La colère contre un projet de fermeture aux frontaliers d'une route entre Belvaux et Rédange continue de monter. Une "action de tractage" s'est déroulée vendredi vers 16h30 sur la liaison Micheville. L'organisatrice de cette action s'explique.

"On est en Europe et on ferme une route transfrontalière, c'est un comble!" s'indigne Sandrine Mlodzieniak, contactée ce vendredi par RTL Infos. Cette habitante d'Audun-le-Tiche a organisé ce vendredi, vers 16h30, une "action de tractage" sur la liaison Micheville-Belval, dans le sens Belval-Audun-le-Tiche, peu avant le premier rond-point d'entrée dans la commune française.

"On ne va pas faire de barrage filtrant, car les frontaliers sont déjà assez embêtés comme ça, ils perdent déjà assez de temps sur les routes. Donc on se mettra au niveau des zébras qui font passer de deux à une voie, là où les gens sont ralentis automatiquement, et on distribuera les tracts aux automobilistes qui le veulent" expliquait alors Sandrine Mlodzieniak, avant la manifestation.

Afin de prendre le pouls de cette manifestation, nous nous sommes rendus sur place. Le tractage a finalement débuté plus tôt que prévu... suscitant des réactions mitigées : "ça bouchonne jusqu'à Belval, c'est vraiment pas le moment de faire ça!" râle un automobiliste pressé. "Force à vous" répond en solidarité un autre frontalier. Les forces de l'ordre étaient sur place afin de sécuriser les manifestants qui tractaient sur la voie rapide et dans les environs.

Des élus locaux étaient présents, comme le 1er adjoint d'Audun le Tiche, Gilles Blasi-Toccacceli: "des études prévoient qu'il y aura à terme 500.000 frontaliers au Luxembourg, mais les investissements dans la mobilité transfrontalière restent bien en-dessous de ces enjeux. Pour une ville comme Audun Le Tiche, c'est crucial. La liaison Micheville a permis d'amortir au début le choc mais elle ne suffit déjà plus, on a près de 25.000 voitures par jour dans notre commune, et ça s'aggrave de jours en jours." La manifestation s'est achevée peu avant 18h.

L'élément déclencheur de cette mobilisation est un projet de fermeture aux frontaliers d'une route reliant Belvaux (Luxembourg) à Rédange (France). Le Luxembourg prévoit de barrer aux frontaliers l'accès au CR178, la route transfrontalière entre Belvaux et Rédange, au moyen de bornes rétractables automatiques qui ne laisseront passer que les bus, piétons et cyclistes. "Il est essentiel de souligner qu'il ne s'agit pas d'une fermeture de la frontière" précise donc le Luxembourg. De l'autre côté de cette route, Rédange a pris un arrêté de restriction de la circulation sur une petite route très fréquentée.

"Les transports en commun actuels ne sont pas adaptés aux besoins des frontaliers"

Des mesures qui font polémique et qui devraient rediriger le trafic vers une liaison Micheville-Belval qui montre déjà ses limites. Sandrine Mlodzieniak est d'ailleurs à l'initiative d'une pétition intitulée "non à la fermeture de la route entre Rédange et Belvaux" qui a déjà dépassé les 2.000 signatures.

Elle est aussi à l'initiative de la banderole installée au-dessus d'un pont qui enjambe la liaison Micheville, peu avant le rond-point d'Audun-le-Tiche. Commune qui risque de pâtir de la fermeture de la route entre Belvaux et Rédange, poursuit-elle : "Oui, il y a 4.000 véhicules qui circulent à Rédange, mais ces 4.000 véhicules là, lorsque la route sera fermée, ils viendront sur Audun, c'est automatique. Tout comme lorsqu'il y a un problème sur l'A31, les gens de Metz et Thionville se rabattent sur Audun. Notre commune est engorgée dès qu'il y a un problème ailleurs".

Le contournement d'Audun-le-Tiche avec la liaison Micheville-Belval n'a-t-il pas été pensé pour soulager Audun-le-Tiche? "Non, ce contournement a été très mal pensé, il y a plus de 10 ans. À l'époque, c'était peut-être la solution, mais ce n'est plus le cas. On nous dit que le Luxembourg ferme des routes pour que les gens prennent des transports en commun, mais ces transports ne sont pas adaptés aux besoins des frontaliers. Pourquoi les politiques luxembourgeois ne demandent pas aux frontaliers ce dont ils ont besoin? C'est bien beau de nous dire de prendre la trottinette ou le vélo, ça marche quand on a 5 ou 10 km à faire, mais pas quand c'est 30 km ou plus comme la majorité des frontaliers !"

Et d'ajouter: "Moi je prends le contournement, je me lève à 4h30 pour pouvoir être à 7h au travail à Merl, et je me dis que lorsqu'ils vont fermer, je vais me retrouver avec 4.000 véhicules en plus sur mon chemin. Si je devais prendre les solutions actuelles, le train et le bus, j'en ai pour 1h en plus. Alors que si demain on me met un bus qui part d'Audun et qui arrive au P+R à Hollerich, je serai la première dedans. Mais ce bus n'existe pas."