Dans une interview exclusive, le ministre de la Sécurité sociale nous a confirmé que le tiers payant était "le" dossier de l'année. Son ministère, la CNS et la CSS font leur possible pour le déployer cette année.
Le Premier ministre l'avait annoncé lors de son discours sur l'état de la nation: le tiers payant pour tous doit être déployé "par étape" au cours de l'année 2023. Une lourde tâche à laquelle s'affaire le ministère de la Sécurité sociale depuis des mois. Car si la digitalisation est un défi en soi, le ministère doit également accorder ses violons avec la Caisse nationale de Santé (CNS) et le Centre commun de la Sécurité sociale (CCSS).
Le but étant de permettre, à terme, aux assurés de ne pas avoir à avancer les frais qui incombent à la CNS lors de leur visite chez le médecin. Mais avant d'en arriver là, le système de la sécurité sociale doit passer par une digitalisation "très importante" indique le ministre de la Sécurité sociale, Claude Haagen. Dans une interview accordée à RTL 5minutes jeudi, il ne s'est pas risqué à donner un calendrier exact concernant le déploiement du tiers payant pour tous.
"On touche du bois mais normalement le projet sera lancé au cours de cette année et déployé successivement auprès des médecins et des différents prestataires", a-t-il déclaré avec prudence. Parce que la transition vers un système automatisé n'a rien de simple. Une leçon tirée du lancement de la procédure de remboursement accéléré qui n'a pas forcément convaincu tout le monde. En effet, au mois de juillet dernier, on apprenait que la part de demandes de remboursement digitales reçues par la CNS entre le mois de septembre 2021 et mai 2022 restait infime.
Lorsqu'il s'agit du tiers payant pour tous, le ministre sait qu'il n'a pas droit à l'erreur. Avant qu'il ne soit déployé, "il faut que ça marche à 100%" souligne Claude Haagen. "Tout se fait actuellement sur papier" rappelle-t-il en indiquant que la digitalisation de "toutes les prises en charge" selon "les règles de la nomenclature" n'a rien de simple. Le passage sans accroc du système actuel à un système intégralement informatisé est impératif si l'on veut "garantir l'accès aux soins de l'assuré" tout en garantissant "le paiement des prestataires".
C'est pourquoi le ministère va travailler "par étapes" avant d'atteindre la finalité: un tiers payant généralisé. "On va faire des tests auprès de certains prestataires. Prenons par exemple les médecins généralistes. Quand le paiement immédiat direct fonctionnera dans ce secteur, on passera à d'autres prestataires" a-t-il expliqué. On peut donc s'imaginer que le système de "paiement immédiat direct", terme affectionné par M. Haagen, sera mis en place progressivement et surtout par secteur cette année.
Si c'est le cas, le plus vraisemblable c'est que les médecins généralistes soient les premiers à adopter le système. Une information qui reste cependant à confirmer. En attendant, ceux qui préfèrent envoyer leurs demandes de remboursements peuvent soupirer: le ministre de la Sécurité sociale nous a confirmé que le système "ne sera pas banni". "Il ne faut pas oublier qu'il y a toujours des assurés qui sont habitués à l'envoi postal et qui n'ont pas les moyens de digitalisation ou qui ne veulent pas les utiliser" a-t-il conclu.
CE QUI VA CHANGER POUR VOUS

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La bonne nouvelle, c'est que lorsque la transition aura eu lieu, l'adaptation devrait être relativement simple. En effet, vous pourrez vous rendre chez un médecin ou un spécialiste et vous n'aurez qu'à payer votre part de la facture.
Fini les avances et, par extension, les demandes de remboursement. Les assurés n'auront plus à attendre, comme cela a pu être le cas pendant la pandémie, plusieurs mois pour se faire rembourser des soins.
Pour ceux qui bénéficient d'assurances complémentaires, il y a fort à parier que les procédures de remboursement seront adaptées et simplifiées. Pour en avoir le cœur net, il faudra attendre l'arrivée du tiers payant généralisé.