Étonnante double vie que celle de Gilliane Warzée, peintre reconnue qui tient à poursuivre son activité d'infirmière à l’Hôpital Kirchberg.
Des visages, Gilliane Warzée en croise de nouveaux tous les jours, des corps également, dans le cadre du service cardiologie-neurologie de l'hôpital Kirchberg. Des visages, l’infirmière en peint également, une fois qu’elle a enlevé sa blouse dans son atelier de Houdemont en Belgique. Rien ne prédestinait pourtant cette soignante par vocation à passer des heures derrière des toiles.
“Depuis que je suis petite, je voulais être infirmière, nous a confié Gilliane. Ma maman était infirmière. Ma fille aimerait bien être infirmière. Je crois que c'est une histoire de famille.”
Après des études à la Haute école provinciale de Namur, l'infirmière fraîchement diplômée intègre la clinique Sainte-Marie à Esch en 1999, avant de rejoindre l’Hôpital Kirchberg en 2017. Un métier qui épanouissait Gilliane : “Et à 28 ans, quand j'ai été enceinte de ma première fille à cinq mois de grossesse, c'était comme un réveil. Je me rappelle, je me suis levée et c'était clair dans ma tête : il fallait que je peigne.”
Les toiles s’entassent dans la maison, jusqu’à ce jour où le mari de l’artiste en herbe l’incite à aller plus loin. Gilliane candidate en 2013 au concours organisé en Allemagne par l’EVBK, Association européenne des artistes visuels de l’Eifel et des Ardennes. Elle remporte le premier prix dans la catégorie des moins de 35 ans. Et puis tout s’enchaîne, des collaborations avec des galeries, une exposition à la galerie d’art contemporain “Am Tunnel” de la Spuerkeess, une commande de portrait de Maria Teresa par le Grand-Duc Henri… La Grande-Duchesse va même parrainer en 2022 l’exposition “We Are Women”.

© Maison du Grand-Duc/Sophie Margue
Ce succès ne monte pas à la tête de Gilliane, qui tient à son métier de formation et poursuit ses allers-retours entre la Belgique et le Luxembourg : “En fait, le métier d'infirmière me garde les pieds sur terre et parfois j'ai l'impression que je suis sur des montagnes russes. Parce que parfois je passe quelques jours à l'atelier où je suis dans un univers de création. Et puis quand je reviens à l'hôpital, il faut vraiment que je me recentre [...] Le métier d'infirmière nourrit mes œuvres par les relations, les expériences de vie, comme par exemple lors du covid, quand j'ai créé les infirmières ‘Merci’.”
Ces deux œuvres, portraits d'infirmières, sont exposées dans le hall de l’hôpital. La direction a même décidé de réaliser 3.200 reproductions en aluminium et qui ont été offertes à tout le personnel des HRS et à beaucoup de collaborateurs, mais également mises en vente au profit de l’association Wheels Up, qui s’occupe d’enfants souffrant de maladies mentales.
Bref, l’artiste n’est jamais loin de la soignante, l’infirmière reste une peintre en quête d’inspiration à chaque instant. Pour s’exprimer, Gilliane a développé une technique qui lui est propre, un travail à la spatule axé sur la texture et les reliefs. Celle qui ne peint que des portraits porte un soin particulier au rendu de la couleur, en utilisant notamment des aérosols. Ses toiles peuvent être présentées en lumière naturelle mais également avec de la lumière noire, par l’usage de pigments fluorescents qui se révèlent.
“Ma vie est un équilibrage permanent, conclut Gilliane Warzée, entre ma vie d'infirmière, ma vie d'artiste et ma vie de famille. J'ai besoin des trois. Ça marche bien ensemble en fait. Mais c'est vrai que infirmière-artiste, c'est ça qui me définit.”
Découvrez le site de Gilliane Warzée

© Gilliane Warzée