Si le coliving n’est pas très connu au Luxembourg, c’est un mode de vie très répandu dans les grandes villes telles que Londres, Paris ou encore New York. Il s’adresse principalement aux nouveaux arrivants sur le marché du travail. Au Grand-Duché, on les surnomme les “expats”. Ils viennent, pour la plupart, de pays européens comme l’Espagne ou l’Italie et optent pour ce mode de vie parce qu’il leur facilite la tâche. Entre la formule “sans souci”, les événements organisés pour la communauté et l’aide à l’intégration, les locataires y trouvent généralement leur compte. Cela à condition qu’ils acceptent de partager les espaces communs.
En effet, le coliving est un dérivé de la colocation qui se veut plus flexible et surtout plus adapté aux besoins des jeunes actifs. Alors que sur le marché locatif traditionnel, un CDI est généralement exigé, ce n’est pas forcément le cas du coliving. Les formules varient selon les entreprises mais les contrats peuvent aller de quelques semaines à plusieurs mois. Cependant, plus le séjour est court, plus la facture sera salée. Jerome Ensch, fondateur et directeur d’une des entreprises pionnières du coliving au Luxembourg, explique que les tarifs se rapprochent dans ce cas de ce que l’on connaît dans l’hôtellerie.
Un modèle qu’il a volontairement évité parce qu’il implique une gestion tout à fait différente. Chez Vauban&Fort, les contrats se font généralement sur 5 à 6 mois minimum. Une formule qui convient souvent aux “expats” puisqu’ils ne savent pas toujours combien de temps ils resteront au Grand-Duché. “Parfois, ils devaient rester six mois puis leur contrat est prolongé et ils finissent par rester 16 mois”, explique Jerome Ensch. Et ils ne sont pas les seuls. “On a aussi des techniciens, des chauffeurs de bus et même des employés du secteur de l’Horesca”.
C’est d’ailleurs ce qui lui fait dire que le coliving est une pièce essentielle du casse-tête qu’est le logement au Luxembourg. Dans un marché très tendu, il estime que ce mode de vie permet à beaucoup de personnes, qui n’auraient peut-être pas pu le faire autrement, de venir s’installer et travailler au Luxembourg . Il va même plus loin en affirmant que cela permet à plusieurs gros employeurs du pays de retenir des talents. En effet, Vauban&Fort loue de nombreuses chambres aux employés des “Big Four”, d’Amazon et des institutions européennes.
À ce jour, la société gère plus de 500 chambres réparties autour de la capitale. Cela dix ans après avoir commencé avec un simple appartement au Kirchberg. La preuve que le concept séduit de plus en plus les propriétaires du pays. “Nous sommes leur unique locataire, ils n’ont à se soucier de rien”, rappelle Jerome Ensch. Entretien, nettoyage ou turnover, tout est géré par les équipes de Vauban&Fort. Le locataire, lui, n’a qu’un seul référent et peut donc très vite régler les problématiques du quotidien.
Une formule “sans souci” qui a tout de même ses détracteurs. À Paris, des collectifs se mobilisent contre ce mode de vie qui ferait augmenter les loyers. Une accusation balayée par M. Ensch. Il considère que l’on compare l’incomparable. “Faire un calcul du loyer par m2 quand la durée des séjours est complètement variable, c’est insensé”, réagit-il. “Pour une chambre en coliving, on paie actuellement entre 900 et 1.100 euros par mois , charges inclues alors que pour un studio (location classique) en ville, il faut compter au moins 1.400 euros et c’est sans compter les charges”, ajoute-t-il.
Mais pour Jerome, qui a lui-même vécu en coliving à Londres et à New York, ce n’est pas le prix qui fait forcément la différence. Pour lui, c’est “la communauté” qui rend le coliving attrayant. Et c’est d’ailleurs là-dessus que les sociétés spécialisées dans ce mode de vie parient. Séances de yoga, dégustation de vins, sorties dans la capitale: Vauban&Fort organise régulièrement des événements pour ses locataires. Et le networking n’est pas forcément à l’ordre du jour. “Plus ils se sentent à la maison, plus ils sont susceptibles de vouloir rester au Luxembourg et de contribuer à notre modèle social”, estime le fondateur de Vauban&Fort.
À l’international, on voit de plus en plus de grands projets de coliving qui misent sur leurs installations autant que sur la communauté qu’ils veulent développer. Au Grand-Duché, certains projets tels que Gravity se rapprochent de ce modèle en proposant notamment des chambres privatives, des espaces de détente et de coworking, une buanderie et des places de parking. Un “coliving de luxe” qui est cependant loin d’être la règle au Grand-Duché. Aujourd’hui, c’est plutôt dans des maisons ou des immeubles d’appartement que le coliving s’épanouit.