Les librairies ne courent plus les rues dans l’extrême sud du pays. On en trouve bien à Arlon et à Virton, mais une ville comme Florenville n’en pas plus. Alors, Vanessa a décidé de remédier au problème. Si on ne peut plus aller vers les livres, pourquoi ne viendraient-ils pas vers nous? A 45 ans, cette passionnée de lecture a fait aménager un camion dans lequel sont stockés 1.500 références et sur lequel on peut lire cette jolie phrase: «Le sourire aux livres».
“Le menuisier du coin a fait de l’excellent travail du sol au plafond notamment en matière d’isolation pour éviter l’humidité en hiver. Avec la décoration extérieure, ça a pris trois à quatre mois pour être d’attaque”, raconte Vanessa, originaire de Bonnert près d’Arlon et qui vit aujourd’hui à Bleid, près de Virton.
“Cette façon de faire existait déjà en France, mais pas en Belgique à ma connaissance. Le fait d’aller vers les gens pour échanger me semblait important”, confesse la libraire ambulante qui tord tout de suite le cou à une idée reçue. “Si si, les gens lisent encore. Deux jeunes sont même venus m’acheter un bouquin sans leurs parents.”
Il est encore un peu tôt pour tirer des enseignements puisque Vanessa vient de se mettre en route il y a quelques jours. Les tournées ne sont qu’une partie d’une passion débordante puisqu’il faut s’approvisionner en s’inscrivant chez des fournisseurs pas toujours conciliants. “Un distributeur a rechigné à me fournir sous prétexte que les frais de port étaient trop élevés. En fait, je ne suis pas assez rentable pour lui. Alors je dois passer par un grossiste.”
Trouver les endroits pour poser son camion est l’un des autres chantiers de Vanessa. “Je dois recevoir l’autorisation des communes. Ça doit passer au conseil et donc ça prend un peu de temps. En général, elles sont réceptives à part Messancy. Je voulais juste y aller une fois par mois au village Seniors.”
Vanessa ne s’en formalisera pas car elle fonctionne sous forme de mi-temps. Et quand elle a fini de passer à Toernich, Villers-devant-Orval, Halanzy, Bellefontaine et Tintigny, la semaine est déjà bien entamée.
“Je souffre de fibromyalgie et j’en avais marre de rester à la maison. Et comme mes enfants sont grands, j’ai tout le loisir de bouger”, explique celle qui est tombée dans la marmite de la littérature grâce à sa grand-mère, lectrice assidue. “Elle est aujourd’hui malvoyante mais elle continue de lire.” Vanessa aussi. Les pièces de sa maison sont des bibliothèques et elle dévore les auteurs indépendants et les thrillers avec une appétence particulière pour la Bruxelloise Barbara Abel.
“Dans mon camion, je veux aussi proposer des auteurs du coin. J’ai même une connaissance disposée à me prêter une salle pour des petites séances de dédicaces”, poursuit celle qui profite de la rentrée littéraire pour achalander son comptoir en références actuelles tout en proposant des livres d’occasion.
Vanessa promet aussi de rentrer des BD et des romans graphiques alors que les livres pour enfants figurent déjà en bonne place dans son outil de travail. Il est déjà temps pour elle de se mettre en route. Direction Toernich et le parking du Comptoir de la cigogne.
Alors, si une petite balade en Gaume accompagnée d’une visite d’une librairie particulière attise votre curiosité, Vanessa vous donne rendez-vous (cliquez ici).
