
La taxe de mobilisation pour les terrains non construits et les logements vacants, devrait être examinée par le conseil de gouvernement avant l’été, a annoncé jeudi sur RTL le ministre du Logement, Claude Meisch. Alors que le secteur de l’immobilier neuf ne s’est pas encore totalement remis de la crise (*), il a une fois de plus appelé les promoteurs et les banques à redoubler d’efforts. Les communes doivent également remplir leur rôle.
(*) Les chiffres fournis par l’Administration de l’Enregistrement en mai à la demande de RTL, montrent une augmentation du nombre d’actes notariés pour des logements sur plan au cours des quatre premiers mois de l’année, par rapport aux deux dernières années. Cependant, leur nombre reste deux fois moins élevé qu’avant la crise, pendant les années 2020, 2021 et 2022.
L’offre n’a jamais suivi la demande et, pendant la crise des trois dernières années, on a encore construit nettement moins. Selon Claude Meisch, un équilibre est nécessaire entre les prix et les possibilités de financement. Il a cependant ajouté que des problèmes subsistaient tant pour les particuliers que pour les promoteurs. Et si les taux d’intérêt baissent encore, les prix devraient “encore baisser un peu”, selon le ministre du Logement.
Jeudi matin, Claude Meisch a remis en cause le modèle habituel dans l’immobilier neuf au Luxembourg, où 80% des appartements doivent déjà être vendus sur plan avant qu’une banque n’accorde un crédit. Le ministre du Logement est également “préoccupé” par le fait que les banques sont trop “réticentes” à prêter de l’argent. Plus loin dans l’interview, le ministre s’est cependant montré compréhensif envers les banques, car elles ont des règles et elles doivent tenir compte du risque.
Actuellement, le ministre considère en particulier comme nouveau modèle l’Etat, qui achète des projets sur plan depuis le début de la crise. A la remarque que l’intervention de l’État risque d’empêcher les prix de s’ajuster à la baisse, il répond que l’État se fixe des limites. Quelqu’un qui demande des “prix exorbitants” peut passer son chemin. “Nous achetons quand c’est raisonnable”.
Il faut “construire plus, plus vite et au bon endroit”. Claude Meisch a insisté sur les mesures pour simplifier les procédures, que le gouvernement CSV-DP a déjà mises en oeuvre ou qu’il est en train de mettre en oeuvre. Le projet de loi sur le “remembrement ministériel” est examiné en commission parlementaire et, comme évoqué plus haut, Claude Meisch a annoncé que les projets de loi sur la réforme de l’impôt foncier et sur la taxe de mobilisation passeront encore avant l’été au conseil de gouvernement.
A propos des communes, Claude Meisch a déclaré qu’il avait vu les responsables de 50 communes sur 100, afin de développer des projets communs ou pour déterminer quelles “réglementations” manquent encore. Il a souligné les modifications apportées à l’article 29bis du Pacte logement, qui prévoit plus de logements abordables pour les projets, et surtout, qui sort de la facture les logements abordables (car sinon les constructeurs auraient dû répercuter le manque à gagner sur les autres logements du même projet).
Les communes constituent une pièce importante du “puzzle”, selon Claude Meisch. La Ville de Luxembourg est le deuxième propriétaire de terrains à bâtir de tout le Grand-Duché et l’offre de logements est encore nettement inférieure au nombre d’emplois.
Le PAG, le Plan d’aménagement général, de la capitale, le plan de sa collègue de parti, la bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, doit-il être revu? Sur ce point, Claude Meisch s’est montré très prudent: “Alors je ne vais pas commenter le PAG, je n’habite pas à Luxembourg, je ne vote pas à Luxembourg et je ne fais pas de politique à Luxembourg! Mais je dis que les communes aussi ont la responsabilité de mettre à disposition suffisamment de logements et suffisamment de logements abordables”.
“Oui, on peut critiquer la forme, s’il était bien de le dire de cette manière dans le discours”, a dit Claude Meisch à propos de l’annonce du Premier ministre Luc Frieden sur la réforme des pensions. Le ministre libéral a cependant pris la défense du Premier ministre et partenaire de coalition: Luc Frieden a souligné le problème et il “nous a ouvert les yeux” et “personne ne viendra de l’extérieur résoudre le problème pour nous”. Claude Meisch a aussi rappelé que les partenaires sociaux - syndicats et patronat - seront encore consultés.
Le ministre libéral a toutefois indiqué entre les lignes qu’il partage la préférence de Luc Frieden. En évoquant les trois principales options pour rééquilibrer le système de retraite, il a usé d’adverbes révélateurs: “soit nous travaillons un peu plus longtemps. soit nous cotisons beaucoup beaucoup plus, soit les prestations sont dramatiquement réduites”.
A l’évocation de son mauvais résultat dans le dernier sondage Politmonitor d’Ilres pour RTL et le Wort et de sa faible popularité depuis qu’il est ministre, à savoir depuis 2013, Claude Meisch a ri. Il est “satisfait de ses résultats électoraux” et du fait que de gouvernement en gouvernement, il obtienne “toujours plus de responsabilités”. Il faut cependant “prendre au sérieux les sondages, écouter les gens et développer une politique à partir de cela”, mais sans se laisser influencer uniquement par les sondages, que ce soit en matière de logement, d’éducation ou de débat sur les retraites, selon Claude Meisch.