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Dans l'interview accordée à RTL dans le cadre de la visite du pape au Luxembourg, le cardinal Jean-Claude Hollerich a réagi aux griefs de Carole Reckinger, employée chez Caritas.
Dans le contexte de l'affaire Caritas, Carole Reckinger a déclaré lundi sur RTL que l'Eglise n'a fait preuve d'aucune empathie à l'égard du personnel de l'association et n'a pas cherché à le contacter.
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“Ni le directeur ni la présidente de la fondation ne sont venus me voir pour m'expliquer. J'ai seulement reçu un email de quelques lignes. C'était tout", dit le responsable de l'Eglise catholique au Luxembourg. Ensuite, Christian Billon, président du comité de crise jusqu'à récemment, est venu le voir à deux reprises. “Mais au début, la communication était tout à fait inexistante. C'est-à-dire si Caritas se perçoit de manière si religieuse, pourquoi personne n'est venu auprès l'évêque pour en parler avec nous?”
Il ne voulait pas foncer bille en tête, a répondu le cardinal Hollerich à la question de savoir s'il n'a pas eu l'impulsion de prendre lui-même contact.
Pas d'argent pour aider Caritas
La fondation Caritas est plus grande que l'évêché, avec beaucoup plus d'employés.
“Et nous n’avons jamais eu 61 millions disponibles quelque part pour pouvoir les transférer. On parle là d’un tout autre ordre de grandeur.” Le propre personnel de l'évêché, que l'Église paie elle-même, gagne parfois beaucoup moins que le personnel de Caritas. Avec son patrimoine, l'Eglise doit rémunérer son propre personnel. C'est pourquoi il n'a pas d'argent pour aider Caritas, explique le cardinal. “Si j'en avais, je le lui donnerais volontiers. (...) Je ne peux pas conduire à la faillite de l'Église pour sauver Caritas.”
Le diocèse a annoncé transférer toutefois 310.000 euros "pour prendre en charge les engagements de Caritas envers ses collaboratrices et collaborateurs au Sud-Soudan". “Mais nous ne donnerons pas cet argent pour couvrir des déficits de quelque-chose qui va de toute façon voler en éclats.” Pour cela, nous avons encore été sollicités, mais pas pour le nouveau projet(l'organisation HUT, ndlr), regrette Jean-Claude Hollerich.
L'espoir que les chrétiens se retrouveront pour le plaidoyer politique
L'évêché est trop petit pour assumer le rôle de plaidoyer politique, qui est en train de se perdre avec Caritas et qui ne devrait pas avoir de place dans la nouvelle organisation HUT. En tant qu'évêque, il doit se comporter de manière neutre, il ne lui est pas autorisé de s'exprimer sur la politique au quotidien. Le cardinal dit cependant qu'il serait heureux si les chrétiens s'unissaient pour reprendre la bonne critique sociale que menait Caritas. Il les soutiendrait s'ils le souhaitaient.
Dans l'interview accordée à RTL, le cardinal Hollerich déplore aussi un certain “Caritas Bashing” depuis qu'a été révélée l'arnaque financière. “Parfois, chez nous, tout ce qui concerne l’Église, c’est-à-dire le christianisme, semble être d’une manière ou d’une autre mauvais."
Caritas a réalisé un super travail au Luxembourg. À ce jour, Jean-Claude Hollerich ne parvient pas à expliquer comment ce crime colossal a pu se produire.