
“Aujourd’hui, les travailleurs français exercent au Luxembourg, y payent leurs impôts, mais en échange, le Luxembourg ne rétrocède rien à la France. Le modèle de co-développement mis en place entre les deux États est aujourd’hui obsolète, inéquitable et injuste.” Tel est le constat formulé par un nouveau collectif de plus de 80 élus lorrains, et rendu public ce vendredi 8 mars 2024. La conclusion : “revendiquer une compensation financière de la part du Luxembourg envers la France et ses collectivités.”
Depuis des années, la question de la rétrocession fiscale entre le Luxembourg et la France et les pics venus de l’autre côté des frontières (y compris allemande) refont régulièrement surface. Il y a un an, plusieurs élus lorrains et allemands avaient signé une tribune pour réclamer une “compensation fiscale pérenne” du Luxembourg à ses voisins. Une somme allant jusqu’à 375 millions d’euros par an avait été avancé. Une députée de la circonscription de Longwy, Martine Étienne, avait taclé le Luxembourg à la fin de l’année 2022: “les collectivités locales frontalières ne reçoivent rien, se paupérisent et risquent de devenir des cités dortoirs désertées par les services publics”.Xavier Bettel, lorsqu’il était encore Premier Ministre au Luxembourg, avait plusieurs fois balayé cette possibilité. En 2019, à Nancy, il avait usé de la formule pour se faire comprendre : “Même si c’est la Saint-Nicolas, je ne suis pas venu pour signer des chèques!”. On se souvient de sa célèbre phrase, prononcée en marge de la visite d’État du Grand-Duc en France, en mars 2018: “Je n’ai pas envie de payer la décoration de Noël d’un maire”.
Alors que le gouvernement luxembourgeois a changé de tête, avec Luc Frieden élu Premier Ministre en octobre dernier, les élus lorrains ont donc décidé de revenir à la charge et en force. Pour appuyer leurs revendications, ils prennent pour exemple le modèle entre la France et le canton de Genève, en Suisse, “qui fonctionne depuis 51 ans”, peut-on lire dans leur communiqué de presse, rédigé justement par la députée Martine Etienne. “Si le Luxembourg adoptait la même convention que celle qui lie la France à Genève, il devrait reverser 3,5% des salaires bruts des frontaliers aux communes frontalières, ce qui représenterait 185 millions d’euros par an aux communes.”
Selon le collectif, les prix de l’immobilier en Lorraine “se sont envolés” du fait de la proximité avec le Luxembourg et les communes de la région proche “deviennent des zones dortoirs sans dynamique économique”. Ces élus lorrains comptent ainsi faire pression sur le gouvernement français, afin que des négociations soient entamées avec le Luxembourg. “Depuis 2018, Genève a reversé plus de 1,5 milliards d’euros aux collectivités frontalières malgré un budget deux fois inférieur à celui du Luxembourg. C’est donc possible. Il ne manque que la volonté politique” estiment-ils.