Après avoir annoncé que le gouvernement luxembourgeois ne verserait "plus un seul euro" à Caritas, Luc Frieden a nuancé son propos mercredi à l'hôtel Saint-Augustin. "Une nouvelle Caritas" devrait voir le jour dans les semaines à venir.

"L'Etat luxembourgeois ne versera plus un seul euro à Caritas", l'intervention au mois de juillet du Premier ministre luxembourgeois avait laissé beaucoup de questions en suspens. En effet, comme il l'avait souligné les semaines suivant cette conférence de presse, de nombreuses personnes dans le besoin dépendaient des activités de l'ONG empêtrée dans une affaire de détournement de fonds.

"Je pense que ma colère est transparue dans mes propos mais je veux clarifier l'intention du gouvernement", a-t-il déclaré mercredi à l'hôtel Saint-Augustin. "Nous ferons tout notre possible pour que les activités de la Caritas continuent parce que ça concerne les gens les plus exposés de notre société", a-t-il annoncé. Il a insisté sur le fait que ce seront principalement les activités au Luxembourg qui seront maintenues.

Les crèches, les maisons-relais, les structures pour les sans-abris et les réfugiés resteront ouvertes. Cela sous la tutelle d'une "nouvelle structure, une nouvelle Caritas", a souligné le Premier ministre. "Nous n'avons plus confiance en la direction de Caritas", a-t-il répété. L'occasion pour Luc Frieden de confirmer que cette direction a été remplacée par un comité de crise.

Toutes les anciennes conventions liant l'Etat luxembourgeois à l'ONG, en dehors de celle concernant Caritas jeunes et famille, ont d'ailleurs été révoquées. De nouveaux accords seront trouvés dans les prochaines semaines avec "la nouvelle Caritas" qui jouira d'une nouvelle gouvernance et qui se verra imposer des contrôles gouvernementaux. Il estime sa mise en service au mois d'octobre.

En ce qui concerne les 60 millions d'euros détournés, Luc Frieden a tenu à rassurer les contribuables. "L'Etat luxembourgeois n'a pas perdu d'argent dans l'affaire Caritas", a-t-il affirmé. D'après le Premier ministre, 30 millions provenaient des réserves établies par l'ONG et 30 millions des lignes de crédit établies avec plusieurs banques.

"Caritas a néanmoins utilisé les paiements à venir du gouvernement pour obtenir ces derniers 30 millions d'euros", a-t-il précisé. Interrogé au sujet de ces importantes sommes qui n'ont toujours pas été retrouvées, il s'est dit "en colère" et tout aussi "ébahi" que les citoyens que cela puisse se produire à un tel niveau. "Nous ferons tout notre possible pour retrouver cet argent" a-t-il martelé.

Il a profité de l'occasion pour lancer un appel aux autres ONG. "Vérifiez vos systèmes, n'attendez pas le dernier moment pour signaler une anomalie", a-t-il commenté. Il s'est également adressé à la CSSF et l'a encouragé à chercher, s'il y en a, des lacunes dans le système actuel qui permet aux ONG d'être payées.

"Un débat ouvert" sur les retraites à l'automne

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Le Premier ministre a également annoncé la tenue d'un "débat ouvert" à l'automne sur la question des retraites. Une consultation publique est prévue et devrait durer jusqu'à la fin de l'année. Les entreprises, les syndicats, plusieurs associations et le think tank Idea seront impliqués dans les discussions afin de trouver des pistes pour rééquilibrer le système des pensions.

Luc Frieden a également évoqué une plateforme sur laquelle les citoyens pourront "proposer leurs idées". Des tables rondes incluant la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, seront également organisées afin de permettre d'échanger à ce sujet. Un bilan sera ensuite dressé au début de l'année 2025 pour "savoir dans quelle direction il faut aller" a déclaré le Premier ministre.

"Ce n'est pas une question qu'il faut résoudre vite", a-t-il tempéré. "Elle concerne évidemment plus les jeunes que les personnes qui sont déjà à la retraite ou qui s'apprêtent à partir en pension. Dans ce contexte, je salue l'avis du conseil économique et social qui nous donne déjà des pistes", a-t-il déclaré. Une lecture qu'il a faite pendant ses vacances et qui est recommandée à tous les contribuables du pays.