
Dissoudre un peloton militaire est “une décision grave et probablement unique dans l’histoire récente de la Défense belge”, a déclaré son chef, l’amiral Michel Hofman, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
A ses côtés, la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, a dénoncé des comportements “inacceptables”, “en aucun cas compatibles avec les valeurs de la Défense”.
Les faits, survenus dans un peloton du 4e bataillon du génie établi à Amay près de Liège (est), remontent probablement à 2021, selon les premiers éléments.
Ils font l’objet d’une double enquête, administrative et judiciaire, qui devra établir les responsabilités de chacun parmi les “quelques dizaines” de personnes impliquées, auxquelles “un silence était imposé”, selon Mme Dedonder.
Joint par l’AFP le parquet de Liège a précisé avoir ouvert une enquête en début d’année pour des soupçons de “coups et blessures”, “traitement inhumain et dégradant” et pour des infractions à la législation sur les armes.
Il y a “quatorze suspects” qui ont été ou vont être entendus par les enquêteurs, a souligné Catherine Collignon, porte-parole du parquet.
Le nombre de victimes n’a pas été estimé à ce stade.
“On est dans un cadre où auteurs, victimes et témoins se mélangent”, a souligné la ministre de la Défense.
Outre les “coups et blessures”, Mme Dedonder a parlé de “harcèlement”, avec “menaces, pressions, chantage” pour que ces agissements ne soient pas révélés.
“Ca se passait durant des formations, des entraînements”, a dit le patron de la Défense, “une ligne rouge a été franchie par certains”.
Des militaires ont déjà été “écartés”, d’autres “mutés”, mais les mesures disciplinaires définitives dépendront de l’avancement des enquêtes.
La Belgique fait partie de l’Otan et ses soldats sont régulièrement déployés dans d’autres pays membres. Le 4e bataillon du génie d’Amay a récemment été engagé plusieurs mois dans une mission d’entraînement en Roumanie, selon sa page Facebook.
Fin février, le parquet fédéral belge avait annoncé l’ouverture d’une enquête par la police norvégienne à la suite d’une violente bagarre aux abords d’un café à Andalsnes en Norvège, impliquant quatre soldats belges issus d’un bataillon de commandos.
Jeudi, Mme Dedonder a appelé tous les soldats belges, notamment les jeunes recrues, à signaler tout comportement problématique dont ils seraient les témoins au sein de l’armée.
A propos des abus au bataillon d’Amay, elle a expliqué avoir sollicité une enquête interne après avoir elle-même été prévenue de la situation, en novembre 2023, par un mail envoyé par un proche d’une victime.