
Les RestoDays débutent ce vendredi 11 octobre 2024: l'occasion de goûter de la cuisine soignée à des tarifs souvent avantageux. / © RTL Infos
Les RestoDays sont de retour du 11 au 27 octobre, pour leur 3e édition de l'année. Ils permettent aux amateurs de gastronomie de déguster des menus à tarif réduit au Luxembourg. Mais qu'en retirent les restaurateurs ?
C'est un événement quasi incontournable pour les amateurs de gastronomie au Luxembourg. La troisième édition des RestoDays 2024 (la 37e depuis sa création en 2012) est lancée depuis ce vendredi 11 octobre. Elle s'achèvera le 27 octobre. Cinquante restaurants y participent. Mercredi, à deux jours du début de l'opération, 12.600 couverts étaient déjà réservés. En juillet dernier, lors de la deuxième édition, plus de 17.000 menus "RestoDays" avaient été servis.
Le principe est simple: en mars, juillet et octobre, durant 17 jours, des restaurants proposent des menus à des tarifs réduits.
Concrètement, le menu du midi est fixé à 34€ et celui du soir à 41€. Mais les restaurants côtés au guide Gault&Millau peuvent majorer leur tarif: ceux notés 12-13/20 affichent un menu à 39€ le midi et 46€ le soir, ceux notés 14/20 un menu à 49€ le midi (3 services) et 56€ le soir (4 services) et enfin, ceux notés 15/20 minimum ou dotés d'une étoile Michelin, un menu à 58€ à midi (3 services) et 71€ le soir (4 services). Certains restaurants qui échappent à l'obligation de servir un menu en 4 services le soir servent le même menu que le midi. D'autres ajoutent un petit extra pour justifier la différence de prix.
L'événement est désormais organisé par Zenchef, le logiciel de réservation pour les restaurants, qui a fusionné en début d'année avec Tablemanager. La société avait déjà absorbé les plateformes belges Formitable et Resengo quelques mois plus tôt. D'ici décembre, tous les restaurants luxembourgeois auront migré vers la nouvelle interface Zenchef. Quant au site de référencement "resto.lu", il est réduit à l'état de vitrine.
Lors de l'édition de mars, 18.300 couverts ont été servis dans les 54 restaurants participants. En moyenne, chaque édition des RestoDays permet de servir 15.000 à 20.000 couverts. Zenchef prend une commission de 4,50€ par couvert. Chaque restaurant peut ajuster au jour le jour le nombre de tables réservées aux RestoDays. Concrètement, un restaurant complet à une certaine date peut ouvrir de nouvelles tables au dernier moment: il s'agit parfois pour les clients d'être vigilants !
Les économies pour le clients sont difficiles à chiffrer car tout dépens des tarifs pratiqués en temps normal par un restaurant et des produits qui constituent son menu RestoDays. Mais on peut estimer qu'elles sont de l'ordre de dizaines d'euros dans certains cas... et de pas grand chose dans d'autres. Ce n'est pas un secret non plus qu'un restaurant peut chercher à rattraper ces tarifs bon marché en proposant aux clients ses boissons les plus rentables.
Attirer des clients peu habitués à la haute gastronomie
Sur le papier, l'accord est gagnant - gagnant : des économies pour les clients et un moyen pour des restaurants de se faire connaître. En juillet dernier, nous nous étions rendu dans le restaurant Déjà Vu, situé à Luxembourg dans une galerie de la Grand Rue. L'opération avait fait un carton, ce qui n'a pas empêché les gérants de mettre la clé sous la porte deux mois plus tard. À ce moment-là, l'établissement battait son record de couverts lors de la première semaine (600).
"Oui il y avait beaucoup de monde lors des RestoDays mais pour qu'un restaurant tourne, il faut du monde tous les jours" a souligné le chef Bruno "Patanegra", qui affirmait avant cela "bien calculer ses coûts" et faire "la différence avec [ses] mains" pour que l'opération soit rentable.
Mais les RestoDays ne profitent pas seulement aux "petits" restaurants. Cyril Molard, le chef du restaurant Ma Langue Sourit (le seul 2 étoiles Michelin du pays), y a participé pendant des années alors que ses confrères étoilés boudaient l'événement. "On savait qu'au niveau de la rentabilité, ça allait être difficile. En revanche, ce qui était génial, c'est qu'on faisait venir des gens peu habitués aux restaurants étoilés. Même si le prix était réduit, on leur faisait plaisir à fond" raconte le chef vosgien.
Et cela a parfois eu le don de faire sauter certaines idées reçues des clients sur les restaurants gastronomiques. "On pouvait ensuite les revoir dans le restaurant. Sans ça, ils ne seraient jamais venus chez nous, j'en suis certain. Pour moi, c'était une semaine de promotion" confie Cyril Molard. Aujourd'hui, Ma Langue Sourit ne participe plus à l'événement. "On est monté en gamme avec une deuxième étoile, plus de personnel et des menus un peu plus cher. Ça ne cadrait plus avec l'événement" se justifie t-il.
"Un challenge" pour la Villa de Camille et Julien", seul étoilé
Comme en juillet dernier, La Villa de Camille et Julien, située dans le quartier Pulvermühle de Luxembourg, est encore le seul restaurant étoilé de la sélection. Ses gérants, Camille Tardif et le chef Julien Lucas, ont participé pour la première fois à l'édition de mars. "Pour nous, c'est un challenge de repenser un menu à un tarif moins élevé. Mais on est loin d'être perdant" témoigne Camille. Là encore, quasiment toutes leurs tables ont été prises d'assaut plusieurs jours à l'avance. "Ça fait du bien au moral" admet-elle.
Ce couple de Français a repris le restaurant en mars 2020, soit en pleine période covid et a dû s'accrocher pour glaner, entre-temps, son étoile Michelin. "Nous ne pouvons pas nous targuer d'être complet trois mois à l'avance. Les RestoDays nous offrent donc une belle visibilité. D'autant que le mois de juin a été très compliqué pour beaucoup de restaurateurs, vu la météo" admet Camille Tardif.
Le menu RestoDays du midi est affiché à 58€ (3 plats), celui du soir à 71€ (4 plats). On y trouve cette fois un travail sur la
Saint-Jacques, châtaigne et endive, ou sur le lièvre à la Royale façon Sénateur Couteaux (le chef julien Lucas a été champion du monde de Lièvre à la royale).
Certains plats figurent déjà à la carte. Les menus habituels (à 65€, 130€ ou 150€) peuvent toujours être dégustés aux tables restantes. "Ça nous tient à cœur de ne faire aucune différence entre les tables RestoDays et les autres" assure Camille Tardif.
Selon elle, ce genre d'événement amène aussi à repenser la haute gastronomie: "les dernières années ont vu les crises se succéder et on ne peut pas augmenter continuellement nos prix. Les clients dépensent leur argent différemment, les priorités de chacun ont changé. Les restaurants étoilés doivent aussi s'adapter." Preuve en est dernièrement en banlieue parisienne où le chef français bien connu Thierry Marx a ouvert un restaurant - Le Bouillon du Coq - où l'on peut déguster un menu complet pour... 15,60€.