
L'un des deux députés Pirates encore présents à la Chambre a déclaré à RTL qu'il fallait éclaircir la situation et réinstaurer la confiance aux membres du parti, sinon cela pourrait être la fin des Piraten au Luxembourg. Le patron du parti, Sven Clément, rétorque fermement.
"Nous traversons en ce moment une phase très compliquée" a ainsi décrit Marc Goergen la situation dans laquelle se trouve son parti, les Pirates.
Il s'est dit "attristé" du départ du troisième député élu au Parlement Ben Polidori qui, selon lui, n'était pas à l'aise avec le traitement qu'il recevait de la part de Sven Clement.
L'ancien parlementaire évoque des "raisons liées à la vie de la sensibilité, comme à l'évolution récente vécue au sein de la sensibilité politique Pirates". À ce sujet il explique encore qu'"il y a eu des divergences concernant la gestion interne, comme la méthode de prise de décisions".
Sans équivoque, Marc Goergen avoue une "rupture de confiance" entre les Pirates, lors d'une interview accordée à RTL ce vendredi matin.
En plus du claquage de porte de Ben Polidori, qui a provoqué une onde de choc dans le monde politique luxembourgeois, une autre affaire est venue fragiliser les rangs des Pirates. Le dossier MALT.
Il s'agissait d'une application de traduction que le parti pirate avait fait développer par la société Clement&Weyer pour l'Office national de l'Accueil dans le cadre de la crise des réfugiés. Depuis l’ONA réclame un remboursement. Alors que Marc Goergen estime que les personnes qui ont reçu de l'argent doivent le rembourser, Sven Clement s'y refuse et veut que le parti rembourse l'argent.
Pour Marc Goergen, "on a trop longtemps regardé sans rien faire, il est temps d'éclaircir le dossier et de faire le nettoyage".
Le député n'était pas en mesure de déclarer à RTL s'il souhaitait quitter le parti ou continuer: "et quant à Sven Clement, lui seul peut décider de son propre sort".
Déclaration de guerre
De son côté, Sven Clement avait invité la presse afin de prendre position face aux critiques de son co-député Marc Goergen: "Je l'ai défendu depuis des années, j'ai tenté de sauver la face suite à ses actions qui ont souvent divisé le parti et j'ai dû consoler bien des membres après ses menaces, manipulations, intrigues et autres mensonges", a déclaré Sven Clement.
La guerre est donc officiellement déclarée entre les deux députés encore présents à la Chambre: "J'ai également observé ce cirque sans intervenir", prévient Sven Clement: "Il utilise tous ces stratagèmes pour m'attaquer personnellement, cela ne me surprend que légèrement, mais je ne céderai pas si facilement".
Interrogé sur l'accusation de Goergen selon laquelle, dans le dossier de l’application de traduction MALT, il aurait utilisé le parti pour se mettre de l’argent dans la poche, Sven Clement a répondu: "Je conseille à Marc Goergen de faire bien attention à ce qu'il impute aux autres, car nous avons des preuves qu'il s'est plus qu'enrichi grâce au parti".
"Soit tu es pour moi, soit tu es contre moi"
Sven Clement a présenté une partie de ces documents lors d’une conférence de presse vendredi en début d’après-midi. "C'est une situation qui n'est bonne ni pour le parti pirate, ni pour les personnes impliquées, ni pour la politique en général, si l'on ne travaille plus avec des faits", selon Sven Clement.
Ce n’est pas facile pour lui d’en parler, car il a longtemps regardé Marc Goergen intimider des membres du parti, dont Jerry Weyer et Laurent Kneip. Il a toujours soutenu Marc Goergen en public, en dépit de ce qu’il savait. Avec Marc Goergen, l’ambiance de travail était toxique, c’était toujours: "Soit tu es pour moi, soit tu es contre moi", d’après Sven Clement. N’étant pas intervenu, il porte aussi une part de culpabilité, selon lui.
Quant à ses liens personnels avec diverses sociétés, ce n'est un secret pour personne qu'elles travaillaient pour le parti pirate et étaient par conséquent payées pour cela, a indiqué Sven Clement lors de sa conférence de presse. Ainsi, Clement&Weyer a perçu 40.500 euros. Dans le même temps, le parti aurait également versé ces dernières années environ 71.000 euros à deux sociétés de Marc Goergen, qui ont toutes deux fait faillite depuis, selon le député pirate. Mais Marc Goergen aurait aussi tiré un profit financier personnel du parti et il en aurait retiré plus d'argent qu'il n'en aurait investi. Il aurait également utilisé la carte visa du groupe parlementaire à des fins non professionnelles, par exemple pour régler des repas le week-end, des rendez-vous chez le coiffeur ou encore des contrôles et des réparations de sa voiture, toujours d’après Sven Clement.