
Des applaudissements sur les rails du tramway, des gens qui crient ou filment avec leurs smartphones, des automobilistes qui doivent faire preuve de patience, et une patrouille de police qui arrive vivement, sort de sa voiture et sépare les bagarreurs, immobilise quelqu’un et repousse les badauds qui s’approchent trop et veulent intervenir.
Tout cela est visible dans deux courtes vidéos que RTL a reçues par courriel dimanche. Ce sont des vidéos filmées avec un téléphone portable montrant des extraits des événements survenus samedi soir dernier sur l’Avenue de la Liberté, non loin de la gare. Elles ont été transmises à RTL par Mme Crisalida S., qui avait appelé la rédaction pour protester avec véhémence contre les agissements de la police. Mère de l’un des deux protagonistes de la bagarre, elle estime que son fils, D., a été traité injustement. Il a été arrêté et emmené par la police, alors que selon elle ce serait en réalité l’autre, M., celui en chemise blanche que l’on voit dans la vidéo, qui a provoqué la rixe. Il a pris la fuite, et Mme S. a ensuite été convoquée au commissariat de Bonnevoie pour récupérer son fils D. Tous deux, M. et D., étaient âgés de 17 ans et donc mineurs.
L’incident s’inscrit également dans un contexte particulier, a expliqué Crisalida S. à RTL ce lundi soir : les deux jeunes n’étaient pas amis, mais ils avaient des proches en commun, jouaient souvent au football ensemble et se retrouvaient régulièrement aux mêmes endroits, par exemple le week-end dans les fast-foods bien connus du quartier Gare à la capitale. Quelques jours avant l’incident, selon la mère de D., M. aurait tenu des propos injurieux à l’encontre de son fils pendant un match de football. D. a nié ces faits et a affirmé qu’il ne voulait pas se battre, d’après la version de sa mère recueillie par RTL.
Samedi, comme le montrent les vidéos, une dispute a éclaté. D. était avec des collègues dans un fast-food près de la gare lorsque M. l’a abordé et lui a proposé d’aller discuter dehors. D. a accepté, mais au lieu de parler, M. l’a insulté et lui a donné un coup de poing au visage. D. s’est alors défendu.
Il semble que ce soit précisément le genre de calomnies que l’on retrouve dans les enregistrements. Par souci de protection de la jeunesse, RTL a décidé de ne pas divulguer les noms complets et de ne publier que des captures d’écran floutées, et non les vidéos intégrales. Le début de la bagarre est absent des enregistrements fournis à RTL. On peut toutefois constater qu’au départ, M., vêtu de blanc, prend l’ascendant, puis D., vêtu de noir. Il est donc difficile de déterminer qui est l’agresseur, cela dépend du moment où l’on regarde la scène.
Alors qu’ils traversent les voies du tramway au milieu de la rue, quelqu’un crie en français de l’extérieur qu’il faut s’écarter, une voiture arrive ; à cet instant, la foule se précipite, formant un amas, puis une patrouille de police arrive. Le premier policier écarte la foule, puis semble tomber au sol avec D. Son collègue, témoin de la scène, accourt aussitôt à son secours, et les deux policiers se tournent vers D., alors que M. en profite pour se frayer un chemin à travers la foule.
Ce sont ces scènes que la mère de D. n’apprécie pas. Crisalida S. accuse la police d’avoir immobilisé son fils en lui mettant les genoux au sol, tandis que l’autre pouvait courir. Selon elle, il s’agissait d’une méthode disproportionnée pour maîtriser son fils, raison pour laquelle elle compte porter plainte contre M. et contre la police dans les prochains jours. Pour l’instant (lundi soir), elle ignore si l’autre jeune homme a également été contacté par les autorités. Convoquée au commissariat samedi, elle s’est emportée lorsqu’on lui a envoyé les vidéos le lendemain. Furieuse, elle a contacté RTL car, en voyant les images, elle a eu le sentiment que son fils avait été traité injustement et avec une violence injustifiée par la police, alors que l’autre jeune homme n’avait subi aucune conséquence. Son fils n’était ni ivre, ni n’a opposé de résistance à la police. Il avait les genoux écorchés, la lèvre enflée et des courbatures. C’est pourquoi ils se sont rendus à l’hôpital lundi. D. est de constitution mince et d’un naturel très calme.
RTL a également contacté la police lundi et lui a présenté les images de vidéosurveillance. Celle-ci a confirmé un déploiement samedi soir sur l’Avenue de la Liberté : “Les agents patrouillaient rue de Strasbourg au moment de l’altercation, peu après 22 hle 27 décembre 2025, lorsque des passants les ont alertés d’une altercation avenue de la Liberté. La patrouille s’est alors rendue sur place et a tenté de séparer les deux individus. L’un d’eux a été maîtrisé, l’autre a pris la fuite.”
Cependant, le travail des policiers n’était pas terminé, car : “Dans le cadre des mesures complémentaires prises par les agents, plusieurs personnes ont dû être tenues à distance par l’un des deux policiers car elles n’obéissaient pas aux instructions et tentaient de perturber l’intervention. Lorsque des renforts sont arrivés peu après (ce qui n’est plus visible sur la vidéo), deux des personnes qui continuaient à tenter de perturber les mesures ont fait l’objet d’une fouille.”
La version de la mère, selon laquelle son fils, impliqué dans la dispute, aurait été emmené par les policiers, semble plausible au vu du rapport de police : “Le mineur impliqué dans l’altercation a été conduit au poste de police, ses parents ont été informés et un rapport de protection de la jeunesse a été établi.”
Dans sa réponse à RTL, la police précise également ce qui est primordial pour elle dans ce genre de situation : “Il convient de dire que, dans ce type d’incident, la priorité de la police est toujours de calmer la situation sur place, de séparer les personnes impliquées et de rétablir l’ordre public. Bien entendu, les agents doivent veiller à leur propre sécurité et à celle des autres personnes présentes. “
Les vidéos montrent clairement que la situation sur l’Avenue de la Liberté aurait pu dégénérer rapidement. On y voit une foule de gens rassemblés, certains filmant, d’autres criant, par excitation, par peur – difficile à dire. Mais les deux policiers, premiers arrivés sur les lieux, sont manifestement en sous-effectif et, comme la police le reconnaît elle-même, doivent s’attendre à d’éventuelles complications.
L’incident de l’Avenue de la Liberté n’est pas un cas isolé. Des vidéos circulent régulièrement sur les réseaux sociaux ou sont montrées aux rédactions des médias locaux, montrant par exemple des personnes se disputant le soir dans le quartier de la Gare ou se livrant à des émeutes sur une terrasse place de Paris.
Les vidéos de l’incident récent soulèvent également la question de savoir s’il est permis de filmer la police. Là encore, leur réponse est claire : « De manière générale, un policier en service, identifiable comme tel par son uniforme, peut être filmé dans un lieu public. »« En règle générale, un policier en service [...] peut être filmé dans un lieu accessible au public. »
Le rôle exact des images filmées au niveau de l’Avenue de la Liberté reste à étudier. Elles peuvent être à la fois révélatrices et déconcertantes. Et, comme souvent, elles ne montrent pas tout…