Un choix économique, mais pas seulement ! Depuis deux ans, Anne et Lawrence ont décidé de s'installer à Rédange après avoir vécu au Luxembourg où ils travaillent toujours.

Pour inaugurer notre nouvelle série, “Moi, frontalier”, RTL Infos est allé à la rencontre d’un couple franco-luxembourgeois dont le choix de vie dénote une tendance en hausse ces dernières années. Lawrence et Anne, qui travaillent au Grand-Duché et y vivaient il y a encore deux ans, ont décidé de s’installer de l’autre côté de la frontière franco-luxembourgeoise, à Rédange.

Ce choix, c'est un choix économique, affirme Lawrence. On s'est rendu compte qu'au Luxembourg les prix étaient disproportionnés par rapport à la valeur réelle des biens […] Ma compagne avait trouvé un terrain à Rédange. C’est allé très vite, on a visité, le village nous plaisait beaucoup et on s'est lancés dans l’aventure, y construire une maison.

Pour Anne, qui est originaire de Kayl, ce choix peut paraître plus difficile : “Pour les Luxembourgeois, en général, c'est un peu bizarre quand on choisit de partir […] c'est plutôt négatif. Mais moi, je suis plutôt pour faire évoluer les esprits. On quitte un pays, mais on entre dans un autre pays, et il y a d'autres choses qui se passent qui ne sont pas moins intéressantes.”

"Sans avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête avec un emprunt monstrueux"

Bizarrement, c’est pour Lawrence que cette décision a été la plus difficile à prendre. Arrivé au Luxembourg en 2014 après des études en Histoire, Histoire de l’art et Sciences politiques en Allemagne, en Italie et en France, le jeune homme originaire de Bourgogne travaille désormais au service communication du Théâtre d’Esch. Et il s’est bien intégré au Grand-Duché.

Le côté ville-frontière me plaisait, affirme Lawrence. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles j'aimais vivre ici et j'aime travailler ici. Esch est aussi réputée pour son multiculturalisme, le fait qu'il y ait 150 nationalités sur l'équivalent de 7 à 8 terrains de football, c'est quand même assez incroyable.”

Mais deux enfants, Sofia et William, qui grandissaient à vitesse grand V et un marché de l’immobilier peu engageant au Luxembourg ont contraint Lawrence et Anne à faire le choix de la France : “L'idée, c'était de réduire au maximum la durée d'un endettement, poursuit le jeune père, d'avoir un taux qui ne soit pas un taux variable, d'avoir des certitudes et de pouvoir s'offrir le luxe de changer de vie, de changer de travail sans avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête avec un emprunt monstrueux.

“Ils sont un peu surpris à l'école, ils se demandent pourquoi nous sommes là"

Anne travaille pour l’association GoldenMe à Bonnevoie et accompagne les personnes âgées afin de les aider à maîtriser les outils digitaux. Si elle est désormais plus loin de son lieu de travail, elle est satisfaite d’avoir trouvé une vie de village qui lui convient : “C'est un peu, peut-être, ce qui manquait à Esch, parce que c'était une vraie ville, une grande école avec beaucoup d'enfants, il y avait un peu moins ce côté intime, de connaître les gens et de s'engager dans sa commune. Évidemment, il y avait des appréhensions au niveau administratif. Faire des déclarations d'impôt des deux côtés, s'enregistrer à la caisse de santé française, tout cela, je n'avais pas vraiment envie de m’en occuper, on laissait traîner. C'est ça qui était un peu dur au début.

Deux ans plus tard, le jeune couple est entièrement satisfait à Rédange. Anne se réjouit de voir ses deux enfants si épanouis à l’école de la commune, même si l’apprentissage de la langue luxembourgeoise est pour l’instant mis de côté : “Ils sont un peu surpris à l'école, ils se demandent pourquoi nous sommes là, tandis que tous les autres Français, ils fuient. Ils mettent tous leurs enfants au Luxembourg. Nous, on a choisi de rester ici. Et je pense que ça valorise un peu le village, ça valorise l'école, les enseignants. Et en fait ça, on le ressent.

Une petite ombre vient pourtant noircir l’horizon de Lawrence et Anne : la fermeture annoncée de la route entre Belvaux et Rédange, et donc un accès au Luxembourg plus compliqué, qui inquiète Lawrence :  “On n’a jamais eu l’impression de traverser la frontière, Rédange est collé à Belvaux. Et avec cette fermeture, on ne pourra plus par exemple amener aussi facilement les enfants au club d’escalade à Belvaux. Je commence à ressentir les aspects négatifs du statut de frontalier.