
Les primes actuelles pour les véhicules électriques fonctionnent, mais elles ne suffisent pas à faire progresser assez rapidement la mobilité électrique au Luxembourg. C’est ce que révèle une analyse d’IDEA, le think tank luxembourgeois de la Chambre de commerce. Ainsi, l’objectif du Plan national énergie-climat, qui prévoit qu’à l’horizon 2030, près de la moitié des voitures au Luxembourg soient électriques ou hybrides rechargeables, ne sera pas atteint.
Malgré des subventions substantielles, la dynamique actuelle ne permettra pas d’atteindre l’objectif. Le Luxembourg est certes encore loin des objectifs du Plan national énergie-climat, mais il est bien positionné à l’échelle européenne. Cette position s’explique surtout par un parc automobile relativement jeune, un pouvoir d’achat élevé, une forte proportion de véhicules de société et une bonne infrastructure de recharge. Les voitures électriques représentent environ 11 % du parc total. C’est donc encore très loin des 49 % prévus par le Plan national énergie-climat d’ici 2030. Il faut ajouter que, ces derniers mois, le nombre de nouvelles immatriculations a connu une croissance nettement plus lente.
Fréderic Mey, économiste chez Idea:
“C‘est le coût, mais c‘est également l’aspect d’autonomie en fait, qui parfois empêche certaines personnes de faire ce choix-là. Et alors, c’est l’aspect de recharge qui parfois est bloquant. Dans un monde idéal évidemment, tout le monde aurait accès à une borne personnelle, privée, chez soi, pour pouvoir facilement recharger son véhicule. Mais par contre, pour certaines familles, c’est plus compliqué, et donc, s‘il faut en plus se déplacer tous les soirs et mettre sa voiture à charger à une borne publique, en plus du coût et de l‘aspect pratique, ça devient évidemment un frein supplémentaire.“
L’analyse d’IDEA montre que les objectifs en matière d’électromobilité ne peuvent pas être atteints si l’on se limite à des subventions substantielles. Il faut mettre en œuvre d’autres mesures pour accélérer l’électrification du parc automobile.
“Un autre élément aussi, ça c’est aussi vraiment le coeur de notre étude, c‘est de mettre en avant l‘avantage économique dont un ménage peut bénéficier en choisissant un véhicule électrique, plutôt qu’un véhicule thermique. Une idée serait de mettre en place un outil informatique qui permettrait à chaque famille de rentrer des paramètres spécifiques liés à son ménage et sa manière de recharger éventuellement un véhicule électrique, son kilométrage annuel. Un ensemble de paramètres qui permettrait de donner un autre regard sur l’électrique par rapport au thermique.“
L’étude montre par ailleurs que, dans la majorité des cas, les voitures électriques sont moins chères que les véhicules thermiques sur une période de six ans. Sans primes publiques, la tendance s’inverse toutefois presque complètement : l’électrique devient alors, dans la plupart des cas, plus coûteux, en moyenne de plus de 4.000 euros. Les fluctuations des prix de l’énergie n’ont qu’un impact limité, selon l’analys. La différence la plus marquée concerne le leasing : pour 14 modèles sur 15, un leasing électrique est plus avantageux qu’un leasing thermique.
“Le deuxième élément est au niveau des coûts d’abattement, pour voir en fait, quels sont les coûts par rapport aux tonnes de CO2 évitées. Là on se rend compte en fait que le coût est relativement important. Donc cette approche des coûts d’abattement est pour le moment très peu, voire pas du tout utilisée au niveau des politiques environnementales au Luxembourg.“
L’étude souligne par ailleurs que l’électromobilité ne constitue qu’une partie de la mutation nécessaire en matière de mobilité. Le Luxembourg reste confronté à d’autres problèmes majeurs, notamment le trafic transfrontalier des frontaliers, la qualité de l’air et l’aménagement du territoire.
En revanche, le réseau de bornes électriques est bien développé par rapport à l’étranger. Avec environ 3.000 stations de recharge publiques dans le pays, le Luxembourg dispose pratiquement d’une borne tous les kilomètres.