Plus de frontaliers, moins d'emploisÀ Thionville, l'économie siphonnée par Metz et le Luxembourg

Thomas Toussaint
Selon une étude de l'Insee, l'économie du bassin de Thionville ne se diversifie pas, alors que le nombre d'habitants y augmente. La raison? L'aspiration de la main-d'œuvre par le Luxembourg.
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Autour de Thionville, près d’un actif sur deux est frontalier. Au Luxembourg principalement. Selon l’Insee, cette part atteignait 45,3% en 2019, faisant de Thionville le 2e territoire le plus “frontalier” du Grand Est derrière Saint-Louis, à la frontière suisse.

Point commun de ces deux territoires, un moins grand nombre “d’emplois présentiels” que dans le reste de la région, alors que la population augmente. L’emploi a reculé de 0,8% par an à Thionville entre 2008 et 2019, alors que la population a augmenté de 0,5% par an. Surtout, le nombre de frontaliers a bondi de 2,6% par an. La main-d’œuvre “est attirée par les opportunités d’emploi et les rémunérations élevées” du Luxembourg.

Preuve que le défi est immense, l’Insee évoque une économie qui “ne se diversifie pas” car les travailleurs se dirigent vers l’emploi frontalier, dans des activités commerciales ou logistiques déjà sous-représentées côté français.

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Santé, commerces, restauration... Thionville est en retrait

Thionville et Saint-Louis sont ainsi “les deux zones d’emploi les moins pourvues en emplois de proximité” constate l’Institut national de la statistique. Un écart qui s’explique d’abord par l’absence chef-lieu de département ou de région, Metz et Strasbourg occupant ces rôles majeurs.

Les emplois dans le commerce de détail y sont également moins nombreux car les consommateurs préfèrent se reporter sur de plus grands pôles d’achats. Là encore, Metz tire son épingle du jeu. Et la présence du Luxembourg, où la fiscalité est plus avantageuse sur certains produits (essence, tabac, alcool...) attire également une partie de la consommation.

“En conséquence, les emplois d’administration sont moins fréquents, ainsi que les emplois d’enseignement et de santé, qui se concentrent généralement dans les grands pôles.”

Il en va de même pour les emplois dans l’hébergement-restauration, en retrait par manque de développement touristique et “une plus faible présence de la clientèle d’affaires”.

Toujours selon l’Insee, le secteur de Thionville “reste très orienté vers l’industrie malgré le déclin du secteur: la métallurgie, la production d’électricité et la réparation et installation de machines sont les activités les plus spécifiques” et sont bien implantées, même si elles reculent progressivement. “Le commerce de gros, l’entreposage et l’agriculture y ont au contraire un poids beaucoup plus faible qu’en moyenne.”

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