Quentin Gavillet ne compte pas ses heures. Ce bénévole à l'Association des Frontaliers au Luxembourg prodigue des conseils juridiques après son temps de travail au Grand-Duché.

Travailler au Luxembourg n’était pas une fin en soi”. Si l’envie de devenir avocat était bien ancrée chez Quentin Gavillet, l’idée d'exercer au Luxembourg est arrivée un peu par hasard. Cependant, c’est loin d’être un choix surprenant pour un Thionvillois pure souche, passé par le collège-lycée Notre-Dame de la Providence. Après un Master en droit à l’Université de Lorraine, terminé en 2020, Quentin a passé le CCDL, Concours complémentaire en droit luxembourgeois, qui permet d’être assermenté en tant qu’avocat au Luxembourg. Son stage à Jurislux, étude de Pascal Peuvrel, par ailleurs président de l’Association des Frontaliers au Luxembourg, va l’inciter à s’engager d’une autre façon.

"Oh, vous revenez du Luxembourg ! Il est 19h30 et vous venez m'accueillir"

La vie de bénévole est parfois fatigante, elle est souvent gratifiante. Conscient de partager “les mêmes problématiques” que les dizaines de milliers de frontaliers qui, comme lui, chaque jour prennent le chemin du Luxembourg, Quentin s’est dit qu’il pouvait donner un peu de son temps pour les conseiller lors de permanences au siège de l’AFAL, dont il rejoint le comité en 2023.

Les gens qui viennent nous voir lors des permanences juridiques, leur premier réflexe, c'est de dire : “Oh, vous revenez du Luxembourg ! Il est 19h30 et vous venez m'accueillir. Merci beaucoup, c'est gentil, vous avez eu une grosse journée !” Et à la fin de chaque rendez-vous, on obtient des remerciements parce qu'on se dévoue finalement pour les gens et sans contrepartie. Ou en tout cas, la seule contrepartie, c’est d'adhérer à l'association pour un montant qui est dérisoire.

"Les travailleurs frontaliers n'ont aucune voix au chapitre au Luxembourg"

Pour le jeune avocat, c'est aussi une manière de montrer que c'est un "métier qui est avant tout social". Et l’heure est à la lutte pour les frontaliers qui, en plus des désagréments connus (temps de trajet, horaires…), font face à de multiples obstacles par les temps qui courent. “Aujourd'hui, affirme Quentin, on voit quand même que ça a tendance à bouger au niveau des frontaliers qui essaient de se faire de plus en plus entendre, qui finalement sont vus presque comme des travailleurs de second rang si je puis dire. C'est un peu caricatural, mais sur le principe, les travailleurs frontaliers n'ont aucune voix au chapitre au Luxembourg, si ce n'est par la Chambre des salariés et les élections de délégués. Mais ça reste dérisoire.

S’il n’est pas certain de faire toute sa carrière au Grand-Duché, Quentin Gavillet sait qu’il a aujourd’hui la chance de travailler tous les jours dans un cadre structuré pour exercer le métier qu’il a choisi. Il vit donc son activité de bénévole comme une évidence : “Je peux aussi rendre un peu ça, finalement, à mes concitoyens, en tout cas aux gens qui partagent des problématiques avec moi vis-à-vis de leur statut de travailleur frontalier.