Gastronomie au LuxembourgCe duo veut faire renaître la brasserie Mansfeld

Raphaël Ferber
À Clausen, Cyrille Schneider et Mathieu Morvan tentent depuis plus d'un mois de redonner vie à une adresse emblématique de Luxembourg: la brasserie Mansfeld.
Mathieu Morvan et Cyrille Schneider, responsables de la Brasserie Mansfeld Luxembourg
Mathieu Morvan et Cyrille Schneider, associés et responsables de la Brasserie Mansfeld, à Luxembourg.
© Steve Rayyan Mack

Reprise depuis un peu plus d’un mois par Cyrille Schneider, déjà à la tête de la Brasserie Beaulieu à Bonnevoie, et le chef Mathieu Morvan, ex-L’Hêtre Beim Musée, la brasserie Mansfeld entame une nouvelle vie à deux pas des Rives de Clausen et de tables réputées comme Oio ou Equilibrium. Le tandem mise sur une cuisine de brasserie assumée et un rapport qualité-prix cohérent pour redonner au lieu la place qu’il a peu à peu perdue ces dernières années.

Cyrille Schneider et Mathieu Morvan ne se sont pas rencontrés autour du projet Mansfeld. “On se connaît depuis cinq ans. Mathieu était client au Beaulieu. Je le connaissais de réputation, j’étais flatté qu’il vienne chez nous”, raconte Cyrille. Le chef était alors engagé dans l’aventure un brin compliquée de L’Opéra au Rollingergrund.

Au fil du temps, les échanges se multiplient. Mathieu donne parfois un coup de main, les discussions s’étirent tard le soir. “On est devenu de vrais potes”, résume Cyrille. L’idée de travailler ensemble revient à plusieurs reprises, mais le timing n’est pas encore le bon. Mathieu s’est engagé plus tard à L’Hêtre Beim Musée, où il a donné sa parole pour trois ans. “Cette fois, quand Mansfeld s’est présenté, il m’a dit oui”, explique Cyrille.

La Bouchée à la Reine de la Brasserie Mansfeld, préparée par Mathieu Morvan et son équipe.
La Bouchée à la Reine de la Brasserie Mansfeld, préparée par Mathieu Morvan et son équipe.
© Steve Rayyan Mack

Un lieu rêvé, un défi assumé

Pour Mathieu Morvan, la Mansfeld n’est pas une opportunité comme une autre. “J’y avais mangé deux fois et je m’étais dit : ce serait bien que ce soit moi en cuisine un jour. C’est un peu un rêve qui se réalise. C’est un superbe endroit.”

Mais le duo ne se fait aucune illusion. Ces dernières années, la brasserie était sortie des radars d’une partie de la clientèle. “On a signé en sachant que le lieu avait été un peu oublié”, reconnaît le chef. “Le nom est connu, mais il va falloir bien plus que du bouche-à-oreille pour refaire une réputation.”

Pour Cyrille Schneider, l’enjeu est clair : “Il faut enclencher la machine.” Et cette machine passera notamment par la terrasse, élément clé du projet. “La partie printemps-été est notre gros défi. Si on arrive à faire 100 couverts le midi et 150 le soir, ce sont des clients qu’on retrouvera l’hiver suivant. Mais pour ça, il faut lancer la dynamique dès maintenant.”

À Mansfeld, le nouveau cap est assumé : une cuisine de brasserie, lisible et accessible. “Avant, le restaurant était sur du semi-gastronomique, avec des prix bien plus élevés”, expliquent les deux associés. “Aujourd’hui, c’est une vraie cuisine de brasserie, affinée avec ma technique et mon expérience” ajoute Mathieu.

La carte fait la part belle aux classiques ancrés dans l’histoire luxembourgeoise du lieu : bouchée à la reine, wainzoossiss, cordon bleu ou knidellen retravaillés. S’y ajoutent notamment des escargots, des poissons, une entrecôte, un tataki de thon, ainsi que des options vegan. “On voulait une carte cohérente, capable de parler à tout le monde. Pour l’instant, les retours sont bons”, se réjouit le chef.

Des prix pensés “pour faire revenir les clients”

Le positionnement passe aussi par une politique tarifaire assumée. “L’idée est de revenir à des prix cohérents”, souligne Cyrille Schneider. “La bouchée à la reine est à 26 euros, l’entrecôte à 33 euros, avec une belle pièce. On veut que les gens reviennent.”

Même philosophie côté boissons. « On ne veut pas bloquer une vente parce qu’une bouteille est affichée à un prix pour touristes », insiste Mathieu Morvan. Les cocktails et les vins se veulent attractifs, dans un lieu pourtant jugé exceptionnel. « Commercialement, je préfère un rapport qualité-prix intéressant, qui donne envie de recommander une bouteille, plutôt que d’essayer de vendre à tout prix des références à 150 euros », ajoute Cyrille. « On essaie de faire preuve d’empathie et de se mettre à la place du client. »

© Steve Rayyan Mack

Du côté du staff, huit personnes travaillent au restaurant depuis la reprise. “Dans les prévisionnels, on sera entre 12 et 14 collaborateurs au printemps 2026", précise Cyrille. Les débuts sont encourageants, sans être spectaculaires. “Les lunchs à 36 euros commencent à prendre. Ce n’est pas l’explosion, mais il y a une évolution, tant sur la fréquentation que sur le chiffre d’affaires.”

“On savait où on mettait les pieds”

À les entendre, même des clients réputés exigeants font leur retour. “C’est plutôt bon signe.” Le travail se poursuit également sur l’ambiance. “Le lieu est magnifique, mais on veut encore le personnaliser”, explique Mathieu. Tableaux et photos viendront renforcer l’identité de la maison.

Ouverte du mercredi au dimanche, midi et soir – avec un service en continu le dimanche –, la brasserie Mansfeld compte encore évoluer. “Pour l’été, l’idée est de proposer du continu sur cinq jours, en profitant pleinement de la terrasse. Et même de travailler sept jours sur sept, clairement”, confie Cyrille Schneider.

Sans effet d’annonce, mais avec une ligne claire : redonner à Mansfeld une place durable dans le paysage gastronomique de Clausen. “On savait où on mettait les pieds”, conclut Mathieu Morvan. “Maintenant, il faut laisser le temps faire son œuvre.”

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