Le système actuel du permis de conduire est-il toujours approprié? La question se pose d’autant plus après l’annonce récente que l’année dernière, près d’un candidat sur deux a échoué à l’examen pratique du permis de conduire.
L’heure de la pause déjeuner à Hesperange. La circulation est fluide. C’est l’un des rares moments de la journée où l’élève d’auto-école ne perd pas de temps inutilement dans les embouteillages pendant ses heures d’apprentissage payantes. Nous sommes chez Tom Wagner, moniteur d’auto-école depuis 23 ans, qui fait un tour avec un de ses élèves. Son quotidien n’est plus comparable à ce qu’il était il y a 20 ans. “C’était beaucoup plus relax”, selon le moniteur. “Il y avait beaucoup moins de véhicules sur la route. (...) Quand nos parents ont passé le permis de conduire, il n’y avait pas, ou très peu de ronds-points. Aujourd’hui, nous parlons de ronds-points turbo. Cela signifie que là aussi, le trafic s’est énormément développé. Et pour un jeune qui n’a jamais conduit, c’est extrêmement difficile.”
Le pourcentage d’échecs à l’examen pratique du permis de conduire augmente. Il est actuellement de 46,8%. Les raisons sont multiples: le trafic, des systèmes d’assistance compliqués dans les véhicules. Mais ce n’est pas tout: “Nous avons beaucoup de gens qui arrivent au Luxembourg en provenance de pays non membres de l’UE. S’ils ont déjà un permis de conduire, ils ne doivent pas suivre d’heures de cours théoriques ou pratiques et peuvent directement passer l’examen pratique”, explique Tom Wagner. “Ces personnes sont également reprises dans ces statistiques. Cependant, elles ne connaissent souvent pas bien le Code de la route et échouent à l’examen.”
Le nombre d’accidents graves sur les routes est en augmentation. Il a progressé de 31% entre 2010 et 2023 avec 336 accidents dénombrés il y a deux ans. Un meilleur apprentissage plus moderne de la conduite, devrait également contrer ce phénomène, selon le ministère de la Mobilité. Dans ce contexte, une directive européenne, qui doit être publiée prochainement, est attendue pour réorganiser le système au Luxembourg, a indiqué récemment Yuriko Backes, la ministre de la Mobilité et des Travaux publics, dans sa réponse à une question parlementaire du député pirate Sven Clement. “Il est donc important que les candidats soient préparés au mieux à ces nouveautés lors de leur formation au permis de conduire. Une nouvelle directive européenne sur le permis de conduire est sur le point d’être publiée. Elle prévoit aussi des changements dans la formation au permis, notamment pour tenir compte de ces nouveaux défis.”
Depuis 30 ans, le candidat au permis de conduire doit suivre 16 heures de cours pratiques pour pouvoir passer l’examen. Cela ne suffit plus aujourd’hui, selon la Fédération des maîtres instructeurs de conducteurs de véhicules automoteurs du Luxembourg. Des options d’optimisation vont être recherchées au sein d’un groupe de travail en collaboration avec le ministère de la Mobilité, entre autres de véritables parkings d’entraînement, selon Tom Wagner: “Nous avons actuellement des premières heures de conduite, où nous sommes contraints de nous entraîner avec les élèves sur des parkings publics ou dans des cités. Soit vous ne savez pas combien de temps vous pourrez rester là, soit des voisins des cités viennent soudain vous demander de partir parce que vous gênez. Vous n’avez donc souvent que la possibilité de passer ces premières heures de conduite directement dans le trafic routier. A mon avis, ce n’est plus approprié aujourd’hui. En Allemagne, par exemple, ils ont depuis longtemps des parkings, où vous pouvez aller vous entraîner avec des élèves.”
La Fédération réfute la critique selon laquelle plus d’heures d’apprentissage amèneraient seulement plus d’argent dans les caisses des auto-écoles. Au Luxembourg, la plupart des auto-écoles fonctionnent à plein régime et un moniteur n’est pas autorisé à travailler plus de neuf heures par jour. Et dans ce secteur aussi, il est difficile de recruter du personnel.
