
Qu’en disent les personnes concernées? Ces projets de loi répondent-ils à une réelle demande? Tel était l’objet de l’émission “Face-à-face” sur RTL Radio jeudi matin, dont les invités étaient Nora Back, présidente de l’OGBL, et Arsène Laplume, directeur général du Shopping Center Massen.
Nora Back s’est montrée “ravie” des deux récents avis du Conseil d’Etat à propos de ces deux projets de loi, “qui auraient pu venir des syndicats”. En ce qui concerne le travail dominical, Arsène Laplume à de son côté regretté que les syndicats et les conventions collectives jouent un rôle plus important. “Avant vous vous entendiez avec votre personnel et les salariés venaient travailler moins souvent huit heures d’affilée, mais tout à coup, les ministres du Travail socialistes Dan Kersch et Georges Engel ont insisté sur la loi et les salariés doivent désormais faire un long trajet pour travailler quatre heures seulement”.
La présidente de l’OGBL a évoqué la loi qui n’aurait “pas été respectée pendant longtemps”. En tant que syndicat, l’OGBL n’est pas globalement opposé au travail dominical, mais il doit être “encadré par des conventions collectives”. Une convention collective existe déjà dans les entreprises où les salariés travaillent plus de quatre heures le dimanche.
Arsène Laplume a fait référence au fait qu’à l’époque, les week-ends étaient extrêmement importants pour le chiffre d’affaires des centres commerciaux du Nord du Luxembourg. “Il y a 20 à 35 ans, on faisait 40% de chiffre d’affaires le dimanche, aujourd’hui, c’est moins de la moitié”. Le directeur général du Shopping Center Massen a également remis en question le fait qu’on ait vraiment besoin des syndicats pour élaborer des conventions collectives, alors que les responsables politiques fournissent déjà un cadre légal. Nora Back a rétorqué que ce cadre ne garantissait aux salariés que le salaire minimum. Et que “le salaire minimum ne suffit pas”. En matière de pouvoir d’achat, il est parfois déjà inférieur au niveau des pays voisins, par exemple par rapport à l’Allemagne. Pour la présidente de l’OGBL, “nous devons avoir un cadre légal strict et pouvoir y déroger par le biais de conventions collectives”.
Les avis divergent aussi quant à savoir si l’ouverture dominicale des commerces correspond à une demande. Selon Arsène Laplume, le dimanche n’a plus la place particulière qu’il avait il y a 50 ou 60 ans, car l’Église joue un rôle beaucoup moins important dans la vie quotidienne des gens. Pour Nora Back, “il ne s’agit pas d’aller à la messe”, mais que les gens s’en sortent au quotidien et, par exemple, que la garde de leurs enfants soit garantie.
Jeudi matin, le représentant du patronat et la représentante des syndicats n’étaient pas non plus sur la même longueur d’onde sur le thème de l’absentéisme. Selon Nora Back, il est “faux qu’il y ait plus d’abus aujourd’hui qu’avant”. Pour sa part, Arsène Laplume s’est référé au déficit élevé de la Caisse national de Santé. La présidente de l’OGBL a remis en question le fait que ce déficit soit dû à l’absentéisme. Elle a par contre indiqué que s’il y a un taux particulièrement élevé d’absentéisme dans une entreprise, l’employeur devrait lui-même se poser la question de savoir pourquoi il en est ainsi. Arsène Laplume n’a pas laissé passer cette allégation: il ne s’agit pas des conditions de travail, mais de l’attitude, particulièrement chez les très jeunes salariés. Pour Nora Back, il s’agit d’une généralisation. “Il y a des moutons noirs partout, mais on ne peut pas faire la chasse généralisée aux salariés malades”. Elle a également réfuté la critique d’Arsène Laplume selon laquelle de nombreuses femmes utilisent la grossesse comme prétexte pour se mettre en arrêt maladie.
Interrogé sur l’impact qu’aurait une augmentation du salaire minimum, Arsène Laplume a répondu que “son entreprise en serait impactée, même si cela ne constitue pas la plus grande partie de la masse salariale”. Il existe “aussi un risque que cette hausse provoque une augmentation des prix de certains produits, dont la nourriture”, qui seraient alors moins consommés. D’après Nora Back, “une augmentation du salaire minimum ne pourra jamais entraîner une baisse du pouvoir d’achat”. Cette mesure est nécessaire, comme le montre le fait que le Luxembourg a l’un des taux les plus élevés de travailleurs pauvres, c’est-à-dire de personnes qui ont des problèmes financiers malgré qu’elles aient un emploi.