
On leur donnerait le bon Dieu sans confession. Il faut pourtant s’en méfier. Derrière leur petite gueule d’amour se cache une redoutable espèce invasive de moins en moins discrète pour commettre méfaits et dégradations.
Les ratons laveurs sont devenus un problème pris au sérieux à tous les niveaux de pouvoir politique en Belgique. Les communes organisent ainsi la riposte. Anne Lamesch est échevine de l’Environnement à la ville d’Arlon. Elle a porté le dossier devant d’autres instances. “On a écrit un courrier à la ministre de l’Agriculture et de la Ruralité au gouvernement wallon Anne-Catherine Dalcq pour solliciter son aide puis on est passé par une motion au conseil communal comme d’autres communes l’ont fait. L’objectif est de mutualiser nos énergies pour faire bouger les choses.”
La présence de ces “blaireaux” miniatures ne date pas d’hier. Au milieu des années 80, on en observait déjà. Le phénomène s’est cependant amplifié ces dernières années. “Ils sont devenus visibles aux yeux de toutes et tous. Ils viennent sur les terrasses et rentrent dans les habitations par les chatières. En juillet 2024, on en dénombrait 75.000 en Wallonie et je pense qu’on était encore loin du compte”, poursuit l’échevine.
Le raton laveur s’adapte facilement à notre environnement, se reproduit à la vitesse grand V et ne compte comme prédateur que l’homme. Bref, le phénomène classique d’une espèce invasive hors de contrôle qui représente une menace pour la biodiversité en s’en prenant à des volailles, des nids d’oiseaux, aux grenouilles tout en causant des dégâts aux écosystèmes. Le mammifère représente aussi un danger pour la santé humaine en étant porteur d’un parasite susceptible de créer des lésions au niveau oculaire ou au système nerveux sans oublier le simple fait d’être mordu ou griffé.
L’une des premières ripostes est la sensibilisation. “À la suite de rencontres avec le DNF (Département de la Nature et des Forêts), on explique comment éviter d’attirer de ratons laveurs à proximité des maisons car ils sont très opportunistes. Omnivores, ils se nourrissent de déchets alimentaires. Certaines communes ont acheté des cages qu’ils mettent à la disposition des habitants pour les piéger mais il faut surveiller sans arrêt pour voir si d’autres animaux ne se font pas attraper. Puis, le gros problème qui se pose est la mise à mort. Là, on est démunis car le DNF ne s’en occupe que dans les forêts parce qu’il ne dispose pas de moyens humains pour agir chez les particuliers.”
Il est toujours possible de passer des deals avec des vétérinaires mais c’est assez contraignant si c’est répétitif et ça peut vite coûter pas mal d’argent. Le règne de la débrouille est aussi une solution avec un ami chasseur par exemple. Encore faut-il prendre les précautions nécessaires en manipulant les animaux. “C’est vraiment pour ça qu’on se tourne vers le gouvernement parce qu’on se sent un peu démunis”, explique Anne Lamesch.
Parfois source de conflits, le conseil communal a voté à l’unanimité cette motion pour enrayer cette prolifération. Au gouvernement wallon d’envisager un plan pour éradiquer ce fléau.