Au Luxembourg, les parents se plaignent souvent d'avoir des difficultés à se rendre chez un pédiatre quand leur enfant est malade. Problème: même le Ministère de la Santé ignore le nombre de ces spécialistes de la petite enfance!

Certains pédiatres ne prendraient d'ailleurs plus de nouveaux patients. En plus, à la clinique pédiatrique, les délais d'attente aux urgences seraient souvent très longs.

Au Grand-Duché, la pédiatrie fait partie des spécialisations les moins attractives. Il est cependant impossible d'obtenir du ministère de la Santé une réponse claire à la question de savoir combien de pédiatres exercent réellement sur le terrain.

A ce propos, le Docteur Serge Allard, le président de la Société luxembourgeoise de Pédiatrie, s'était exprimé avec des mots très clairs sur l'antenne de RTL en décembre:

"Nous n'avons pas suffisamment de pédiatres, très clairement pas. Et ceux qui sont là, eux, comme moi, sont déjà à l'âge, où ils songent à leur retraite. Et je pense que peu de jeunes se lancent dans la profession. Et il faut dire aussi que la population augmente beaucoup."

Dans cette spécialisation, un manque chronique est constaté depuis longtemps sur le terrain. Une lacune qu'il faudrait dans le meilleur des cas pallier par des mesures ciblées. La spécialisation en pédiatrie, tout comme par exemple celle en psychiatrie, est moins attractive que d'autres purement pour des raisons financières.

LA LISTE DU REGISTRE PROFESSIONNEL NE FOURNIT PAS UN APERCU DES CHIFFRES REELS

Même le ministère de la Santé lui-même ne peut pas dire combien il manque réellement actuellement de pédiatres pour garantir une prise en charge adéquate des enfants. Interrogé, le ministère confirme qu'il ignore si tous les pédiatres repris dans le registre professionnel, travaillent encore activement. Le droit d'exercer délivré aux médecins, l'est en effet à vie, explique le ministère de la Santé. Un médecin est donc répertorié en tant qu'actif tant qu'il n'a pas lui-même fait une demande de retrait de son autorisation. Pour avoir un aperçu plus précis, il faudrait comparer les données du ministère avec celles de la Caisse nationale de Santé. Cette possibilité n'existerait pas, est-il précisé à RTL sans plus d'explication.

De plus, les chiffres du ministère divergent. Le 22 décembre, dans sa réponse à une question parlementaire, la ministre de la Santé, Paulette Lenert, a parlé de 137 pédiatres qui exerceraient actuellement au Grand-Duché Interrogé par RTL, le ministère écrit que 127 pédiatres auraient travaillé au Luxembourg l'an dernier. Sur son site internet, la Société luxembourgeoise de pédiatrie répertorie 75 pédiatres. Nos collègues de RTL attendent toujours une réponse à la question de savoir comment pourrait s'expliquer ce fort décalage.

De l'extérieur il est donc très difficile d'avoir une vue d'ensemble précise. La question se pose alors de savoir comment un ministère veut établir, sur base de données tellement incomplètes, une stratégie future pour une meilleure prise en charge sanitaire. Une stratégie pourtant nécessaire quand on voit comment les pédiatres se démènent déjà actuellement sur le terrain. La dernière vague de bronchiolite cet hiver l'a d'ailleurs montré.

Les parents d'enfants malades sont également souvent confrontés à la question de savoir où ils peuvent le mieux faire soigner leur enfant en cas d'urgence. Selon le ministère de la Santé, des enfants peuvent en principe être accueillis dans tous les services d'urgences du pays qui sont de garde. En fonction de l'urgence, il peut arriver actuellement qu'ils doivent être transférés à la clinique pédiatrique. C'est le cas, si le jeune patient est classé dans les catégories trois à un sur l'"échelle canadienne de tri", une échelle internationale des urgences. Ceux qui sont classés dans les catégories 4 et 5. sont en principe traités dans les services d'urgences de tous les hôpitaux, en étroite concertation avec les pédiatres.

La Kannerklinik ou clinique pédiatrique du CHL assure sept jours sur sept et 24 heures sur 24, un service d'urgences pédiatriques pour les jeunes patients âgés de 0 à 15 ans. A côté, la Maison médicale pédiatrique traite les cas moins graves, qui interviennent en-dehors des horaires d'ouverture des cabinets médicaux, c'est-à-dire entre 19h00 et 22h00 en semaine et de 09h00 à 21h00 le week-end et les jours fériés.