
“Les jeunes vont bien au Luxembourg. Il y a trois ans, une étude a été menée sur le bien-être des jeunes de 11 à 18 ans, et nous nous situons dans la moyenne de l’UE”, a déclaré mercredi sur RTL Nathalie Keipes, la directrice du CePAS, le Centre psycho-social et d’accompagnement scolaires. “La grande majorité des jeunes se portent bien, même si l’on constate une légère tendance à la nervosité, peut-être un manque de sommeil et un sentiment de solitude, qui augmente légèrement.”
Les lycéens consultent le SePAS, le Service psycho-social et d’accompagnement scolaires, présent dans chaque lycée luxembourgeois, lorsqu’ils ont des problèmes. Il peut s’agir de “situations de stress, des troubles de l’anxiété, de conflits avec des copains, que ce soit des disputes ou du harcèlement”. Ces dernières années, ces conflits ont également acquis “une composante numérique”.
“L’usage problématique des médias progresse, c’est préoccupant car c’est une évolution qui n’est vraisemblablement pas terminée”, selon Nathalie Keipes. Il faudrait sensibiliser davantage au problème de la consommation excessive des réseaux sociaux et des problèmes d’addiction qu’elle entraîne. Cela n’a pas encore été suffisamment expliqué ni suffisamment compris.

Pour Nathalie Keipes, il faut parler aux lycéens “du fonctionnement des médias sociaux, de la façon dont ils peuvent affecter le comportement, la concentration, conduire à l’isolement et même de la régulation des émotions”. C’est surtout chez des jeunes de 13-14 ans qu’apparaissent davantage des symptômes d’addiction. “La tolérance à la frustration diminue, ces jeunes réagissent avec plus d’irritabilité et leur concentration se détériore. Les jeunes sont moins habitués aux contacts sociaux réels et leur image d’eux-mêmes et leur confiance en eux peuvent en souffrir.”
A l’école, des espaces sans téléphone portable sont importants. Nathalie Keipes fait un parallèle avec le tabac: “...comme nous l’avons fait avec les cigarettes il y a vingt ans. Il n’est plus permis de fumer dans les restaurants et même dans les bâtiments publics, parce que c’est important pour la santé.” Il convient de “délimiter ces espaces, afin que cela soit institutionnalisé au quotidien.” Les élèves doivent également être sensibilisés. Les parents doivent donner l’exemple et ne pas être en permanence sur leur téléphone, car “les enfants sont le reflet de leurs parents”. Ils doivent faire attention à ce qu’utilise leur enfant: “aucun écran avant trois ans, pas de smartphone personnel avant 12 ans, de 12 à 14 ans, essayer de parler avec eux des réseaux sociaux.”. Les parents doivent toujours parler avec leurs enfants et voir l’utilisation qu’ils font de leur portable ainsi que le temps qu’ils l’utilisent.
Le mobbing ou harcèlement présente “des niveaux de gravité très variables” pouvant aller des insultes verbales à la violence physique. Il est important que l’école intervienne toujours lorsqu’un élève ne va pas bien. Tous les cas de violence doivent être signalés à la police, parce qu’il faut réagir immédiatement. “Si nous sommes dans des situations où il y a de la violence physique - des scènes de violence physique peuvent même circuler sur Internet, ce qui a également un impact sur les jeunes concernés - alors il est très important que ce soit signalé immédiatement à l’école et que ce soit signalé à la police, car cela relève du droit pénal.” Dans ces cas de violence, “il faut une réponse immédiate. La direction de l’école doit bien entendu prendre clairement position dans les situations plus graves, rappeler la tolérance zéro ne suffit pas, il faut rappeler à la communauté scolaire les valeurs de respect et de tolérance, afin de la rassurer”.