
Comme dans beaucoup d’autres communes, il existe à Walferdange un certain nombre de résidences à appartements en construction dont les chantiers progressent très lentement ou sont à l’arrêt. Dans ce cas, il s’agit de trois blocs d’environ 60 unités, dont certaines accusent un retard de trois ans sur la date convenue pour la remise des clés. Il arrive dans pareille situation qu’un propriétaire impatient, ou quelqu’un qui n’est pas en mesure de payer un prêt à loyer, emménage dans un appartement pas encore achevé. La mairie de Walferdange a mis son véto à cette manière de procéder. Tant que les appartements ne sont pas achevés, personne n’est officiellement autorisé à y habiter, a-t-elle précisé dans un courrier adressé à un promoteur.
Pour le Premier ministre, le secteur de la construction n’est plus en crise. Mais allez dire cela aux propriétaires qui attendent depuis trois ans de pouvoir jouir de leur bien immobilier à Walferdange. Un tel retard importune certainement moins un promoteur qu’un particulier qui doit payer un prêt à loyer, parce qu’il attend les clés de son appartement depuis une éternité. Deux d’entre eux en ont eu assez et ont emménagé dans leur appartement, même s’il n’était pas encore terminé. Et ils se sont courageusement rendus à la mairie pour s’inscrire. Pour le moment, ils restent les deux seuls résidents officiellement enregistrés. En effet, la mairie a été appelée sur le chantier et ce que ses services y ont vu comme travaux inachevés était tout sauf des broutilles, selon François Sauber, le bourgmestre de Walferdange.
Il s’agit de choses plus graves. Les services communaux qui se sont rendus sur place, ont constaté que “les garde-fous manquaient par endroits, qu’il n’y avait ni extincteurs ni détecteurs de fumée et que l’accès au garage souterrain était limité ou inexistant”. Le bourgmestre ne pouvait donc “pas prendre la responsabilité de laisser des gens vivre là, c’est tout simplement trop dangereux”. C’est pourquoi un courrier a été envoyé au promoteur pour l’informer qu’aucun autre résident ne serait inscrit dans les registres de la commune avant que tous les problèmes soient résolus, explique François Sauber.
Mais un responsable communal est-il compétent pour juger de la sécurité sur un chantier privé? En fait, il n’appartient pas à un maire de réceptionner un appartement. Et les contraintes du permis de bâtir ont été respectées. Le bourgmestre de Walferdange se justifie en citant un extrait du règlement communal, qu’il a aussi fait figurer dans le courrier adressé au promoteur:
“Le bourgmestre peut interdire l’occupation de toutes constructions constituant un danger et ordonner l’expulsion des habitants ainsi que la remise en état ou la démolition desdites constructions.”
“Si je sais en toute conscience qu’il y a là des problèmes de sécurité, je ne peux pas simplement laisser les gens s’inscrire là-bas”, souligne le maire.
Celui qui représente les propriétaires auprès du promoteur et qui surveille les travaux sur le chantier, exprime son découragement sur le chantier. Laurent Tremuth représente les investisseurs dans le dossier du chantier.
Avec les textes sur les VEFA (Vente en Etat Futur d’Achèvement) figurant dans le Code Civil, ils n’ont absolument aucune possibilité de prendre des initiatives par rapport au retard de trois ans. Pire encore: les clients se retrouvent désormais dans une situation où ils doivent payer jusqu’au dernier centime. Et maintenant, nous en sommes aux parties communes et extérieures, qui ne sont pas achevées, et il n’y a aucune garantie ni certitude quant à la destination de l’argent, ni même s’il sera utilisé à cette fin.
A la mairie, le bourgmestre indique qu’il n’a encore obtenu aucune réponse du promoteur à son courrier. Il faudra attendre après les vacances. Il faut ajouter que, dans la résidence, l’eau passe totalement par le compteur du chantier, sans filtre pour l’eau potable, et sans que l’on sache qui a consommé quoi. Pour le maire, c’est une autre raison pour laquelle personne n’est autorisé à s’inscrire à cette adresse pour le moment.