LuxembourgVers une coalition inédite aux prochaines élections?

Thomas Toussaint
Après dix années accordées au combo DP-LSAP-déi gréng, les électeurs luxembourgeois envisagent un changement de coalition pour former un gouvernement lors des prochaines législatives, en octobre.
© RTL

À trois mois des élections législatives, mais bien avant que les différents partis aient révélé leur programme, les citoyens semblent vouloir esquisser un changement pour le prochain gouvernement.

Un sondage Politmonitor réalisé par Ilres pour RTL et le Luxemburger Wort révèle que les électeurs verraient bien une nouvelle coalition pour diriger le pays. Une envie de changement qui se profile alors que l’équipe gouvernementale DP-LSAP-déi gréng cumule désormais dix années à la tête de l’exécutif. Mais le vent semble tourner au désavantage des derniers... Et au profit du CSV.

Les Verts écartés du prochain gouvernement?

À la question “quels partis devraient être présents au sein du prochain gouvernement?”, le souhait des électeurs semble indiquer l’émergence d’un potentiel nouveau trio LSAP-CSV-DP. Les deux premiers ont été cités dans 48% des cas, le DP est à 46%. Tous sont en hausse et se démarquent dans les intentions des électeurs. Tandis que les Verts ont nettement régressé entre avril et juillet (de 29 à 22%).

En recul en octobre 2018, et bientôt privés du vice-Premier ministre François Bausch, qui refusera de s’impliquer dans un gouvernement après les élections, les Verts vivent une drôle de situation. Ils récoltent 90% de satisfaction pour leur action au sein du gouvernement... Mais seulement deux électeurs sur dix souhaitent les voir au pouvoir entre 2023 et 2028. Signe que la coalition est “en fin de vie” comme le clamait Luc Frieden en avril?

La coalition actuelle reste en bonne position

Quand bien même les électeurs préféreraient une coalition à deux partis, le défi semble hors de portée puisque cette configuration n’assurerait aucune majorité à la Chambre des députés. Plus envisageable mais inédite à bien des égards, une coalition rouge-orange-bleu, à trois partis, fonctionnerait-elle aussi bien que l’équipe actuelle? C’est là tout le paradoxe et le dilemme de la situation.

Malgré une envie de changement, les électeurs sont 68% à avoir un avis positif du gouvernement sortant, pour 29% d’avis négatifs. Chacun de ses trois partis récolte un avis largement favorable (81% de satisfaction pour le LSAP, 90% pour les Verts et 95% pour le DP) tandis que le CSV, premier parti du pays, semble véritablement englué: après dix ans dans l’opposition, les chrétiens-sociaux n’obtiennent que 53% d’avis positifs.

Pour déi gréng, c’est le moment de ne “pas se décourager” comme l’a rappelé Sam Tanson lors du congrès du parti. Le sondage du printemps 2023 laissait d’ailleurs la porte ouverte à un maintien de la coalition, toujours majoritaire à la Chambre. Le Premier ministre Xavier Bettel avait d’ailleurs répété il y a peu que “l’alchimie” avec le LSAP et les Verts fonctionnait bien. Même s’il ne ferme pas non plus la porte à une entente avec le CSV.

Plus globalement, les électeurs pensent que le gouvernement en place a fait du bon travail concernant l’accès à la santé, la mobilité, la protection du pouvoir d’achat et la sécurité. En revanche, ils sont moins satisfaits de son action contre le changement climatique, dans l’éducation, la lutte contre la pauvreté ou l’équité fiscale. Sans parler de la crise du logement, première inquiétude des Luxembourgeois et contre laquelle aucune solution n’a pleinement convaincu jusqu’ici. Un portefeuille difficile et justement occupé par Henri Kox, ministre déi gréng.

L’opposition condamnée à ramasser les miettes?

Les autres partis d’opposition sont loin derrière le quatuor de tête, signe que 2023 pourrait se jouer entre les “gros” partis, quand les autres devront se battre pour obtenir un groupe parlementaire. À ce jeu, les Pirates sont les mieux placés: 16% des électeurs souhaitent les voir entrer dans une coalition de gouvernement. De bon augure pour Sven Clement, qui ambitionne de placer au moins cinq députés à la Chambre en octobre.

L’ADR est stable (9%) mais vient de perdre un de ses poids lourds. Déi Lénk est au même niveau, tandis que Fokus, le parti créé par Marc Ruppert, semble encore trop jeune ambitionner une bonne place (4% des électeurs souhaitent les voir au gouvernement).

Xavier Bettel, Premier ministre cinq ans de plus?

Au rang des satisfactions pour le gouvernement, la stature de Xavier Bettel semble toujours aussi solide: 32% des électeurs souhaitent le voir prolonger son mandat de Premier ministre.

Bien identifié à son poste, qu’il occupe depuis 2013, le Libéral peut s’appuyer sur une présence supérieure à ses concurrents. Bien plus que Luc Frieden (CSV, 23%) ou la très populaire ministre de la Santé Paulette Lenert (LSAP, 22%). Derrière, Sam Tanson compte seulement 4% de soutien des électeurs.

“J’ai la motivation et l’énergie pour continuer à travailler et moderniser le pays”, a déclaré il y a quelques jours Xavier Bettel à l’agence de presse allemande DPA. Il devrait justement être nommé tête de liste pour les législatives ce week-end. “J’ai fait le travail, j’ai fait ce que j’ai trouvé juste. C’est maintenant aux citoyens de dire si c’était bien.” Ce qu’ils feront, dans trois mois.

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Méthodologie: Ilres a interrogé 1.073 Luxembourgeois et Luxembourgeoises de plus de 18 ans. Les entretiens ont été réalisés par téléphone et en ligne entre le 13 et le 22 juin.

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