"Une journée noire": autorités comme syndicats, qui appellent à faire grève et manifester contre les mesures budgétaires "brutales" annoncées cet été, prévoient une mobilisation massive jeudi, semblable à certaines de 2023 contre la réforme des retraites.

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

Sébastien Lecornu, après avoir promis des "ruptures sur le fond", a reçu à tour de rôle les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) dont l'entretien est prévu le 22 septembre - mais les leaders syndicaux maintiennent leur appel à la grève et à la manifestation jeudi. Leur ambition: peser sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, une première depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Mardi, plus de 250 cortèges avaient été déclarés et d'autres pourraient l'être d'ici à jeudi, a précisé cette source en soulignant qu'en 2023, les manifestations contre la réforme des retraites avaient rassemblé selon les jours entre 280.000 et plus d'un million de personnes.

La FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire, prévoit qu'un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes jeudi, dans le cadre de la mobilisation nationale pour contester les mesures budgétaires annoncées cet été, a-t-elle indiqué.

"Nos premiers chiffres font état d'un tiers de grévistes pour les enseignants du primaire de l'école publique", a expliqué Aurélie Gagnier, co-secrétaire générale et porte-parole de la FSU-Snuipp.

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Dans un communiqué commun diffusé fin août, les organisations syndicales qualifiaient les mesures avancées cet été de "brutalité sans précédent", regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue".

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ?

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", souligne Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée. Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les quatre syndicats majoritaires de la RATP, la CGT, FO, Unsa Mobilité et la CFE-CGC, ont appelé à la grève, Force ouvrière prévoyant une "journée noire" sur les lignes parisiennes.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot. "Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

Les autorités, de leur côté, estiment que la participation pourrait atteindre plus de 400.000 personnes, soit le double du 10 septembre. Elles craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges.

Après le 18, ce sera au tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.