Sa passion du manga, ce dessinateur français la vit aussi bien dans sa Moselle de résidence que du côté de Belval. Thierry aka Bytiddraw a changé de vie pour devenir créateur de contenus et professeur de dessin. Un destin hors norme qu’il a accepté de nous raconter…
“Tout a commencé il y a quelques années, lorsque j’étais encore électricien dans une centrale nucléaire. Donc rien à voir avec tout ce qui est vraiment milieu artistique. Et un jour, j’ai eu un apprenti qui justement passait beaucoup de temps sur son téléphone et qui, quand il me voyait griffonner par-ci, par-là, a insisté pour que j’essaye de me lancer sur les réseaux sociaux. Là, ma vie a changé, réellement.”
En août 2022, Thierry se lance sur TikTok sous le nom de Bytiddraw, une fenêtre ouverte sur sa créativité un rien frustrée : ébauches de bandes dessinées faites pour des amis, affiches de concerts, ‘Fan Arts (comprenez reproduction de personnages célèbres)… Bytiddraw n’aime pas vivre dans sa “bulle” et partage beaucoup, notamment ses techniques. Très vite, sa communauté grandit et les sollicitations s’accumulent : “Généralement les weekends, je me retrouvais dans des conventions un peu partout en France et parfois, le dimanche soir, à remballer mon stand. Et le lundi matin à 8 h, à devoir retourner à la centrale, à me remettre en bleu de travail et à continuer les travaux qui avaient été commencés.”
Il ne manquait qu’un petit coup de pouce pour que l’électricité raccroche définitivement sa blouse. Et il est venu du Grand-Duché, comme Bytiddraw le relate avec beaucoup de reconnaissance : “C’est le dessin qui m’a vraiment ouvert les portes du Luxembourg. Le Luxembourg a été vraiment l’élément, le facteur décisif sur mon choix de tenter quelque chose de nouveau. J’ai eu la chance en fait d’avoir été mis en contact avec l’Université populaire d’Esch-sur-Alzette. Ce qui était totalement fou au départ parce que je pensais que c’était totalement improbable en fait, que l’on vienne me chercher. Entre guillemets ‘un électricien’, pour lui demander de mettre en place des cours de dessin. Rien que dit comme ça, c’est totalement ‘ouf’ en fait !”
Le parcours atypique de celui qui s’est déjà fait un nom sur les réseaux séduit les responsables de l’institution luxembourgeoise : “Quand j’ai rencontré pour la première fois la direction de l’UniPop, je leur ai bien expliqué : Vous savez, moi par contre, je n’ai ni diplôme dans l’éducation, ni dans le domaine artistique. Ils m’ont dit : Non, pas de souci. Et ils m’ont justement fait passer un agrément, ce qui était déjà fantastique de leur part. Et je ne les en remercierai jamais assez.”
Désormais, Bytiddraw dispense deux types de cours à l’UniPop : dessin et bande dessinée. C’est dans ce cadre qu’il estime pouvoir faire fructifier son activité :“L’objectif, c’est de pouvoir trouver, dénicher les futurs talents luxembourgeois. Ça fait peut-être cliché, mais finalement l’art en fait, il n’a pas de frontières. Dans un pays comme le Luxembourg, je sais qu’il y a énormément de personnes qui ont du talent mais qui n’osent pas se lancer, qui pensent réellement que : ‘Je ne pourrai jamais rien faire de ça’ ou ‘C’est pas pour moi’ ou ‘Je peux pas’. Eh bien justement, je pense que ça permet vraiment aux gens de se dire : ‘Bah non, toi tu peux !’
Qui sait, le prochain Bytiddraw sera peut-être luxembourgeois…
