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Pour freiner le trafic frontalier dans les communes voisines de Belvaux (Luxembourg) et de Rédange (France) et éviter la fermeture de la route qui relie les deux, une expérimentation de six mois est en cours côté français. Explications.
"Je ne vois pas la fin de ce problème. Les travailleurs frontaliers n'en font qu'à leur tête" a largement eu le temps de constater le commandant de la communauté de brigades de gendarmerie d’Audun-le-Tiche. Ses hommes se rendent très régulièrement dans la Rue de la Côte à Rédange pour y mener des contrôles et il leur arrive de sanctionner les infractions à tour de bras. "On verbalise 10, 20, 30 véhicules en une heure. Mais il y en a autant qui suivent ! Le flux ne désemplit pas."
La Rue de la Côte "fait à peine 3 mètres de large et n'est absolument pas adaptée aux 3.000 à 4.000 véhicules qui y passent par jour. Les voitures n'arrivent pas à se croiser, c'est pas possible", témoigne avec un brin de résignation Daniel Cimarelli, le maire de Rédange. Son souci premier ce sont les riverains: "Ils sont en danger".






Les travailleurs frontaliers bravent l'interdiction de circuler mise en place dans la rue de la Côte aux heures de pointe (du lundi au vendredi de 4h à 9h en direction du Luxembourg, et de 15h à 20h dans le sens retour), quitte à écoper d'une amende de 90 euros et de perdre quatre points de leur permis de conduire. Le passage interdit dans la Rue de la Côte à Rédange leur permet de gagner une dizaine de minutes et de "shunter" la liaison Micheville pour rejoindre directement le Luxembourg via Belvaux, en venant de la D326.
L'enjeu: éviter la fermeture du CR178
Alors qu'elle avait été ouverte en 2016 pour faciliter le trafic frontalier entre la France et le Luxembourg, la D326 (Longwy-Luxembourg) "a, en fait, apporté de nouveaux automobilistes qui ne passaient pas par là autrefois", explique le maire. La rue de la Côte est aussi "malheureusement devenue une alternative trop couramment mise en avant par les plateformes de géo-guidage", note Marie-Josée Vidal, présidente du Groupement européen de coopération transfrontalière (GECT) Alzette Belval.
L'enjeu est de taille. Vu la densité du trafic qui transite par Rédange et Belvaux alors même que la liaison Micheville a été construite pour l'absorber, le Luxembourg a prévu de "fermer le CR178 au trafic motorisé transfrontalier", comme annoncé dans le Plan national de mobilité 2035.
Suite à la pétition citoyenne contre la fermeture du CR178 entre Rédange et Belvaux, une "expérimentation" est en cours dans le but d'apaiser le trafic routier dans les deux communes frontalières et pour diriger le trafic de transit vers la liaison Micheville.
Un plan d'expérimentation en trois phases
La solution alternative initiée par le GECT Alzette Belval, en partenariat avec le ministère de la Mobilité et des Travaux Publics du Luxembourg, et avec le soutien des communes de Rédange et de Sanem a été la mise en place, début octobre, de feux tricolores au niveau de la rue de la Côte à Rédange.
C'est un vrai "plan d’expérimentation" qui est en cours jusqu'en février 2026 pour enfin trouver une solution aux flux incessants de travailleurs frontaliers aux heures de pointe. Un plan en trois temps. Une première phase a eu lieu durant le mois de septembre 2025 pour mener des comptages de trafic sur huit points en France et au Luxembourg.
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La seconde phase, ce sont les feux rouges mis en place pour deux mois dans la Rue de la Côte. "On a des comptages organisés pendant cette période pour voir si l’installation des feux a un impact positif dans les communes de Belvaux et Rédange: Y aura-t-il une diminution du trafic ou non ? Et dans quelle mesure ? Mais aussi pour voir comment le report de trafic s’organise", résume Marie-Josée Vidal, présidente du GECT Alzette Belval.
Dans un dernier temps, "il y aura une phase de comptage après dépose des feux pour voir si on revient à la circulation antérieure ou si cette expérimentation a permis de détourner durablement une partie du flux de véhicules". Huit comptages routiers sont en place, complétés par les comptages pérennes qui existent sur les routes luxembourgeoises.
Des feux tricolores permanents, une option
Si l'expérience est concluante, c'est-à-dire que nettement moins de trafic transite par Rédange, alors l'installation de feux tricolores permanents "pourrait être une des options", selon Marie-Josée Vidal. À la question de savoir si la pose de bornes rétractables pour fermer le trafic motorisé est inéluctable, elle répond que "toutes les options seront étudiées".
Ce qui est une certitude, c'est que le trafic sera freiné entre Rédange et Belvaux et qu'un "filtre modal" sera mis en place au niveau de la rue de la Côte à Rédange. Mais la présidente du GECT Alzette Belva assure que le "filtre" choisi "n’empêcherait pas les résidents de Rédange d’emprunter le CR178 pour se rendre à Belvaux".
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