Si les Luxembourgeois votaient ce dimanche, la coalition CSV-DP au pouvoir, perdrait des sièges, l'opposition serait renforcée, et les Pirates quitteraient le parlement! Découvrez ce que serait la nouvelle répartition des forces politiques au Luxembourg.

Un an à peine après les élections législatives du 8 octobre 2023, la donne politique serait déjà très différente au sein du parlement luxembourgeois. Mais elle ne chamboulerait pas fondamentalement le rapport de force entre la coalition CSV-DP en place et son opposition.

Si le vent serait un peu plus favorable au LSAP, aux Verts (les grands perdants de 2023) et à l'ADR, les électeurs sanctionneraient clairement les Pirates, au point de faire couler leur navire. Voilà en résumé, ce que révèle ce nouveau sondage du dimanche ("Sonndesfro") réalisé par Ilres pour RTL et le Wort.

Redistribution des cartes, CSV et DP bien servis

Les deux partis au pouvoir emmenés par le tandem Frieden-Bettel y perdraient des plumes. Mais pas vraiment de poids. Puisque CSV et DP conserveraient une majorité un peu moins confortable (33 sièges au lieu de 35), mais toujours suffisamment large pour ne pas être contestable.

Le CSV, de retour au pouvoir après une décennie de disette, resterait, de loin, le plus grand parti siégeant à la Chambre. En cumulant 28,9% des voix (0,9% de moins qu'aux élections législatives d'octobre 2023) et 20 députés, soit un de moins qu'actuellement.

Le DP perdrait également de petites plumes (0,3% des voix par rapport aux élections législatives), mais aussi un siège pour n'en conserver que 13. De sorte que le DP se retrouverait soudainement au coude-à-coude avec le LSAP, son ancien partenaire de coalition, resté sur le carreau après les élections d'octobre 2023.

Cet effritement de la confiance envers les partis au pouvoir depuis moins d'un an, peut être lu comme une déception d'une partie de son électorat dans un contexte dominé par l'inflation. Le gouvernement  a bien annoncé toute une série de mesures (allègement des impôts, plan d'action pour le logement, lutte contre la pauvreté, etc.) mais les effets tardent à se faire ressentir.

Une partie des électeurs sanctionnent peut-être aussi le gouvernement dans sa gestion de crises, comme celle de l'affaire Caritas -Luc Frieden a fait un mea culpa sur la forme- le ping-pong sur l'interdiction de la mendicité ou encore le manque de dialogue social dans le dossier des conventions collectives.

Dans l'opposition, le LSAP et les Verts se requinquent 

Si on votait ce dimanche, le LSAP et déi gréng ressortiraient ragaillardis des élections. Tous deux remporteraient 1,8% de voix en plus. Le LSAP serait le gagnant du suffrage puisqu'il se positionnerait comme le second parti du pays avec 20% des votes, contre 18,9% pour le DP. Mais les deux seraient représentés par 13 députés au parlement.

Plombés par la perte sèche de cinq de leurs neuf sièges au parlement, déi gréng avaient touché le fond après les élections législatives de 2023. Selon ce nouveau sondage du dimanche, les Verts, anciens partenaires de coalition du gouvernement Bettel-Lenert-Bausch se requinqueraient. Les électeurs luxembourgeois leur feraient bien plus confiance qu'il y a un an en les créditant de 10,1% des voix et de deux sièges supplémentaires à la Chambre. Ils repasseraient à 6 sièges.

L'ADR serait un autre gagnant en obtenant 10,7% des voix. Ce qui signifierait six sièges pour le Parti réformiste d'alternative démocratique. Soit deux de plus qu'en octobre 2018. L'ADR deviendrait la quatrième force politique du Luxembourg en nombre de suffrages.

Quant à déi Lénk (La gauche), elle resterait stable et conserverait ses deux sièges à la Chambre.

Le bateau des Pirates coulé

S'il y avait des élections dimanche prochain, les pirates couleraient. En quelques mois, les Pirates ont sombré dans l'opinion publique luxembourgeoise. Au point que les électeurs ne leur accorderaient plus que  3,2% des voix (contre 6,7% en octobre 2023) c'est-à-dire le plus mauvais score depuis... octobre 2018.

Alors qu'ils plafonnaient à plus de 11% dans les sondages en novembre 2021. Il y a moins de deux ans. La sensibilité politique montante (les Pirates avaient gagné un siège aux élections législatives) perdrait tout simplement ses trois sièges à la Chambre.

RTL

© Romain Ney

La déconfiture des Pirates n'est pas une surprise. Elle s'explique. Depuis l'été, le parti a accumulé les déboires et les gros titres laissant apparaître un parti en rupture de confiance interne qui avait provoqué le départ surprise du jeune député Ben Polidori à la mi-juillet, et le départ de la conseillère communale de Luxembourg, Marie-Marthe Muller, fin septembre, tous deux vers les rangs du LSAP.

Au grand dam du chef des Pirates, Sven Clement, fustigeant l'attitude des "matelots" qui quittent le navire en pleine tempête nourrie par le dossier "MALT". Du nom de l'application de traduction développée par les Pirates pour l'Office national de l'accueil qui réclame aujourd'hui de l'argent aux Pirates

Cette enquête a été menée entre le 23 et le 30 septembre 2024 après de 1.872 électeurs luxembourgeois interrogés par téléphone et en ligne. 1.147 entretiens ont été réalisés par téléphone, dont 297 via numéros fixes et 850 via mobiles. 725 entretiens ont été menés en ligne. Les détails sur la méthodologie utilisée sont consultables sur Alia.lu