droit de négociation à des salariés individuels non syndiqués" dans les entreprises. Non seulement ces négociateurs ne pèseraient pas lourds face aux patrons, mais "c'est vraiment un danger pour toute la construction des conventions collective du Luxembourg" et une façon d'écarter les syndicats pour le plus grand bonheur des patrons, résume Nora Back.
Quant à la situation particulière des 220.000 frontaliers qui viennent travailler tous les jours au Luxembourg "ils continuent d'être discriminés" sur toute une série de dossiers comme le télétravail, la fiscalité, les allocations familiales, les bourses d'études, etc. Il y a une vraie fatigue face à tous ces coups durs chez les frontaliers, doublée de conditions de circulations très pénibles et Nora Back se demande "où est encore l'intérêt de faire toutes ces heures de route pour venir travailler au Luxembourg?"
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