
Le Luxembourg ne fait pas d’émules en France. Alors que les travailleurs et retraités du Grand-Duché continuent de bénéficier d’une indexation de leurs revenus, les Français vont continuer... à faire sans.
Sans surprise, le Sénat a rejeté mercredi une proposition de loi communiste visant à indexer les salaires sur l’inflation, la droite majoritaire estimant que cela “escamoterait le dialogue social”.
La proposition de loi portée par la sénatrice du Pas-de-Calais Cathy Apourceau-Poly, à laquelle le gouvernement s’est également dit défavorable, a recueilli 111 voix pour - celles de la gauche - et 225 contre dans cet hémicycle dominé par une alliance droite-centristes. Il y a deux ans déjà, Emmanuel Macron se prononçait franchement contre ce dispositif d’index.
Le texte entendait instaurer une “échelle mobile” de tous les salaires dans le secteur privé ainsi que du point d’indice de la fonction publique pour imposer l’augmentation des rémunérations “au minimum” au niveau de l’inflation. Un dispositif inspiré du modèle belge et mais aussi du Luxembourg. Dont le prochain index aura justement lieu d’ici quelques mois.
Le texte associait une mesure pour augmenter la fréquence des négociations collectives dans les entreprises, à une fois par an au lieu d’une fois tous les quatre ans.
“Le Smic est indexé sur l’inflation, les pensions de retraite sont indexées sur l’inflation, les prestations sociales sont indexées sur l’inflation, mais les salaires, eux, ne le sont pas (...) Il est grand temps que les choses changent”, a plaidé l’auteure du texte au Palais du Luxembourg.
Mais “face à l’inflation, il n’y a pas de solution magique”, a rétorqué la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, car “quelqu’un doit payer la facture”. Si “l’indexation générale pourrait être une tentation, transférer le coût de l’inflation aux employeurs” aurait selon elle “un effet négatif sur l’activité et l’emploi” et à son tour “un effet inflationniste”.
La sénatrice Les Républicains Frédérique Puissat a elle aussi qualifié l’initiative de “tentation”. Mais celle-ci “risquerait d’escamoter le dialogue social”. “Notre logique politique est et reste de laisser les partenaires sociaux négocier entre eux et de ne surtout pas encourager l’Etat à administrer les salaires pour répondre à l’inflation de ces dernières années”, a-t-elle ajouté.