Selon une enquête réalisée par le LISER en 2018 auprès de patrons d'entreprises et d'employés, les deux parties n'ont pas mentionné la nécessité de modifier les lois ou d'allonger les heures de travail.

Le nouveau projet de loi du gouvernement, qui autorise l'ouverture des magasins de 5h00 à 22h00 en semaine, et même de 5h00 à 19h00 le dimanche et les jours fériés, fait actuellement l'objet de nombreuses discussions.

En octobre, un premier amendement prévoyait de faire passer les heures de travail du dimanche de quatre à huit heures, avec l'argument que cela conviendrait aux habitudes des gens. Cela donnerait probablement aussi plus de flexibilité aux employés, et permettrait de contrer la concurrence des ventes en ligne.

Désaccord des syndicats

Les syndicats sont cependant en désaccord avec le projet de loi, un avis qu'ils fondent sur une étude menée par le LISER, l'Institut luxembourgeois de recherche socio-économique, passée inaperçue jusqu'à présent. Le ministre de l'économie avait ordonné la réalisation de cette étude.

Pour obtenir une enquête complète, il a été demandé aux employés et aux patrons de commerces de donner leur avis sur les heures d'ouverture au-delà de 18 heures et sur les ouvertures dominicales.

681 entreprises y avaient alors participé, ce qui équivaut à 3.751 employés dans des secteurs tels que les commerces de détail, les boulangeries, les coiffeurs, les salons de beauté, les cordonniers et les services de réparation. Le taux de participation était de 30% pour les entreprises et de 16% pour les employés.

Quels ont été les résultats en 2018 ? 

Les résultats ont été similaires à ce que disent également les syndicats de nos jours: les salariés ne sont ni extrêmement satisfaits du travail le dimanche, ni du travail au-delà de 18 heures. Seul environ 1,5% des employés travaillant le dimanche sont d'accord avec une déréglementation complète des heures d'ouverture pour éventuellement être ouverts 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

87% déclarent que la loi devrait limiter les ouvertures le dimanche et 90% affirment même que les heures d'ouverture en soirée devraient également être soumises à une limite. Ces résultats vont à l'encontre des délibérations actuelles sur l'assouplissement des heures d'ouverture, censé être pratique pour les travailleurs.

Qui travaille le dimanche et pourquoi ?

La plupart du temps, ce sont les femmes âgées de 30 à 50 ans et les frontaliers ayant un salaire moyen qui travaillent le dimanche. Même la majoration de salaire n'est plus un attrait majeur pour travailler le dimanche. Environ 58% des personnes interrogées considèrent que la majoration de salaire est une raison de travailler le week-end.

D'autre part, 45% des salariés craignent de perdre leur emploi s'ils ne sont pas disponibles pour travailler le dimanche. Ils craignent également que leurs collègues les voient d'un mauvais œil.

Plus de stress le soir et le dimanche

L'enquête établit un lien entre le stress, le mal-être et les horaires du dimanche ou du soir. Les employés qui travaillent le dimanche sont 12% plus enclins à éprouver du stress au travail et sont globalement plus malheureux. 

Le point de vue des employeurs

Les déclarations sont diverses: de nombreux magasins n'ouvrent pas le dimanche en raison des revenus supplémentaires qu'ils en tirent, mais plutôt parce qu'ils veulent rester compétitifs face à la concurrence en ligne.

Même si cela a un impact positif sur les revenus, ce que 51% des propriétaires d'entreprise confirment, la plupart des magasins ne réalisent qu'environ 10% de leur chiffre d'affaires le dimanche. En outre, les employeurs ont conclu en 2018 qu'ils avaient du mal à trouver et à garder du personnel pour les horaires du dimanche.

Il en va de même pour les heures d'ouverture au-delà de 18 heures. La plupart des magasins étaient satisfaits des lois en vigueur en 2018. En cas de changement, 38% d'entre eux adapteraient leurs heures d'ouverture à celles des commerces concurrents.

Conclusion  

En fin de compte, l'enquête a révélé qu'en 2018, ni les employés ni les propriétaires d'entreprises ne ressentaient un grand besoin de modifier la réglementation sur les heures d'ouverture. Néanmoins, l'étude date d'il y a six ans et le taux de participation est relativement faible. Il convient de s'interroger sur la représentativité de l'enquête.

Bien que l'enquête ait été réalisée il y a six ans, il s'agit de l'étude la plus récente sur ce sujet, même si le projet de loi est en bonne voie. Ce qui manque dans les résultats de 2018, ce sont les données concernant les heures d'ouverture plus précoces et le point de vue du consommateur.