
Les dépenses financières engendrées pour l’État, la base légale et l’efficacité des tests de masse ont été analysées par la Cour des Comptes. L’État avait alloué un total de 160 millions d’euros pour les trois phases de tests (du 27.04.2020 au 15.09.2020, puis du 16.09.2020 au 24.03.2021 et du 25.03.2021 au 15.09.2021).
La Cour des Comptes critique notamment le fait que les postes budgétaires n’aient pas toujours été clairement classés, mais aussi le fait que les Laboratoires Réunis aient obtenu le marché des tests de masse en dehors d’une procédure publique, de même que le manque d’efficacité du “Contact Tracing” après les tests ainsi que la surcapacité des centres de tests pendant les trois phases.
Le Docteur Gérard Schockmel, infectiologue et député DP, avait déjà affirmé pendant l’épidémie, alors qu’il n’était pas encore un élu, qu’avec la stratégie de tests à grande échelle, de l’argent avait été jeté par les fenêtres.
Au début de la pandémie, l’Organisation mondiale de la Santé, l’OMS, avait appelé les Etats à beaucoup tester. Interviewé jeudi sur RTL, Gérard Schockmel a affirmé qu’il était aussi favorable aux tests, mais pas “à l’aveugle":
“Il y avait si peu de contacts positifs et il s’agissait de découvrir ceux qui étaient asymptomatiques. Si l’on regarde un contact positif d’un cas asymptomatique, ils ne sont pas transparents dans leur publication. Mais j’ai calculé, d’après ce qui y figure, que nous avions peut-être 65 contacts positifs de personnes infectées asymptomatiques. 65. Si vous savez que tout cela a coûté 34 millions, alors nous avons dépensé 500.000 euros pour un seul contact positif d’une personne infectée asymptomatique”.
Selon le Docteur Schockmel, il aurait plutôt fallu tester de manière plus ciblée, par exemple les personnes âgées dans les maisons de retraites et de soins. “Nous savions déjà que les personnes âgées avaient la mortalité la plus élevée. Si nous avions effectuer des tests ciblés sur les personnes âgées, dresser un cordon sanitaire autour des personnes âgées, nous aurions alors probablement pu sauver des vies, beaucoup plus de vies”, estime l’infectiologue. Il indique toutefois aussi que c’est ce qui a été fait ensuite, mais “nous l’avons fait beaucoup trop tard, peut-être un an plus tard.”
Dans le rapport de la Cour des Comptes, il est également question de la manière dont les marchés des tests à grande échelle ont été attribués exclusivement aux Laboratoires Réunis, et du fait qu’il ne s’agissait pas d’un appel d’offres public. C’est pour ce motif que le laboratoire Bionext avait porté plainte contre l’Etat en 2021. S’il s’agit d’une question d’intérêt général, le Laboratoire national de Santé, aurait dû être impliqué, estime Gérard Schockmel:
“Le Laboratoire national de Santé a bien entendu un mandat et le laboratoire national de Santé n’a pas non plus de but lucratif. Ensuite nous avons des institutions établies dans les hôpitaux. Les laboratoires hospitaliers sont tous accrédités pour effectuer des analyses PCR. Et puis nous avons trois laboratoires privés qui sont également tous accrédités. Cela signifie que l’on aurait pu utiliser la structure existante des hôpitaux, des laboratoires privés, du Laboratoire national de Santé, sans mobiliser massivement les gens pour qu’ils se rendent à différents endroits pour se faire tester.”
Le député critique également le fait qu’il aura fallu des mois à la Cour des comptes pour obtenir les données nécessaires à la réalisation des analyses. Cinq ans après le début de la pandémie, c’est un peu tard.
Lors de la dernière réunion de la commission de l’Exécution budgétaire, les députés ont seulement pu discuter de la première phase de tests et pas encore des phases 2 et 3 du Large Scale Testing. Ils ont cependant déjà pu constater que les postes budgétaires avaient été définis de manière plutôt vague. La prochaine réunion de la commission aura lieu le 10 mars.