
Le “conflit supplémentaire” entre Israël et l’Iran est “un poison pour une région déjà agitée”. Israël a déjà attaqué le programme nucléaire iranien par le passé, “mais cette fois, et c’est clair, Benyamin Netanyahou veut plus”. “Il veut un changement de régime en Iran”. Mais comme “nous le savons par expérience, si un changement de régime est imposé par l’étranger, on ne sait pas ce qui arrivera”. L’Irak et la Lybie en sont des exemples.
Netanyahou fonctionne selon le principe “J’attaque, donc je suis”. Gaza, la Syrie, le Liban: “lorsque le Premier ministre israélien commence une guerre, il ne peut plus l’arrêter. La guerre à Gaza aurait dû être arrêtée depuis longtemps. Il n’y a plus là de danger pour Israël.”
“Et c’est pourquoi, comme je l’ai dit, je suis extrêmement sceptique quant au fait que cela ne deviendra pas un autre défi majeur pour le Proche-Orient et pour le monde”, selon Jean Asselborn. De plus, on ne peut pas présumer comment vont se comporter les Américains sous Trump. En tout cas, il est évident que l’Iran ne doit pas obtenir la bombe nucléaire. “Il ne peut y avoir la paix que par des négociations”.
Quant à la guerre dans la bande de Gaza, elle donne “une très mauvaise image d’Israël”. c’est “épouvantable d’abattre des enfants parce qu’ils veulent avoir quelque-chose à manger”. “Il arrivera un moment où ce qui se passe à Gaza sera considéré comme un crime de guerre”, dit Jean Asselborn. Il plaide depuis des années pour la reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat. “Et tant que les Palestiniens n’auront pas leur État, il n’y aura pas de paix, ni pour Israël ni pour toute la région.”
En mai 2024, lorsque l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont pris la voie de la reconnaissance de la Palestine, le Luxembourg aurait dû les suivre. “Vous savez, en politique étrangère, il faut que ce soit poisson ou viande, un côté ou l’autre côté, mais ce ne peut pas être de la gelée.”
Il est important d’avoir une position claire et de ne pas à nouveau circuler entre les fronts. “Les conditions posées aux Palestiniens” par le Luxembourg pour la reconnaissance de leur Etat (déradicalisation et désarmement du Hamas, implication des Etats arabes dans la reconstruction de la bande de Gaza) “sont pratiquement impossibles à remplir”. “Pendant 20 ans, Netanyahou n’a rien fait d’autre que de poursuivre sa politique de colonies et d’empêcher ainsi la réalisation d’une solution à deux États”.
“Je ne pense donc pas qu’il soit très malin de s’y fier pour fixer des conditions uniquement aux Palestiniens. Le monde est tel qu’il est.”
Pour éviter de revivre un autre 7 octobre 2023, il faudrait aller plus loin et donner aux Palestiniens leur propre État.
Jean Asselborn réfute les critiques formulées la semaine dernière à la Chambre des députés par Laurent Mosar (CSV) et Gusty Graas (DP) selon lesquelles la Palestine aurait pu être reconnue comme État sous son mandat de ministre des Affaires étrangères. “C’est une plaisanterie que des gens de deuxième ou de troisième ordre de ces partis, affirment cela” et lui en attribuent la faute. C’est de “la petite boue luxembourgeoise”. Dans aucun des gouvernements précédents, il n’y a eu une majorité pour une reconnaissance de la Palestine, d’après Jean Asselborn.
Le slogan “No Kings” des récentes manifestations aux Etats-Unis est bien adapté, selon l’ancien ministre socialiste. C’est “une grande révolte contre l’effondrement de l’État de droit”. “L’Amérique est la plus vieille démocratie du monde et elle vacille”. C’est pourquoi il est important que la population s’oppose à cela et il espère que cela apportera quelque chose, a ajouté l’ex-ministre des Affaires étrangères.