Si les Luxembourgeois votaient ce dimanche, le CSV et son leader, Luc Frieden, perdraient beaucoup de points. La coalition (CSV-DP) garderait une courte majorité, tandis que l'opposition reprendrait du poil de la bête. Voilà à quoi ressemblerait la nouvelle répartition des forces politiques au Luxembourg.

Deux ans après les élections législatives du 8 octobre 2023, remportées haut la main par le CSV, l'érosion des intentions de vote en faveur du gouvernement Frieden, déjà constatée en octobre 2024, s'accentue. De sorte que si les électeurs luxembourgeois devaient se déplacer aux urnes ce dimanche, le CSV se prendrait une baffe électorale et serait le grand perdant. C'est moins une réponse en répercussion à la grande manifestation du 28 juin qui avait poussé 25.000 personnes dans la rue pour protester contre la réforme des retraites et le travail du dimanche, qu'une sanction contre le passage en force du gouvernement sur la question des retraites.

Mais le CSV ne perdrait pas la face au point de faire vaciller la coalition gouvernementale. À l'inverse, les partis de l'opposition que sont le LSAP, Les Verts, l'ADR et déi Lénk se verraient renforcés. C'est en substance, ce que révèle ce nouveau sondage du dimanche ("Sonndesfro") réalisé au cours de la seconde quinzaine de septembre par Ilres pour RTL et le Wort.

Le sondage n'est évidemment de bon augure ni pour le parti chrétien-social, qui est aux manettes dans un contexte de social tendu depuis des mois, ni pour son président et actuel Premier ministre, Luc Frieden, qui tient la boutique et qui était déjà le grand perdant du dernier Politmonitor en juin. Il était tombé de la 4e à la 8e place dans le classement des politiciens préférés des Luxembourgeois. Le DP de Xavier Bettel fait le dos rond, il ne profite pas vraiment de la situation non plus.

Au final, l'actuelle coalition gouvernementale resterait la seule possible à deux. Sur un fil. Comme lors de la Sonndesfro de mai déjà, l'ancienne coalition tripartite DP-LSAP-Les Verts pourrait revivre.

Les points vont dans le camp de l'opposition

"On peut observer une baisse relativement significative de le CSV qui tombe à 25,3% des intentions de vote, soit 4,6% de moins qu'aux dernières élections. Le DP qui est l'autre parti au gouvernement reste globalement stable. Elle obtient 19,7%, soit 0,5% de plus que lors des élections", résume Thomas Crépon, directeur général d'Ilres.

Les points perdus par le CSV semblent essentiellement bénéficier à l'ADR qui grimperait à 11,6% des intentions de vote (+ 2,1%) et à déi Lénk qui atteindraient 5,9% des intentions de vote (+2,3%). Soit les plus hauts pourcentages jamais enregistrés depuis 2018 par ces deux partis.

À noter que les socialistes (18,7% des intentions de vote) gratteraient quelques "miettes" (+0,6%), les Verts un seul pourcent (9,3%) et que les Pirates avec 4,4% d'intentions de vote seraient loin de leur joli score de 6,7% d'il y a deux ans.

Quatre sièges en moins pour le leader au parlement

Si on votait dimanche, le CSV, parti qui pèse le plus lourd au parlement,  perdrait 4 sièges. Il ne serait plus que représenté par 17 députés (sur 60) à la Chambre, au lieu de 21 aujourd'hui. Le DP, avec un score très proche des élections, conserverait ses 14 députés.

En gagnant 2 sièges, l'ADRserait le grand gagnant et monterait à 7 députés au parlement. Du jamais vu. Le sens du vent qui tourne est ainsi donné. Le LSAP, plus grand parti d'opposition, ferait également une bonne opération en passant de 11 à 13 sièges.

Les Verts passeraient de 4 à 5 sièges mais resteraient toujours très loin des 9 sièges dont il disposaient avant leur naufrage des élections d'octobre 2023. Les Pirates devraient renoncer au 3e siège acquis lors des élections par Ben Polidori qui est passé chez les socialistes entretemps. Déi Lénk continueraient de gagner en popularité, mais sans nouveau siège à la clé.

Le gouvernement actuel CSV-DP ne compterait plus que 31 sièges, contre 35 actuellement.

Pourquoi les électeurs sanctionnent-ils le CSV?

Pour comprendre la redistribution des voix issue de ce sondage, l'Ilres a posé quatre questions plus ciblées portant sur l'absence d'accord entre les partenaires sociaux suite à la Table ronde sociale portant sur la réforme des retraites, sur les horaires d'ouverture des commerces, l'avortement et les dépenses militaires.

À la question de savoir si "le gouvernement a eu raison de prendre des décisions concernant les pensions sans qu'un accord ait été trouvé lors des discussions avec le patronat et les syndicats?", 63% des électeurs ont répondu qu'ils n'étaient pas d'accord. Les jeunes actifs de 25 à 44 ans y sont même opposés à 72% ! Dans l'ordre, les électeurs de déi Lénk, du LSAP, de l'ADR et des Pirates, sont les plus mécontents.

Qu'est-ce qui a déplu aux électeurs au point de sanctionner ainsi le CSV ? "C'est le fait de parvenir à un accord et de ne pas se voir imposer finalement des décisions qui seraient prises uniquement par le gouvernement", résume Thomas Crépon.

Mais les électeurs n'ont pas apprécié, pour autant la réaction du front syndical composé de l'OGBL et du LCGB, qui a décidé, dans la foulée, de quitter le Comité permanent du travail et de l'emploi: 50% des électeurs ne sont pas d'accord, contre 42% qui trouvent que c'est une bonne solution. "Ça démontre que les Luxembourgeois sont attachés à l'accord tripartite et à la capacité de trouver des décisions collégiales sur ces phénomènes sociétaux et plus particulièrement sur la réforme des pensions", note Thomas Crépon.

70% des Luxembourgeois se disent favorables à l'inscription de l'avortement dans la Constitution. "C'est transgénérationnel. Combien même les jeunes sont encore plus favorables à cette inscription, on a quand même une majorité de personnes de 65 ans et plus, qui y sont également favorables. C'est aussi transpartis puisque quel que soit l'orientation politique, on a une majorité qui y est favorable", explique Thomas Crépon.

68% sont pour l'augmentation des dépenses militaires face au contexte international et la guerre en Ukraine. Les plus âgés sont encore plus en faveur de l'augmentation des dépenses.

Sur la question de savoir si les commerces devraient rester ouverts plus longtemps le soir en semaine et le dimanche, l'électorat est divisé en deux. 49% le souhaitent (les plus jeunes et les jeunes actifs) et 48% s'y opposent (les électeurs après 45 ans).

Ce sondage a été réalisé entre le 15 et le 29 septembre 2025 par téléphone et en ligne auprès de 1.825 personnes en âge de voter. 1.151 interviews ont été faites par téléphone, 302 sur des téléphones fixes et 849 sur des téléphones portables. 674 interviews ont été faites sur internet.

Retrouvez tous les détails sur le site de l'Autorité luxembourgeoise indépendante de l'audiovisuel Alia.lu.

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