Nora Back s'exprime lors de la conférence de presse qui s'est déroulée à la Chambre des salariés le 11 septembre 2025 / © Gaël Arellano/ RTL Luxembourg
La dernière table ronde qui a réuni les partenaires sociaux semble avoir été un point de rupture. "Il n'y pas eu de négociation", s'est indignée Nora Back ce jeudi. Et l'Union syndicale ne compte pas en rester là. Retraites, travail dominical et conventions collectives: tous les dossiers restent sur la table.
La rupture est consommée entre les syndicats et le Premier ministre. Les représentants de l’OGBL et du LCGB sont revenus ce jeudi sur la table ronde qui a eu lieu au château de Senningen la semaine dernière. "Un traquenard", nous confiait une source syndicale avant la conférence de presse prévue à la Chambre des salariés. D’après cette source, le gouvernement n’était pas venu avec l’intention de négocier.
Le front syndical, composé de l'OGBL et du LCGB, a décidé de quitter le Comité permanent du travail et de l'emploi (CPTE), une décision qui sera discutée au sein du Conseil des ministres de ce vendredi, qui devra décider des suites de ce claquage de porte par l'union syndicale suite aux négociations infructueuses de ces dernières semaines.
Le ministre du Travail (CSV) a confié à RTL que les autorités ne communiqueraient qu'après ces entrevues en interne. Les partis représentés à la Chambre ont été plus rapides en déplorant la décision de l'union syndicale et en espérant que "le modèle social luxembourgeois ne soit pas déjà mort et enterré".
Une déclaration confirmée par la présidente de l’OGBL qui n’a pas mâché ses mots ce jeudi. "Nous n’avons plus confiance en ce gouvernement", a-t-elle lâché d’emblée. La syndicaliste a dénoncé les méthodes du Premier ministre qui n’aurait, d’après elle, à aucun moment cherché à trouver un accord. "Avec lui (Luc Frieden), c’est consulter puis décider (…) On est habitués aux désaccords et aux discussions/négociations animées, mais ça, on ne l’avait jamais vu. La ligne de ce gouvernement c’est : nous allons agir comme nous le souhaitons", a-t-elle continué.








































Nora Back affirme que cette manière d’opérer est devenue une habitude sous la coalition CSV-DP. "Ils sont en train de détruire 50 ans de modèle social", a-t-elle martelé. Elle a comparé la ligne du gouvernement Frieden à celle de la Macronie. "Ce n’est jamais bon quand un dirigeant pense qu’il peut diriger le pays tout seul, on voit bien ce qu’il se passe en France", a-t-elle déclaré.Le plan d’action présenté la semaine passée, s’il constitue une amélioration par rapport au premier projet de réforme de la coalition en place, aurait été décidé "unilatéralement". "Le Premier ministre l’a sorti de son chapeau (comme un magicien avec son lapin) et nous a mis devant le fait accompli", a commenté Patrick Dury.
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Cette décision, rappelons-le, doit déboucher sur un projet de loi qu’il aimerait faire passer par la Chambre des députés avant la fin de l’année. "On ne croit plus aux négociations", a annoncé le président du LCGB avant d’assurer que les syndicats "ne mèneront pas une politique de la chaise vide" pour autant. Ils feront désormais valoir leurs revendications publiquement et s’adresseront directement aux ministres compétents, en espérant qu’ils agissent en conséquence. Une manière pour les syndicats de contourner ce qu’ils ont décrit comme la politique de fer du Premier ministre.
Des syndicats dans la rue les trois prochaines années?
Luc Frieden serait à l'origine d'un "changement de paradigme" quant à la relation du gouvernement avec les syndicats / © SIP / Frédéric Sierakowski
Une politique qui serait en train de plonger le pays "dans la plus grande instabilité que le pays ait connu depuis la dernière guerre", affirme Patrick Dury. Dans une déclaration teintée d'ironie, il a rappelé avoir participé "à quelques tripartites" et connu "quelques Premiers ministres" au fil de son parcours. Il estime, du haut de sa longue expérience, que la manière de gérer les désaccords de M. Frieden relève "du jamais vu". De quoi garantir que les syndicats soient "souvent dans la rue"durant les trois prochaines années soit, jusqu’à la fin du mandat actuel de la coalition CSV-DP.
Il faudra un véritable volte-face du Premier ministre pour que les syndicats reviennent à la table de négociations. En attendant, l’Union Syndicale a annoncé qu’elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour entraver cette politique qui va à l’encontre "des intérêts des salariés en matière de droit du travail". L’éventualité d’une grande mobilisation dans les rues de la capitale n’a pas été écartée mais ce ne sera probablement pas pour tout de suite. Affaire à suivre.