
© Shutterstock
Selon la sénatrice Véronique Guillotin, qui a discuté avec le gouvernement, la France est en position "de force" pour négocier avec le Luxembourg et récupérer l'argent cotisé par les frontaliers pour le chômage.
Pourquoi ne pas négocier en priorité avec les pays voisins plutôt que de raboter les indemnités de chômage des frontaliers ? C'est la proposition faite par la sénatrice Véronique Guillotin (Rassemblement Démocratique et Social Européen) à la ministre du Travail, membre d'un gouvernement qui a décidé de faire des économies sur les coûteuses allocations perçues par les frontaliers.
Si l'accord sur le chômage trouvé entre le patronat et les syndicats est voté en France, les frontaliers pourraient voir leur chômage baisser d'environ un tiers.
Pour la sénatrice de Meurthe-et-Moselle, il est nécessaire "de ne pas faire porter ce déséquilibre sur les seuls travailleurs frontaliers".
Pour équilibrer l'effort, et protéger les frontaliers qui se retrouveraient pris en étau par ces indemnités rabaissées, la sénatrice rappelle que la France peut négocier avec les pays voisins. Notamment la Suisse et le Luxembourg, qui remboursent une part de chômage "très éloignée des réalités". Trois à cinq mois seulement, alors que la France indemnise jusqu'à deux ans. Pour les anciens frontaliers du Luxembourg, le surcoût se chiffre à plus de 130 millions d'euros par an.
Chômage des frontaliers : il y aura des discussions avec le Luxembourg

Véronique Guillotin, sénatrice de Meurthe-et-Moselle, lors de son échange avec la ministre du Travail sur le chômage des frontaliers.
“Êtes-vous prête à initier sans délai des discussions avec les pays voisins afin d’aboutir à des accords bilatéraux plus justes et plus équilibrés ?” En réponse à sa question, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a tenté de rassurer : "Il ne s'agit pas de stigmatiser. Mais moi je vois trois plans d'action." À savoir :
- renégocier l'accord européen qui fait indemniser les frontaliers dans leur pays de résidence,
- faire évoluer les règles de chômage en France,
- et finalement, les discussions bilatérales entre États.

Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail en France. / © Telmo Pinto / NurPhoto / NurPhoto via AFP
La ministre dit avoir prévu de se rendre à Bruxelles pour relancer les négociations européennes sur le chômage, qui rendraient le Luxembourg responsable et payeur du chômage des frontaliers. Des négociations jusqu'ici bloquées par le Grand-Duché.
Concernant le remboursement encore faible des pays frontaliers vers la France, l'Hexagone annonce vouloir rouvrir le débat avec ses voisins. "Il y a des discussions bilatérales qui vont commencer, en particulier avec le Luxembourg et la Suisse, sur ces problématiques" a confirmé la ministre du Travail. Après leur rendez-vous manqué de l'automne, le Luxembourg et la France doivent justement se rencontrer au printemps 2025.
La ministre Panosyan-Bouvet a toutefois terminé sa réponse par un "mais" : "Je pense qu'il faut voir les trois solutions en même temps." Une petite phrase confirmant que le gouvernement français mènera cette réforme et compte bien revoir les règles de chômage pour les anciens frontaliers.
À lire également - Les frontaliers sont "victimes d'une nouvelle discrimination"
Rétrocéder l'argent cotisé au Luxembourg à la France
La sénatrice Véronique Guillotin a pu conclure l'échange en rappelant que la solution bilatérale était "la plus importante et la première à mettre en avant". "Les travailleurs frontaliers n'ont pas choisi leur situation. Ils sont sur un territoire où ils vont travailler au Luxembourg, où ils cotisent auprès d'un employeur. Et je pense qu'il est urgent, et important, que le gouvernement ouvre des discussions d'État à État."
Selon la sénatrice meurthe-et-mosellane, la France est en position de force par rapport au Luxembourg."Les pays voisins ont besoin de nos travailleurs frontaliers. Ils en ont réellement besoin. Je pense que vous avez là une situation de force et de puissance pour échanger avec eux. Il est important que l'argent qui est cotisé chez eux soit rétrocédé chez nous pour un juste équilibre et ne vraiment pas faire peser cette charge" sur les frontaliers.