
Tant le CSV et le DP que l’ADR et les Piraten ont rejeté une reconnaissance “formelle” et “directe”, telle que l’avaient demandée le LSAP, déi Gréng et déi Lénk mardi à la Chambre et auparavant lors d’une conférence de presse.
Tous les partis ont en revanche convenu que l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 était inacceptable, de même que la réaction d’Israël. Pour le Premier ministre Luc Frieden, une reconnaissance de la Palestine doit avoir lieu dans le cadre d’une solution à deux Etats. Et c’est précisément le sujet d’une conférence qui se tiendra la semaine prochaine à New York.
Luc Frieden est confiant. Selon lui, ce serait aussi « beaucoup plus fort si un certain nombre de pays franchissaient cette étape la semaine prochaine ». Et cela après un processus d’évaluation. Si cela ne fonctionne pas, le Luxembourg assumera sa responsabilité pour parvenir à une solution à deux États qui serait permanente. Pour le LSAP, les Verts et déi Lénk, les conditions pour une reconnaissance de la Palestine vont trop loin et dépendent trop d’Israël. Ainsi, par exemple, des élections que le gouvernement israélien a sans arrêt empêchées ou l’exil du Hamas.
Le député LSAP Yves Cruchten a également regretté que le Premier ministre n’ait pas abordé l’ensemble des demandes de l’opposition parlementaire de gauche. Celle-ci veut aussi que le Luxembourg condamne officiellement l’expansion des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie et que le gouvernement veille à ce qu’aucune entreprise luxembourgeoise ne participe à la fourniture d’armes à Israël. Aucune réponse n’a été apportée mardi sur ces points par Luc Frieden.
Le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, n’était pas présent à la Chambre, car il est en visite officielle au Canada du 10 au 12 juin. Son collègue de parti, le député DP Gusty Graas a souligné que pendant les 19 années durant lesquelles le LSAP a détenu le portefeuille des Affaires étrangères en la personne de Jean Asselborn, la Palestine n’a pas été reconnue.$
Avant un débat prévu mardi après-midi à la Chambre des députés sur une éventuelle reconnaissance de l’Etat de Palestine, le LSAP, déi Gréng et déi Lénk avaient réclamé plus de clarté de la part du gouvernement dans sa position par rapport à la guerre à Gaza, lors d’une conférence de presse. Le gouvernement doit enfin cesser de “zigzaguer” et adopter une trajectoire claire par rapport à la guerre à Gaza. Telle est la revendication d’une partie de l’opposition parlementaire.
Le Luxembourg doit réclamer la fin des attaques et envisager la suspension des relations économiques bilatérales avec Israël, selon les trois partis d’opposition, qui souhaitent également la reconnaissance de la Palestine en temps qu’Etat.
Cette reconnaissance reste, entre autres, la base d’une solution à deux États. Cependant, selon les trois partis d’opposition de gauche, il s’agit désormais aussi d’”une question de valeurs et d’attitude”. Le député LSAP Yves Cruchten a inversé la question: que se passera-t-il si la Palestine n’est pas reconnue maintenant? Selon lui, cela confirmera que l’ONU est paralysée, que l’UE perd sa crédibilité, tout comme le Luxembourg son image de défenseur des droits de l’homme.
Il ne se passe pas un jour sans que l’armée israélienne ne tue des gens dans la bande de Gaza et la situation humanitaire est devenue “insupportable”, pour reprendre les mots du député de la Gauche, Marc Baum. Tout aussi insupportables que le sont sans arrêt les “nouvelles excuses raffinées” du ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, pour ne pas reconnaître la Palestine.
Le LSAP, les Gréng et déi Lénk ont aussi l’impression que le gouvernement calque son action sur celle des Etats-Unis ou de la France. Les trois partis n’attendent pas grand-chose de la conférence organisée la semaine prochaine à New York par la France et l’Arabie saoudite, parce qu’elle prévoit trop d’obstacles pour une reconnaissance de la Palestine.
A la question de savoir si le Hamas ne rend pas impossible une reconnaissance de la Palestine, la députée verte Sam Tanson a répondu que l’objectif est évidemment d’avoir des élections démocratiques en Palestine, mais il ne faut pas perdre de vue qu’il ne s’agit pas de la question de qui est aux commandes dans un pays, mais de celle des droits de la population.
La proportionnalité de la réponse israélienne à l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 n’existe plus depuis longtemps, a ajouté Sam Tanson. Elle a évoqué le mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ou le risque de génocide que la Cour internationale de justice a retenu.