Des milliers de nouveaux habitants, et c'est surtout dû au Luxembourg. On vous détaille pourquoi le pays est devenu indispensable pour le Grand Est et le "Nord-Lorrain".

Que serait la région Grand Est sans le Luxembourg ? Et que serait le Luxembourg sans ses frontaliers ? S'il n'y a pas de réponse possible, les deux territoires étant grandement dépendants l'un de l'autre, une chose est sûre : la région française gagne des habitants... Et c'est presque uniquement dû au Grand-Duché.

Dans un rapport sur la démographie du territoire l'Agape (l'agence d'urbanisme et de développement durable de Lorraine Nord) constate que le secteur frontalier attire beaucoup de nouveaux habitants. Alors que la population de la région Grand Est stagne depuis 2017, "le Nord-Lorrain s'affirme depuis une décennie comme l'un des poumons démographiques" de la région.

À lire également - Les frontaliers "colonisent" de plus en plus le Nord lorrain

Frontalier du Luxembourg, le Nord-Lorrain ne pèse que pour 8% de la population du Grand Est mais apporte... 86% de la croissance de cette population entre 2011 et 2022. Soit 18.000 habitants de plus sur ce laps de temps.

Bien qu'il s'étende de la Moselle à la Meuse et au sud du Pays-Haut, autour de Briey, le "Nord-Lorrain" est surtout tiré vers l'avant par ses territoires voisins du Luxembourg. Notamment le secteur de Thionville (+5.700 habitants) et de Longwy (+4.400 habitants).

La région attire du monde... mais gare aux effets négatifs

Fait intéressant, l'Agape évoque, comme la Fondation Idea, le concept "Grand Luxembourg" que nous évoquions il y a quelques temps. À cheval sur le Grand-Duché, la Belgique, la France et l'Allemagne, cette zone géographique compte désormais... plus de deux millions d'habitants. Soit 206.000 de plus en une décennie.

L'Agape met justement en garde le Luxembourg, dont la croissance démographique est dynamique mais non régulée car sa stratégie immobilière s'arrête à la frontière : son marché est devenu "prohibitif" pour de nombreux habitants, contraints de s'éloigner et de devenir eux-mêmes frontaliers. Ce qui ajoute une pression énorme sur les nouvelles zones d'habitations, les ressources naturelles et les infrastructures.

Compte tenu de l'attraction du Luxembourg sur les habitants des pays voisins, et des installations fréquentes de résidents du Grand-Duché juste derrière la frontière, le phénomène n'est pas près de s'arrêter. À condition aussi de ne pas faire du Luxembourg la "prison dorée" qu'il est déjà pour de nombreux frontaliers.