
Mettre d’accord les pros éoliennes et les antis semble aussi compliqué que voir les Démocrates et les Républicains se mettre au diapason outre-Atlantique. WattArdenne, elle, ne rend pas les armes.
La coopérative citoyenne née en juin 2018 bat la campagne pour montrer combien ces épouvantails géants sont utiles pour produire de l’énergie. “Il n’existe pas de système parfait. Le mix énergétique est nécessaire et l’éolien en fait partie”, rappelle en préambule Jean-Charles Magin, observateur au conseil d’administration d’une coopérative dont le siège est situé à Neufchâteau et qui regroupe 300 membres.
“On a invité des membres de la coopérative à visiter une éolienne à Fauvillers pour qu’ils se rendent compte de l’envers du décor et aussi afin qu’ils se rencontrent. Ça offre aussi un moment de convivialité. Mais on a aussi ouvert nos portes à tout le monde. Des familles aux plus curieux nous ont rejoint.”
Le “bestiau” est planté là. Dans un champ entre Bastogne et Martelange. Il a produit 17.000 mégawattheures depuis 2021, c’est-à-dire 5.000 par an, ce qui correspond plus ou moins à la consommation de 1.400 ménages.

S’ils prêchent des convaincus à travers ce genre d’initiatives, les défenseurs des éoliennes restent sous le feu nourri des critiques.
L’enlaidissement du paysage et la production de bruit sont deux des arguments que l’opposition brandit. “L’aspect paysager, on ne peut pas le nier”, avance Jean-Charles Magin. “Le bruit, par contre, c’est discutable. Surtout lorsque ça vient de gens qui habitent à proximité d’une autoroute ou d’une quatre bandes et qui n’entendent que la circulation depuis leur maison.”
Il y a bien sûr des arbitres au cœur de la mêlée. Tout gros chantier est soumis à une étude d’incidence qui tient compte non seulement des citoyens, mais aussi de la faune et de la flore. Il existe aussi des compensation en cas de projet abouti. Une finalité qui ne peut voir le jour sans permis. “Et quand on nous dit qu’un terrain perdra de sa valeur si une éolienne s’implante à proximité, on s’inscrit en faux”, poursuit Jean-Charles Magin.
La coopérative cherche à s’agrandir en accueillant des nouveaux membres afin de sensibiliser un maximum de personnes qui militent pour un circuit court dans l’esprit “je consomme ce que je produis”.
“Chacun apporte ses compétences de base et les met au service de l’intelligence collective. On fonctionne en cercle démocratique. On aimerait multiplier ce genre de journées portes ouvertes afin de sensibiliser encore davantage le public. Mais on reste des bénévoles, ce qui limite forcément notre champ d’action.”
La province de Luxembourg est en retard. Beaucoup de projets sont enterrés en raison des recours introduits. “C’est un frein qui va nous mettre en difficulté en terme de souveraineté énergétique”, ponctue ce convaincu qui montre en exemple les Pays-Bas.