Pour Marie-Astrid Cauquy, la qualité de vie n’a pas de prix. Ou plutôt si, celui d’une location. Car cette frontalière a trouvé une astuce pour rester dans les limites légales du télétravail, astuce qui a un coût.
Marie-Astrid Cauquy n’est pas à une frontière près. Cette docteure ingénieure en électronique, originaire de Captieux dans le sud-ouest, est allée obtenir un PhD dans le Michigan aux États-Unis. Elle met le cap sur le Luxembourg il y a une vingtaine d’années, mais préfère vivre côté français. Après avoir officié notamment comme cheffe de projet dans les assurances, Marie-Astrid rejoint un établissement bancaire luxembourgeois en 2024. Problème : le règlement intérieur de la société ne lui permet pas de dépasser les 34 jours de télétravail autorisés par la convention fiscale entre les deux pays : “Je voyais mes collègues qui, habitant au Luxembourg, pouvaient faire deux jours de télétravail dans la semaine. Donc je me suis dit : Comment je peux arriver à avoir ces deux jours de télétravail sans pour autant habiter au Luxembourg ?”
Après un temps de réflexion, cette spécialiste du Data Management opte pour une solution originale : trouver un bureau à louer à Dudelange, à quelques kilomètres de Zoufftgen.
"Je ne vois pas beaucoup mes enfants. Je pars tôt, je pars avant qu'ils se lèvent."
“Dans tous les cas, précise Marie-Astrid, je n'allais occuper le bureau que deux jours semaine, ce qui laissait libre le bureau trois jours. Et par souci de pragmatisme et d'économie, j'ai demandé à d'autres collègues s'ils étaient intéressés."
Deux d’entre eux s’avèrent très vite intéressés, dont Vincent Hetz, gestionnaire en risques informatiques : “Ce qui a un petit peu motivé tout ça, c'est l'équilibre vie personnelle, vie professionnelle. Je ne vois pas beaucoup mes enfants. Je pars tôt, je pars avant qu'ils se lèvent et quand je rentre, je mange, on va les coucher et la journée se termine là. Une journée ici, ça change beaucoup de choses parce que, d'une part, ça me permet de voir mes enfants le matin et ce qui est formidable, surtout le soir, c'est qu’en faisant une journée normale, qui est déjà bien remplie, j'arrive quand même à rentrer tôt. Je peux récupérer les enfants, ce qui permet aussi justement de soulager ma conjointe. Et ça, ça change vraiment la vie de ce côté-là."
Évidemment, ce choix a un coût financier : la location du local s’élève à 480 euros par mois, montant partagé par les trois collègues. Mais Marie-Astrid a eu du mal à trouver la perle rare : “C'était un peu compliqué à trouver puisque nous travaillons dans le domaine bancaire, il nous fallait un bureau individuel fermé à clé, sécurisé et souvent ce que l'on trouve, c'est un bureau partagé mais en open space.”
Pour la jeune maman, une journée type de télétravail au Luxembourg lui permet de s’occuper de ses filles. Marie-Astrid n'hésite pas à faire un aller-retour Dudelange-Zoufftgen entre midi et deux pour préparer le repas de Maëlle. Elle peut également gérer les activités du soir. Une situation bénéfique pour tout le monde, estime l’employée qui se trouve plus efficace et concentrée lorsqu’elle travaille depuis son bureau personnel.
“Alors oui, c'est vrai, ça a un coût, mais par rapport au gain et à la qualité de vie que j'ai ensuite à la maison, voilà, ça, ça ne s'achète pas.”
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