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Le logement est au centre de tous les programmes électoraux. Tour d'horizon des solutions proposées par les huit principaux partis politiques pour résoudre la crise du logement au Luxembourg.
C'est la préoccupation numéro 1 des résidents luxembourgeois. Après des années de hausses de prix infernales, le marché de l'immobilier se confronte aujourd'hui à de nouvelles problématiques.
Taux d'intérêt élevés, activité en baisse, croissance démographique: les partis politiques tentent d'apporter des réponses aux questions que les électeurs se posent désormais quotidiennement.
CSV: "construire plus" coûte que coûte

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La stratégie logement du CSV peut être synthétisée en quelques mots: on sort les bulldozers, on rase et on construit. Le programme électoral du parti chrétien-social est d'ailleurs très clair.
Il faut "construire plus, plus vite, plus haut et plus dense" tout en abolissant "les mesures de compensation environnementale" et en réduisant le nombre d'études d'impact.
Des initiatives qui s'adressent manifestement à la classe des promoteurs et des constructeurs luxembourgeois, en difficulté depuis quelques mois.
En termes de fiscalité, le CSV propose essentiellement un retour en arrière. Le parti chrétien-social entend rétablir le taux de TVA super-réduit pour la construction de logements locatifs.
Le CSV compte également soutenir les primo-accédants en rehaussant le montant du "Bëllegen Akt" à 50.000 euros et en introduisant le concept de location-achat sur le marché luxembourgeois.
Cela dans l'optique de relancer un marché du neuf qui tourne au ralenti depuis plusieurs mois suite aux hausses successives des taux d'intérêt.
Après avoir combattu les tentatives de réforme du gouvernement précédent, le parti chrétien-social affirme vouloir une taxe nationale pour combattre la spéculation.
Une taxe qui s'appliquera aux logements inoccupés et aux terrains constructibles non-mobilisés. L'impôt foncier sera également repensé si l'on en croit le programme du CSV.
À noter: le CSV veut avoir recours à des incitatifs fiscaux pour relancer le marché de l'immobilier et le secteur de la construction par la même occasion. Cependant, ce n'est rien de nouveau. C'est d'ailleurs la tactique adoptée par le CSV pendant de nombreuses années et force est de constater que la capacité de construction du pays n'a jamais vraiment progressé.
Retrouvez le programme complet du CSV en cliquant ici.
DP: construire des logements publics "en masse"

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Le DP se propose de suivre l'exemple de la ville de Vienne en construisant des logements publics en masse. "Notre objectif est de construire la quantité de logements déclarée comme nécessaire par le Statec".
Un pari osé puisqu'on sait que la construction de logements est restée très stable au Luxembourg ces dernières décennies indépendamment du contexte économique et social du pays.
Le parti démocrate compte introduire un code de la construction afin d'accélérer la cadence en se débarrassant des "procédures fastidieuses et des lois inutilement restrictives notamment en ce qui concerne la protection de l'environnement".
Il veut également soutenir les modèles d'habitation alternatifs, intégrer des logements aux zones industrielles ou encore créer des logements abordables pour les personnes en début de carrière professionnelle.
Un programme exhaustif qui va de la réforme des aides au logement à l'introduction de mesures pour encourager la location-vente ou encore le modèle de la rente viagère.
La stratégie est donc d'attaquer la problématique du logement sur plusieurs fronts en espérant que cela fera augmenter le nombre de logements et de terrains constructibles disponibles.
À noter: malgré les critiques, le DP n'a pas abandonné son projet de réforme de l'impôt foncier. De même pour l'introduction d'un impôt à la mobilisation de terrains ou de la taxe à la non-occupation de logements. "Nous mettrons la réforme prévue en œuvre et veillerons à adapter la fiscalité pour la rendre plus juste", peut-on lire dans leur programme.
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LSAP: réguler le marché pour mieux le relancer

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Si les programmes du LSAP et du DP se rejoignent sur plusieurs points, les socialistes insistent davantage sur une régulation du marché. Pour ce faire, il faudra forcément passer par la case réforme.
En effet, le LSAP souhaite une entrée en vigueur "rapide" des projets de loi relatifs à l'impôt foncier, la mobilisation de terrains et au "Baulandvertrag". Des projets hérités de la législature précédente.
Les socialistes considèrent qu'il faudra également réformer l'accès à la profession d'agent immobilier. Ils proposent notamment "d'améliorer" la formation de base et "d'imposer une formation continue" aux candidats.
La question des commissions d'agence est également évoquée dans le programme du LSAP qui veut créer un "Logementsdësch" pour traiter ce genre de sujets.
En clair, le parti socialiste veut en finir avec "l'approche financière du marché du logement". Le LSAP veut qu'un bien immobilier soit considéré comme "un lieu de vie" et pas comme "un objet de spéculation".
Pour ce faire, les socialistes comptent notamment limiter les investissements étrangers non-UE, réformer la fiscalité immobilière et acquérir des terrains en bordure des périmètres constructibles.
C'est donc par la régulation que le LSAP espère débloquer la situation sur le marché du logement au Luxembourg. Une approche qui peut paraître contre-intuitive si l'on oublie le fait que le pays dispose d'une réserve de foncier constructible impressionnante.
À noter: le LSAP a également mis l'accent sur la création de logements abordables et la simplification des procédures pour bâtir. Le parti socialiste veut également se débarrasser des frais d'enregistrements lors de l'achat d'une habitation principale.
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Déi gréng: faire grandir les trois agglomérations du pays

Une photo aérienne du site Rout Lëns à Esch / © Domingos Oliveira/ RTL Luxembourg
Les Verts veulent mobiliser du foncier afin de construire des logements abordables. Cela à l'aide des réformes présentées au mois d'octobre 2022 par la coalition gouvernementale.
Ils mettent également l'accent sur l'imposition des logements inoccupés et veulent rendre le système de la gestion locative sociale plus attractif pour les propriétaires.
En mettant ces réglementations en place, le parti déi gréng espère "orienter" le marché vers un système "plus juste" qui laisserait moins de place aux inégalités sociales.
Dans ce contexte, ils proposent de revoir "l'imposition avantageuse des plus-values dans le domaine immobilier" et d'introduire une taxe sur les plus-values résultant de décisions administratives.
Pour répondre à la demande croissante en logements, les Verts sont également d'avis qu'il faut construire plus mais pas n'importe comment.
Ils militent pour un développement démographique au sein des trois agglomérations du pays (Luxembourg, Esch, Nordstad). Pour ce faire, il faudra évidemment densifier les zones habitables.
Les Verts comptent également intervenir sur le marché de la location en révisant notamment la loi sur les loyers. Une loi qui devra notamment prendre en compte une évaluation du plafond des loyers.
Une approche sensiblement différente de celle de leurs partenaires de coalition qui n'hésitent pas à balayer certaines préoccupations d'ordre environnemental (DP) afin de pouvoir construire plus vite.
À noter: le parti déi gréng veut consacrer une enveloppe d'au moins 600 millions d'euros chaque année pour acheter des terrains sur lesquels des logements abordables seront construits. C'est bien plus que ce qui est dépensé aujourd'hui et que ce qui avait déjà été demandé par un certain Henri Kox.
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Les Pirates : louer à 10 euros le mètre carré

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Création de logement abordable, code de la construction, nouvelles formes d'habitat, simplification des procédures de construction, collaboration avec le secteur privé: ce sont des mesures reprises par une majorité des partis en lice.
Là où les Pirates se démarquent c'est dans leur vision de ce à quoi le parc de logements publics doit ressembler. Ils ne veulent pas créer un grand parc locatif public comme le DP ou le LSAP.
Les Pirates préfèrent donner accès à la propriété à un prix abordable. Cela sur un modèle similaire à ce qui se pratique déjà auprès de la SNHBM et le Fonds du Logement.
Ils veulent également dispenser de frais d'enregistrements les personnes achetant leur première habitation principale et celles qui n'ont d'autre choix que de vendre leur bien et en racheter un (divorce par exemple).
Les Pirates proposent aussi des initiatives pour aider les locataires. Ils militent pour des contrats de location plus flexibles ou encore la prise en charge des frais d'agence par les propriétaires.
S'ils n'entrent pas forcément dans le détail, ils évoquent une déduction d'impôts pour les locataires. En clair, ils souhaiteraient leur donner les mêmes avantages qu'aux propriétaires qui peuvent déduire une partie des intérêts payés sur leur prêt logement.
En ce qui concerne les logements locatifs publics, le parti pirate est d'avis que le gouvernement devrait pouvoir proposer des loyers à hauteur de 10 euros le m2.
Enfin, les Pirates considèrent qu'il ne faut pas forcément concentrer l'effort de construction sur le territoire luxembourgeois. Ils veulent mettre la Grande Région à contribution en développant de grands projets communs aux frontières.
À noter: les Pirates proposent certaines mesures qui se démarquent des autres telles que la création d'un conseil supérieur du logement composé de chercheurs, de professionnels, de propriétaires et de locataires afin d'aiguiller les décisions politiques. Ils comptent également utiliser 5% des réserves du fonds de pension pour construire du logement public. Une idée qui ne plaira assurément pas à tout le monde.
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ADR: la croissance démographique au centre du problème

© Maxime Gonzales/ RTL Luxembourg
Souvent associée à la croissance économique et à l'attractivité du Luxembourg, la croissance démographique est considérée comme un problème par l'ADR.
"Démesurée", elle poserait "des problèmes majeurs" en termes de logement. Le parti déplore d'ailleurs que les prix aient forcé de nombreux ménages luxembourgeois à "se transformer en frontaliers".
Si la problématique est soulignée, aucune solution n'est proposée afin de rapatrier les ressortissants luxembourgeois concernés. L'ADR propose cependant des mesures "afin de rendre le logement plus abordable".
Pour le parti nationaliste, il faudra forcément passer par une réduction de la TVA sur les logements locatifs, le retour de l'amortissement accéléré ou encore la révision des normes climatiques et énergétiques dans la construction.
L'ADR veut également remplacer le système du bail emphytéotique par celui du portage foncier, un concept consistant à différer l'achat du terrain pour soulager la charge mensuelle des acheteurs.
Enfin, le parti veut garantir l'accord d'un prêt logement aux personnes dont le loyer serait supérieur à leur mensualité. Cependant, dans la pratique, la balance a plutôt tendance à pencher dans l'autre sens.
À noter: contrairement à la majorité de ses concurrents, l'ADR ne formule pas de stratégie pour créer du logement abordable.
Déi Lénk: garantir le droit au logement

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Tout comme les partis de la coalition, déi Lénk considère qu'il faut créer plus de logements publics et mobiliser le foncier et l'immobilier existant. L'approche du parti de gauche est cependant plus radicale.
Il veut réserver les logements publics "exclusivement à la location" et obliger les communes à prévoir au minimum 10% de logements abordables d'ici 2030. Un projet ambitieux qui ne sera pas réalisable sans nouvelle construction.
Déi Lénk compte sur une augmentation significative du fonds destiné à acquérir des projets immobiliers et sur l'implémentation du "Baulandvertrag" pour faire avancer les choses.
Le parti de gauche veut également faire bénéficier les sociétés et associations "actives dans la création de logements abordables" du taux super-réduit de 3%. Des prêts logement sur 40 ans sont également envisagés.
Une partie considérable du programme est dédié à une réforme du marché de la location. On y parle de loyer maximal, de limitation des loyers en fonction de la classe énergétique ou encore de délais de résiliation uniforme.
En outre, déi Lénk veut mettre les frais d'agence exclusivement à charge du mandataire, réglementer l'activité des agences immobilières afin d'éviter les abus et mettre en place des commissions des loyers régionales et professionnalisées.
Le parti cherche à bousculer l'ordre établi en forçant la main à de nombreux acteurs du marché. Un passage en force qui risque de ne pas plaire à tout le monde.
À noter: aucune mesure n'est prévue pour relancer l'investissement locatif sur le marché privé. Rien de très surprenant pour un parti qui veut en finir avec "la croissance à tout prix".
Retrouvez le programme complet de déi Lénk en cliquant ici.
Fokus: une "offensive" logement tout de suite

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Chez Fokus, on veut surtout agir sur les prix des logements. En effet, dans leur programme ils annoncent vouloir éliminer les frais d'enregistrement pour les personnes qui achètent pour habiter leur logement.
"Cela réduirait le coût de l'immobilier résidentiel de 6%" note le parti qui veut faire baisser le taux de TVA à 3% pour tous les bâtiments destinés "à un usage de logement". Mais ce n'est pas tout.
En plus de faire baisser la note pour les primo-acquéreurs, Fokus veut lancer une "grande offensive de construction" basée sur un système de baux emphytéotiques dans les communes où une croissance démographique "est logique".
Le parti veut créer au moins 50.000 unités de logements sur ce modèle de financement, avec une option de prolongement du bail initial pouvant atteindre les 250 ans.
Pour y arriver, Fokus considère qu'il faut revoir les exigences liées à la construction à la baisse (isolation, pompes à chaleur, protection de l'environnement).
Fokus souhaite également la création "d'espaces adaptés" à l'installation de "Tiny Houses" et compte développer le concept des maisons intergénérationnelles afin de créer plus de logements.
Enfin, le projet d'une taxe foncière pour les terrains non-mobilisés est également plébiscitée par ce parti qui veut cependant la revoir "considérablement" à la hausse.
À noter: Fokus affirme vouloir supprimer la taxe foncière pour tous les logements à usage propre ou à louer. Une initiative qui pourrait résonner auprès de certains électeurs et qui ne devrait pas peser lourd sur le budget de l'Etat luxembourgeois.
Retrouvez le programme complet de Fokus en cliquant ici.