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Stupeur ce mardi: une réunion entre le ministère du Travail et les syndicats a tourné court lorsque ces derniers ont quitté la salle pour marquer leur désaccord sur une réforme des conventions collectives.
Le ministre du Travail recevait mardi les partenaires sociaux pour une réunion du Comité permanent du travail et de l'emploi. L'entretien a été marqué par le départ anticipé des représentants syndicaux pour exprimer leur désaccord.
Cette réunion portait sur le plan d'action national visant à transposer un article d'une directive européenne, qui a pour objectif principal de garantir des salaires minimaux adéquats au sein de l'UE.
L’avant-projet du plan d’action que propose le ministre, prévoit que des conventions collectives soient négociées au sein des entreprises sans présence syndicale.
Négocier sans syndicat : le débat est ouvert
C'est le point central des discussions sur cette nouvelle loi : un syndicat doit-il oui ou non s'asseoir à la table lors des négociations portant sur les conventions collectives pour les salariés ?
Lors de la réunion, le ministre du Travail aurait expliqué qu'il écouterait les différentes positions, mais que cela n'aurait aucune répercussion sur sa décision. Dans une réaction commune, les syndicats OGBL, LCGB et CGFP indiquent que cette façon de procéder est inacceptable. Ce faisant, George Mischo détruirait le modèle de dialogue social luxembourgeois, qui garantissait jusqu'à présent la paix sociale dans le pays.
Le ministre du Travail argumente qu'aujourd'hui, 56% des délégués du personnel dans les entreprises sont neutres, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas affiliés à un syndicat. Selon lui, il faut tenir compte de cette réalité. C'est aussi l'avis des représentants patronaux.
À l'opposé, les syndicats affirment que les délégués et les salariés sans soutien syndical sont désavantagés dans de telles négociations, car ils sont économiquement dépendants de l'employeur. Aucune négociation équitable ne serait possible de cette manière, tout au contraire, les droits des salariés seraient piétinés.
Le président du LCGB, Patrick Dury, est hors de lui
"Ce que le ministre du Travail a fait ce matin est la pire attaque contre le modèle social luxembourgeois que nous ayons connue au cours des 30 dernières années."
Le droit de négociation et de signature qui appartient aux syndicats nationaux représentatifs est à présent remis en question par le ministre du Travail CSV, afin de faire pencher le rapport de force en faveur du patronat.
"Cela ne remet pas seulement en question la politique de convention collective, cela remet en cause tout le modèle social luxembourgeois en disant: vous n'avez plus rien à faire sur le terrain, et si nous avons une réunion tripartite, alors nous retirerons les syndicats... ce n'est pas possible avec nous."
Georges Mischo renvoie la balle aux syndicats
Les syndicats lui ont mis le couteau sous la gorge, mais il est aussi le ministre du Travail de ceux qui ne sont pas représentés par l'OGBL ou le LCGB:
"Ils sont partis parce qu'ils n'étaient pas satisfaits que je n'aie pas fait de déclaration sur le monopole de la base de négociation dans les entreprises. Il existe aussi des entreprises où personne n'est représenté par l'OGBL ou le LCGB. Il y a des entreprises, où il y a des délégués strictement neutres, ce qui fait qu'ils ne pourraient pas conclure une convention collective. Je ne peux pas imaginer ça."
La présidente de l’OGBL, Nora Back, recadre le ministre sur ce point:
"Il n'a pas pu se prononcer sur le fait qu'il respecte la législation luxembourgeoise. Et cette dernière dit aujourd'hui qu'une convention collective est négociée entre employeurs et syndicats. Pour nous, ce sont les prémisses pour discuter sur la manière de parvenir à davantage de conventions collectives. Nous tenons à ce modèle, qui est effectivement un modèle qui a fait ses preuves au cours des dernières décennies, et qui a aussi un peu garanti la paix sociale au Luxembourg."