Tabou au LuxembourgDe plus en plus de jeunes confrontés à des troubles de santé mentale

RTL Infos
Alors qu'un jeune sur cinq dans le monde souffre de troubles mentaux et que la jeunesse luxembourgeoise affiche des taux alarmants de dépression et d'idées suicidaires, les experts appellent à une action immédiate pour faire face à cette crise croissante.

Alors que les troubles psychiatriques chez les jeunes continuent d’augmenter, des questions se posent sur les causes sous-jacentes, les solutions potentielles et la manière de combattre les préjugés sociétaux persistants.

Les statistiques dressent un tableau inquiétant: selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un jeune sur cinq dans le monde est confronté chaque année à des problèmes de santé mentale.

Au Luxembourg, la situation est tout aussi troublante: 25% des patients recevant un traitement psychothérapeutique ont moins de 25 ans (selon le ministère de la santé, pour l’année 2024), et 14% des élèves de l’enseignement secondaire ont déclaré avoir eu des projets concrets de tentative de suicide à un moment ou à un autre (enquête HBSC, 2014).

Des données récentes mettent en évidence la gravité du problème. La dépression touche 20,8% des adolescents luxembourgeois âgés de 11 à 18 ans, selon l’enquête HBSC 2022. Les troubles anxieux sont encore plus répandus, plus d’un tiers des élèves (34,1%) présentant des symptômes légers à graves. Les filles sont touchées de manière disproportionnée, près de la moitié d’entre elles montrant des signes d’anxiété et plus d’un quart étant considérées comme présentant un risque de dépression.

Le Dr Christopher Goepel, psychiatre pour jeunes, a constaté un changement dans la démographie des patients: alors que les garçons dominaient autrefois les services psychiatriques, les filles ont “désormais rattrapé leur retard”. Les experts attribuent cette tendance, en partie, aux pressions uniques auxquelles les filles sont confrontées sur les réseaux sociaux, notamment les comparaisons constantes, les commentaires dévalorisants et la cyberintimidation.

Selon Cathy Hoffmann de LëtzMind, une initiative de l’Association luxembourgeoise des étudiants en psychologie (ALEP), la prévention doit être la première priorité pour répondre aux préoccupations des jeunes en matière de santé mentale. Cathy Hoffmann et Lara Weydert, étudiantes en psychologie, visitent des écoles secondaires dans le cadre de leur travail avec LëtzMind, afin de lutter contre la stigmatisation de la santé mentale et d’éduquer les élèves au bien-être psychologique.

Lara Weydert, qui étudie la psychologie à Trèves, explique que leur motivation provient du tabou persistant qui entoure les questions de santé mentale, malgré leur prévalence chez les jeunes. Les étudiants bénévoles pensent que leur âge relativement jeune leur permet de mieux communiquer avec les adolescents et de favoriser des discussions ouvertes qui n’auraient pas lieu avec des adultes plus âgés.

Toutefois, les étudiants soulignent que la sensibilisation ne suffit pas. Ils observent fréquemment que les adultes qui entourent les élèves - notamment les enseignants, les administrateurs scolaires et les parents - se sentent souvent mal équipés pour faire face aux problèmes de santé mentale. Ce manque de confiance peut conduire à minimiser les situations, à les mal gérer ou à les aborder sans la sensibilité nécessaire, ce qui risque d’exacerber les problèmes.

Pour tous les problèmes de la vie, le Kanner-Jugendtelefon (KJT) propose un service d’écoute et de soutien confidentiels pour les enfants et les jeunes. Le numéro de téléphone 11 6 11 1 est gratuit et anonyme.
https://www.kjt.lu/de/

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