
“Je regrette ce qui est arrivé mais je ne m’en sens pas responsable”, a déclaré Michaël Bastien, âgé de 45 ans.
Adrien Fridel, 37 ans, avait été retrouvé le 13 janvier 2020 dans une mare de sang, au bord du canal à Nancy.
Michael Bastien n’a jamais nié avoir rencontré la victime. Les deux hommes, vivant plutôt en marge de la société, avaient convenu de procéder à “un échange de stupéfiants”, selon l’accusé.
Mis en cause en raison d’éléments de l’enquête, notamment le sang de la victime retrouvé sur ses chaussures, comme l’a pointé l’avocate générale Constance Choutet, Michaël Bastien a modifié à plusieurs reprises sa version des faits.
Il a affirmé que la victime et lui avaient “tous les deux été victimes” d’un “groupe d’individus”. “Qui sont-ils ? On ne les a jamais retrouvés”, pointe le ministère public. “Ces individus n’ont été vus par aucun témoin, aucune caméra”.
Le casier judiciaire de l’accusé compte 33 mentions, dont 15 pour violence et sept avec usage d’une arme.
“Je comprends que personne n’ait envie de pleurer sur son sort et je ne vous demande pas ça, mais une condamnation sans mesure est une forme d’erreur judiciaire”, s’est émue en défense Me Samira Boudiba, rappelant le parcours de son client, cet “invisible qui n’existe pas dans le regard des gens”, à “l’enfance terrible” et “abandonné depuis qu’il est petit par la société”.
Me Boudiba a plaidé pour une “requalification des faits, en coups mortels” car Michaël Bastien a “porté un coup au hasard”, il n’avait “pas de volonté de viser la carotide”.
Pour le père et le frère de la victime, Me Eleonore Dupleix a donné un visage à Adrien Fridel, décrit par les siens comme “sensible, doux, gentil et cultivé”, “plus bohème que marginal” mais “tombé dans la drogue dure et l’alcool après le décès de sa mère”.
Pour Me Dupleix, les excuses de l’accusé sont “creuses et ses condoléances en carton sont des insultes à la mémoire d’Adrien Fridel. Quant à sa lâcheté à ne pas reconnaître les faits, c’est une double peine pour sa famille”.