
“Nous nous sentons entravés au niveau des antennes ambulatoires. Des équipements pour IRM, scanners et radiographies sont prêts à la Cloche d’Or depuis des mois, mais nous ne pouvons pas les utiliser”, a indiqué mardi sur RTL le Docteur Marc Berna, directeur général des Hôpitaux Robert Schuman (HRS) et vice-président de la Fédération des hôpitaux. La faute en incombe aux négociations difficiles sur le montant forfaitaire avec la Caisse nationale de Santé, qui durent déjà depuis deux ans.
En moyenne, les patients attendent “20 à 40 jours pour obtenir un examen par IRM” au Luxembourg. C’est dû d’une part au fait que “la population est en constante croissance et” d’autre part au fait qu’”elle vieillit”. Par conséquent “les besoins augmentent, mais les capacités ne suivent pas”. C’est pourquoi “la Fondation des Hôpitaux Robert Schuman a équipé une antenne pour la radiologie, qui disposera bientôt aussi d’un mammographe”. La Fondation veut “amener à une amélioration du système et ne recherche pas le profit à tout prix. Elle n’y est pas autorisée non plus en tant que fondation”, explique le Docteur Marc Berna.
Bien sûr, ce serait également une excellente idée que l’ensemble du système d’imagerie médicale soit centralisé à l’échelle nationale, mais “en termes de numérisation dans le secteur de la santé, le Luxembourg n’est pas très avancé”. “Techniquement, cela constituerait aussi un défi considérable”. Rien qu’aux HRS, 180.000 examens d’imagerie médicale sont réalisés chaque année. Actuellement, il faut appeler chaque hôpital pour trouver où passer le plus rapidement un examen du type radio, scanner ou IRM.
Ces derniers mois, de nombreux patients se sont inquiétés de ne pas obtenir de rendez-vous chez des spécialistes. C’est d’une part parce qu‘“il n’y en a tout simplement pas assez au Grand-Duché”, et d’autre part, que ceux qui sont ici ne sont “pas suffisamment connectés aux généralistes”. Il faut “créer un écosystème qui permette d’attirer plus de médecins au Luxembourg dans les spécialisations où c’est nécessaire”, et “ce n’est pas une question de rémunération”, indique le Docteur Berna. Le plus gros problème est que “les jeunes générations ont peur de s’installer en tant qu’indépendants”, et il faut changer cela et éventuellement “créer un cadre sécurisant, où ils puissent poursuivre leur activité, non seulement à l’hôpital, mais aussi en-dehors de l’hôpital”.
En matière de charge de travail, “le personnel soignant semble être dans une spirale infernale. Il ne s’agit pas seulement d’une affirmation, cela se mesure aussi aux Hôpitaux Robert Schuman”.
“Le fait que la charge de travail soit plus importante se reflète dans le nombre d’heures supplémentaires, mais aussi dans l’absentéisme, qui est en hausse, c’est-à-dire de plus en plus d’employés qui sont malades et en arrêt maladie. Cela a pour conséquence que les autres doivent travailler davantage et c’est une image négative pour le secteur.”
Il faut donc rendre la profession plus attractive. Il faut surtout retirer aux infirmières et infirmiers des tâches administratives afin qu’ils puissent passer plus de temps au chevet des patients. C’est précisément la raison pour laquelle les HRS lancent désormais un projet pilote visant à “augmenter le “Patient Face Time”, c’est-à-dire le temps d’interaction directe avec le patient”. Pendant 18 mois, 20 employés à temps plein seront mis à disposition à l’hôpital pour assumer plus de 40 tâches identifiées autour des infirmières dans les services, ce qui représente 136 heures de travail par semaine pour les infirmières et infirmiers. Ensuite, il faudra “en mesurer les effets sur les salariés, mais aussi les effets sur les patients et les conséquences financières”. “On suppose aujourd’hui que si les gens peuvent travailler dans de meilleures conditions, les patients peuvent être mieux soignés et, par exemple, qu’il y a moins de chutes, moins d’escarres...”