Quatre jours après la disparition d’Emile, deux ans et demi, dans un minuscule hameau des Alpes-de-Haute-Provence, l’enquête de terrain est désormais terminée. Accident, homicide, enlèvement? “Toutes les hypothèses” restent étudiées par le parquet qui “ne s’interdit rien”.
Mais ces recherches sur le terrain réalisées par de vrais enquêteurs ont parfois été perturbées par des voyants et médiums, alimentant les réseaux sociaux de leurs pseudo-divinations réalisées en live, sur place.
“Mimi? Mimi? Je l’entends! Là, il a gémi!” : dimanche dernier, ce live réalisé sur TikTok a été visionné par des centaines de personnes. Des “médiums” se sont regroupés pour mener en direct leurs recherches du jeune disparu, l’un des leurs s’étant rendu sur place, et les autres “l’assistant” à distance.
“Tout au long de la vidéo, les participantes ont le ton assuré. Elles assurent pouvoir sentir sa présence, savoir qu’il a soif ou qu’il s’est endormi. Tour à tour, les personnes assurent sentir ce qu’il se passe”, jusqu’à en avoir “mal”, rapporte ainsi BFM TV. Cette femme ira jusqu’à déranger un militaire en pleine recherche.
BFM cite une autre vidéo vue sur Facebook, où une certaine Michèle - “médium écrivain spirit” - affirme que l’enfant est dans le coma et sera retrouvé “demain”, puis précise que “le temps n’existe pas et demain peut aller jusqu’à trois jours”.
L’intervention de ces “médiums”, voyants, marabouts, mages et autres gens qui se disent dotés de pouvoirs surnaturels a suscité des critiques, de nombreux internautes les traitant de charlatans et les suppliant d’arrêter de déranger le bon déroulement de l’enquête.
Des médiums du net qui sont une plaie pour les enquêteurs : “Avec internet, les gens ont une audience qu’ils n’avaient pas avant”, déplore Jacques Dallest, ancien procureur et juge d’instruction, cité par BFM TV. Or, il l’assure, ces témoignages “n’ont jamais rien donné” dans les recherches de personnes disparues.
Cependant, il arrive que les témoignages de ces médiums soient pris en compte lors d’enquêtes, notamment par les gendarmes, qui par précaution n’écartent pas ces témoignages qui pourraient mener à une piste réelle cachée sous la couverture du paranormal. Mais cette “collaboration” a un effet pervers: elle crédibilise des charlatans qui peuvent ensuite clamer qu’ils “travaillent avec la police” et surfer sur ce buzz.
Un problème qui ne risque pas de disparaitre de sitôt. Une étude de l’Ifop menée en 2020 a révélé la diffusion de ces croyances en France. 58% des Français croient désormais en des pratiques sans aucun fondement scientifique comme l’astrologie ou la cartomancie.
