La mise en place du tiers-payant, promis de longue date par le gouvernement luxembourgeois, semble entrer dans sa phase finale. À condition que l'installation du matériel suive son cours.

Annoncé pour cette année 2023, le tiers sera bientôt une réalité au Luxembourg. Une fois mis en place, un patient ne devra plus payer que la part du mémoire d'honoraires à sa charge.

Surtout, ce "paiement immédiat direct" dispensera le patient de faire lui-même sa demande de remboursement auprès de la Caisse nationale de Santé (CNS). Le système informatique s'en chargera pour lui.

Et justement, le ministre de la Sécurité sociale Claude Haagen annonce que le système informatique sera opérationnel le 20 septembre. À partir de cette date, les logiciels pourront être installés chez les médecins. Pour autant que les éditeurs, c'est-à-dire les entreprises qui s'occupent des logiciels médicaux dans les cabinets, soient prêts aussi.

Qu'est-ce que ça change pour les patients?

Pour sa part, le patient n'aura pas besoin d'application particulière pour bénéficier du tiers-payant. Il règlera simplement sa part de la facture. De son côté, le médecin confirmera les actes médicaux et le paiement du patient via le système informatique. Puis se fera verser automatiquement le solde du mémoire d'honoraires par la CNS.

Les médecins généralistes seront les premiers à pouvoir être équipés du "paiement immédiat direct". Ensuite ce sera au tour des dentistes, puis le système sera également accessible pour les différentes spécialisations médicales, pour autant que les médecins soient prêts à faire installer le système.

L'AMMD reste sceptique concernant le tiers-payant

Malgré l'ambition du gouvernement, le docteur Alain Schmit, président de l'AMMD, l'Association des médecins et médecins dentistes, continue de se montrer sceptique: "Parce qu'au fond il ne s'agit pas vraiment d'une approche numérique ambitieuse. Sachant bien qu'il en existe une plus ambitieuse."

Il fait référence ici à l'application DHN (Digital Health Network), développée à l'initiative de l'AMMD. Outre le remboursement accéléré, ce système prévoit le transfert numérique de documents tels qu'arrêts-maladie ou ordonnances. Cela n'est pas possible jusqu'à présent en raison de désaccords avec les acteurs concernés. Interrogée, la CNS indique que des solutions sont recherchées.

Il est dans l'intérêt du patient, de la CNS et du médecin de participer au paiement immédiat direct, selon Claude Haagen. "Le médecin n'aura plus de frais bancaires pour la transmission de l'argent. Il aura moins de charges administratives, il disposera aussi immédiatement de l'argent."

Le paiement immédiat direct cohabitera avec le système traditionnel, c'est-à-dire qu'il sera toujours possible de payer normalement et de demander ensuite le remboursement auprès de la CNS.

Afin d'encourager les éditeurs à s'organiser pour installer le logiciel PID dans les cabinets médicaux, le ministère a évoqué une incitation de 625 euros par installation. Une douzaine d'éditeurs ont demandé une autorisation pour participer.