
Le Luxembourg figure chaque année parmi les mauvais élèves de l’écologie au niveau européen et même mondial comme on a encore pu le voir le 17 février dernier. Une échéance qui correspondait à la date à laquelle le pays aurait consommé toutes les ressources qu’il serait capable de produire.
Une mauvaise nouvelle assurément mais comme nous vous le mentionnions lors de la publication du “Earth Overshoot Day”, les méthodes de calcul n’avantagent pas les pays comme le Grand-Duché. Celui-ci étant évidemment tributaire du transit transfrontalier et du tourisme à la pompe qu’il implique.
Jusque là, rien de très surprenant puisqu’on soupçonnait évidemment l’impact de ce phénomène sur le bilan carbone du pays. Cependant, ce vendredi 16 mai, le directeur de la fondation Idea, Vincent Hein, a publié un “décryptage” où il s’intéresse à la question de la décarbonation de la Grande Région.
On y apprend que les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont diminué d’un tiers au Luxembourg depuis 1990. Cela alors que la population a augmenté de 70% sur la même période. Il ne faut pas crier au miracle cependant puisque cette baisse s’explique en grande partie par le recul des activités industrielles dans la région.
On n’a donc pas assisté à un miracle écologique mais tout simplement à une transformation des activités sur le territoire luxembourgeois ces 35 dernières années. Vincent Hein souligne, dans ce contexte, que si la Grande Région était un état européen, elle figurerait au 4eme rang pour l’intensité des émissions par habitants.
Le problème n’est donc pas limité au territoire luxembourgeois. Et ce sont évidemment les transports qui font tâche sur le bilan carbone de la région. Les émissions du secteur représentent, à elles seules, le quart du total et elles n’ont que très marginalement reculé en 30 ans: elles sont passées de 2,8 tonnes par habitant à 2,7...
Et pour le Luxembourg, l’effet est d’autant plus pervers puisque le pays attire depuis des décennies les automobilistes et routiers par milliers avec ses prix avantageux. L’impact du tourisme à la pompe est estimé à 2,55 millions de tonnes de CO2 (2022) soit 60,9% des émissions du secteur du transport routier et 31,2% des émissions totales de GES du Grand-Duché.
Si l’on soustrayait ces émissions, le bilan luxembourgeois passerait de 13,1 tCO2 par habitant à 9, précise l’économiste et directeur de la fondation IDEA. Cela ferait passer le Luxembourg de la première à la onzième place au classement des émissions par têteen Europe.
Il insiste cependant sur le fait que l’empreinte carbone des résidents reste “relativement mauvaise”. Cela en raison de leur “mode de vie”. En effet, les Luxembourgeois sont régulièrement pointés du doigt pour la grande quantité de déchets qu’ils émettent, leurs nombreux voyages en avion ou encore leur consommation trop élevée de viande.
Rappelons que le Luxembourg vise une baisse de 55% de ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 et la neutralité climatique d’ici 2050 au plus tard. Au rythme actuel, il y a peu de chance que ces objectifs se réalisent.