À travers l’association Stand Speak Rise Up!, une conseillère de la Grand-Duchesse de Luxembourg se bat pour le peu de liberté qu’il reste aux femmes d’Afghanistan.

Éric Cheysson, chirurgien et président de La Chaîne de l’Espoir, parle de “féminicide social”. Chékéba Hachemi, co-fondatrice de l’association luxembourgeoise Stand Speak Rise Up!, évoque elle “une forme de génocide en même temps qu’un pied de nez à l’Occident”.

La loi promulguée le 22 août dernier par le gouvernement taliban pour "promouvoir la vertu et prévenir le vice" régit désormais de nombreux aspects de la vie des Afghans selon la loi islamique, la charia. Le texte de 87 pages et 35 articles pénalise particulièrement les femmes, son point le plus aberrant étant qu’elle n’ont plus le droit de faire entendre leur voix.

"Devant nos yeux, elles sont en train d'être emmurées vivantes"

Pas d'odeur de parfum, précise Chékéba Hachemi, aucune odeur d'une femme. Elle n'a plus le droit de sortir accompagnée d'un homme qui n'est pas de sa lignée directe de sang. Elle n'a plus le droit de montrer aucune partie de son corps, donc tout doit être complètement camouflé. Elle n'a plus le droit de sortir un son de sa bouche. Mais ce qu'il faut savoir aussi, c'est que l'Afghanistan, ce n'est pas Luxembourg ou Paris, etc. Les maisons sont des maisons en torchis, en terre dans ce pays. Souvent les séparations dans les villes, ce sont des rideaux d'une maison à l'autre. Donc ça veut dire qu'en fait, on voit l'aberration, c'est d'aller jusqu'à dire qu'une femme n’a même pas le droit de murmurer au sein de sa propre maison.”

Depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021, la situation n’a cessé de s’aggraver en Afghanistan, en particulier pour les femmes. Quelque 69% de la population n’a pas accès aux ressources nécessaires aux besoins essentiels. Chékéba Hachemi, née en Afghanistan et qui a passé le dernier quart de siècle à se battre pour les femmes de son pays, veut alerter l’opinion : “Aujourd'hui nous sommes en 2024, c'est le pays au monde où il fait le moins bon vivre pour les femmes. Et en quoi avons-nous gagné, nous, vous, moi, n'importe quelle femme du bon côté de la planète, ici à Luxembourg, à Paris, en Europe, s’il y a un coin de la planète où elles ont tout perdu, où devant nos yeux elles sont en train d'être emmurées vivantes ?

RTL

Chékéba Hachemi - Stand Speak Rise Up! / © RTL

Cette battante, qui œuvre désormais entre Paris et le Grand-Duché, salue la capacité de mobilisation de la population luxembourgeoise : “Vous avez un ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, qui dès le 15 août 2021 était un des rares ministres européens à prendre la parole au Conseil de l' Europe. Et là, Jean Asselborn a dénoncé, en disant : ‘Qu'est-ce qu'on fait des 28 millions de femmes afghanes ?’ Et puis vous avez aussi dans ce pays la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg, qui est, dans la position où elle est je pense, je peux vraiment l'affirmer, la seule femme de sa position qui affirme haut et fort que nous ne pouvons pas aujourd'hui rester silencieux face à la terreur que vivent ces 28 millions d'Afghanes.

Ainsi, Stand Speak Rise Up! envoie de l’aide humanitaire, “la seule chose qu'on peut faire aujourd’hui”, dans un Afghanistan où le Luxembourg est mieux perçu que la France, pays “mécréant” par excellence.

Il s’agit déjà d’envoyer des denrées alimentaires pour éviter la famine, précise Chékéba Hachemi. Les gens doivent savoir qu’il existe une petite ONG luxembourgeoise qui agit sur le plan alimentaire mais également sur le plan médical. Nous aidons aussi les hôpitaux en fournissant par exemple des kits d’accouchement. C’est le pays où le taux de mortalité infantile à l’accouchement est le plus élevé au monde. Petit pays ne veut pas dire petite aide.

Un lien pour envoyer vos dons : Stand Speak Rise Up!

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